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Le sel Saint Laurent, très pur, est fabriqué à partir d’une eau puisée à plus de 200 mètres de profondeur.  | Photo : O'Gleman Média / Maude Chauvin

Manger local est rendu de plus en plus facile. Le Québec regorge de producteurs passionnés qui produisent une grande variété d’aliments à longueur d’année. Pourtant, malgré tous les efforts qu’on peut faire pour garnir nos assiettes d’aliments d’ici, on doit encore se résoudre à assaisonner nos repas avec du sel provenant de l’autre côté de l’Atlantique… Et si c’était bientôt chose du passé?

par Alex Beausoleil

La pandémie a été un véritable raz-de-marée pour l’artiste visuel Manuel Bujold Richard. Un raz-de-marée qui l’a emporté loin de Montréal, où il vivait depuis près de 40 ans, jusqu’aux Grandes-Bergeronnes, sur la Côte-Nord. Dans cette contrée éloignée, qu’il n’avait jamais visitée auparavant, Manuel a réalisé un projet inusité : il a troqué ses pinceaux pour produire un sel comestible québécois. C’est en prenant un verre de vin avec un ami que l’idée lui est venue.

« On s’obstinait à savoir pourquoi il n’y avait pas de sel ici même, au Québec, explique Manuel. Pour moi, ça ne faisait aucun sens que mes amis restaurateurs couronnent leurs assiettes avec un sel d’ailleurs. »

— Une citation de  Manuel Bujold Richard, propriétaire et fondateur de Sel Saint Laurent

Le projet Sel Saint Laurent était né.

Explorer de nouveaux territoires

Depuis quelque temps déjà, l’artiste avait l’envie de changer de vie, de bousculer son quotidien. La pandémie a été une occasion unique pour mettre en place ce changement de routine important. Je voulais que mon quotidien soit moins compliqué, mais finalement c’est de la job faire du sel!, raconte Manuel, en ricanant.

L’artiste visuel Manuel Bujold Richard a réalisé un projet inusité : il a troqué ses pinceaux pour produire un sel comestible québécois.
L’artiste visuel Manuel Bujold Richard a réalisé un projet inusité : il a troqué ses pinceaux pour produire un sel comestible québécois.  | Photo : O'Gleman Média / Geneviève O'Gleman

Originaire de Maria en Gaspésie, l’entrepreneur a d’abord tenté de réaliser son projet dans sa région natale. La qualité de l’eau n’était toutefois pas assez bonne et les conditions pas assez vertes à son goût. Dans ce coin-là, ça m’aurait pris un bateau pour récolter le sel. Un bateau, ça pollue! Moi, je voulais une entreprise propre, ajoute-t-il.

Après avoir analysé de nombreuses cartes marines, il découvre le Cap-de-Bon-Désir. J’ai découvert là 20 kilomètres de littoral qui permettent le pompage d’eau depuis le bord. Et il y a la présence du courant du Labrador qui apporte une qualité d’eau exceptionnelle à la région!

Au Cap-de-Bon-Désir, Manuel Bujold Richard a découvert 20 kilomètres de littoral qui permettent le pompage d’eau depuis le bord.
Au Cap-de-Bon-Désir, Manuel Bujold Richard a découvert 20 kilomètres de littoral qui permettent le pompage d’eau depuis le bord.  | Photo : O'Gleman Média / Geneviève O'Gleman

Le goût de la nordicité

La technique de production du Sel Saint Laurent varie selon les saisons… et surtout la température! L’hiver, j’utilise notre climat nordique à notre avantage. Je fais geler l’eau du fleuve dans un réservoir et la nature fait son travail pour extraire le sel avec le froid. À l’arrivée du beau temps, le sel est extrait grâce à un procédé d’évaporation réalisé avec l’aide du soleil. Les méthodes changent ainsi selon la température, mais c’est le cas du goût du produit aussi! Notre sel d’été est plus iodé, parce qu’il y a plus de vie aquatique durant ces mois-là. Le sel d’hiver, lui, est plus minéral et n’est pas iodé du tout, explique Manuel.

À ce jour, six tonnes de Sel Saint Laurent ont été produites. L’aventure est loin d’être terminée! D’ailleurs, d’autres produits, comme du sel d’oursin, sont en cours de développement. On a déjà hâte d’y goûter!

Les flocons de sel de Manuel Bujold Richard sont vendus sur son site web(Nouvelle fenêtre) et dans plusieurs points de vente au Québec.

Le sel Saint Laurent, très pur, est fabriqué à partir d’une eau puisée à plus de 200 mètres de profondeur.  | Photo : O'Gleman Média / Maude Chauvin