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Nathalie Bonhomme a désormais le regard tourné vers le Québec. | Photo : Gracieuseté

La Montréalaise d’origine Nathalie Bonhomme n’a jamais manqué de cran. Partie de rien sans un sou en poche, cette personne fonceuse et dégourdie s’est transformée, au fil des années, en une redoutable femme d’affaires. Entre ses entreprises en Afrique du Sud, en Espagne, en France et au Québec, il n’y a qu’un fil conducteur : la passion du vin! Retour sur 30 ans de bonheur et de bonnes occasions d’affaires saisies au bond.

En 1985, âgée d’à peine 19 ans, elle quitte son Québec natal pour s’établir en Angleterre. J'ai toujours su que j’allais partir vers l’étranger, car pour moi, l’aventure, c’est l’aventure! dit-elle. Nathalie Bonhomme est encore loin de se douter qu’une carrière de productrice de vin de renommée internationale l’attend. 

Il faut dire qu’elle ne possède à ce moment aucune connaissance sur le vin. C’est à force de fréquenter de bons restaurants de la métropole britannique avec son futur mari anglais que la jeune Nathalie Bonhomme prend de plus en plus goût au vin.

Pour parfaire ses connaissances, elle s’inscrit à des cours du soir en œnologie et viticulture. Je travaillais à ce moment-là à l’ambassade de France, et le fait que je suive des cours de vin suscitait pas mal de taquineries de la part de mes collègues français, qui s’étonnaient de mon ignorance, dit-elle. Peu importe, j’ai persévéré.

En 1989, Nathalie Bonhomme et son mari s’installent au Cap, en Afrique du Sud. La nouvelle mariée de 25 ans se lance aussitôt en affaires en mettant sur pied un service de traiteur. Et qui dit gastronomie dit vin. L’entrepreneuse se lance à la découverte du vignoble sud-africain et y flaire une extraordinaire occasion d’affaires. Pourquoi n’importerait-elle pas des vins sud-africains au Québec?

Or, le contexte politique n’est pas idéal pour ce genre de projet, l’apartheid est toujours en vigueur, et de lourdes sanctions économiques internationales pèsent toujours sur le pays africain.

Conséquence : l’exportation est laborieuse, voire impossible. Mais ce n’est rien pour décourager Nathalie Bonhomme, qui attend patiemment que les astres s’alignent. Quand ça a été le bon moment, j’ai commencé à faire entrer des vins sud-africains au Québec, raconte-t-elle. Et ça a marché!

Son succès lui donne des ailes, et Nathalie Bonhomme décide désormais de tout miser sur le vin. Sa prochaine destination : l’Espagne.

Révéler les vins espagnols au public d’ici

En 1991, Nathalie Bonhomme et son mari décident de rentrer en Europe au chevet d’un parent malade. Ils élisent domicile à Alicante, en Espagne.

Nathalie Bonhomme se met à cogner aux portes des vignobles espagnols avec l’intention de poursuivre son projet d’importation de vins au Québec. Le vignoble espagnol est sur le point de prendre sa place au soleil sur l’échiquier mondial. Encore une fois, Nathalie Bonhomme arrive au bon endroit au bon moment.

Les vins espagnols étaient méconnus à l'extérieur du pays et ils avaient besoin de lumière. Moi, je suis entrée là-dedans, se souvient Mme Bonhomme. [J’étais] canadienne, grande et blonde, exotique, [je ne parlais] pas un mot d’espagnol, les vignerons me laissaient entrer chez eux et partageaient volontiers leurs vins avec moi. C’est incroyable comme on réussissait à communiquer malgré nos différences.

Les Québécoises et les Québécois sont charmés par ces vins d’Espagne qui, selon Nathalie Bonhomme, présentent un rapport qualité-prix imbattable. Les vins espagnols sont gourmands, souples, rêveurs, bref, à l'image des gens de la Méditerranée. Ce sont des vins d’émotions qui ont tout pour plaire, souligne la femme d’affaires.

Après les vins sud-africains, les vins espagnols sont un tremplin formidable pour elle, qui estime qu’en 2021, elle a contribué à importer pas moins de 14 % des vins espagnols qu’on trouve présentement à la Société des alcools du Québec (SAQ). J’ai aussi fait entrer les vins d’Espagne en Ontario et en Colombie-Britannique, et même en Suède, explique-t-elle. Une fois cela accompli, je me suis mise à rêver encore plus grand.

La naissance des vins Bonhomme

Plus le temps passe, plus Nathalie Bonhomme se rend compte qu’importer des vins ne lui suffit plus. À force de côtoyer des vignerons et des vigneronnes, elle est prise d’une envie irrésistible de se mettre à son tour les mains dedans. Fidèle à elle-même, elle fonce. En 2007, Les vins Bonhomme voient le jour. 

Grâce à ses innombrables contacts dans l’industrie espagnole du vin, Nathalie Bonhomme réussit à mettre la main sur des raisins venant des plus belles parcelles au pays. Elle vinifie ensuite ses cuvées chez un collègue producteur. 

Rapidement, le projet des vins Bonhomme prend de l’ampleur : Au début, c’était tout petit et très artisanal, et on a gardé cet esprit-là malgré la croissance qu’on a connue, fait savoir Mme Bonhomme. Son principal marché est le Québec, mais également le reste du Canada. Ses vins sont aussi exportés en Suède, en Angleterre et en Corée du Sud.

« Avec mes vins, ce que j’essaie d’exprimer, c’est l'honnêteté! Je préconise une approche qui est le plus bio et santé possible, des vins droits et sans chichi. »

— Une citation de  Nathalie Bonhomme, productrice de vin

Partager sa vie entre la France, l’Espagne et le Québec

Pendant que la production espagnole de Nathalie Bonhomme roule à fond de train, la principale intéressée fait encore de nouveaux plans. Avec son nouveau mari, elle s’est offert un petit vignoble à échelle humaine en Provence, le Domaine du Tix, un bijou de petit jardin et des vignes parfaites, le paradis dont [elle a] toujours rêvé. Au même moment, Nathalie Bonhomme s’active en coulisse pour préparer un éventuel retour à temps partiel au Québec.

« Je ne peux pas croire tout ce qui m’est arrivé depuis mon départ de Montréal. J’ai compris que, du moment que tu ne fais pas les choses pour l’argent, mais par passion, toutes les conditions sont réunies pour réussir et être vraiment heureux! »

— Une citation de  Nathalie Bonhomme

La première vague de la pandémie, je l’ai passée au Québec. J’ai réalisé comme on est bien ici, comme la vie est paisible. Si j’avais 20 ans de moins et qu’il y avait 15 mois dans une année, je me lancerais dans un projet de vignoble au Québec. C’est vraiment épatant ce qui se passe en ce moment, tout l’engouement autour du vin québécois, dit Nathalie Bonhomme. 

La femme d’affaires s’intéresse au potentiel des vins embouteillés au Québec. Je veux importer du vin bio en vrac et le mettre en bouteille ici, pour moi, c’est une question environnementale et une façon de créer des emplois ici. Je suis à la recherche active d’un partenaire d’affaires local dans cette nouvelle aventure.

Quand on lui demande quelle est sa plus grande force en affaires, Nathalie Bonhomme répond du tac au tac : Je sais ce que je veux et je sais où je veux aller. Ne reste plus qu'à voir jusqu'où ira cette entrepreneuse en série que rien ne semble arrêter.

Nathalie Bonhomme a désormais le regard tourné vers le Québec. | Photo : Gracieuseté