Le
nettoyage au large et sur les côtes
Le grand défi est d’arrêter la
pollution avant qu’elle n’atteigne le littoral. Le
Centre de documentation de recherche et d’expérimentations
sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), à Brest,
a été créé précisément
pour cela, à la suite du désastre de l’Amoco-Cadiz.
Il s’agit d’un organisme de recherche unique au monde.
Dans
un coin, des responsables portuaires en mesures d’urgence
apprennent à déplacer une petite nappe de pétrole.
À l’aide de jets d’eau, ils doivent la manœuvrer
et la récupérer.
Plus loin, des stagiaires comparent l’efficacité
de divers produits absorbants. Certains produits sont efficaces
à petite échelle, et ils peuvent parfois sauver
certains sites précieux, mais ils ne peuvent pas être
utilisés à grande échelle. Même limite
pour les petites pompes. Dans un bassin, elles arrivent à
aspirer la soupe nauséabonde, mais inutile de leur demander
la même performance dès qu’il y a un peu de
courant.
Le plus difficile est de réussir le pompage
en mer par des navires spécialisés. La plupart du
temps, ce sont les conditions météo qui limitent
l’action. Par exemple, lors du naufrage de l’Erika,
en décembre 1999, on a été incapable de pomper
le pétrole qui se déversait en surface. Bien que
les navires soient restés 15 jours en mer, ils n’ont
pu travailler que quelques heures, à cause du mauvais temps.
« Les équipements de pompage, de récupération,
de stockage et de confinement ont fait des progrès. Mais
les conditions météo en mer, malheureusement, on
ne sait pas les maîtriser. Alors ça apporte de très
fortes limitations », regrette Christophe
Rousseau, directeur-adjoint du Cedre.
Il ne faut pas oublier le nettoyage des rives. Les
régions touristiques d’Europe n’ont pas lésiné
: elles se sont équipées d’engins de ramassage,
des cribleuses. Mais encore faut-il s’assurer que tout cela
ne porte pas atteinte à l’environnement. «
Notre souci, c’est que ces techniques de lutte ne soient
pas plus dommageables à l’environnement que le pétrole
lui-même. Si, pour l'Erika par exemple, on avait un pétrole
qui n'était pas forcément très toxique pour
l'environnement, le fait qu'on ait récupéré
beaucoup de sable [a eu un impact négatif sur l’environnement].
On a eu 20 000 tonnes de pétrole à l'eau, et aujourd'hui
on est en train de traiter 240 000 ou 250 000 tonnes de matériaux
pollués », ajoute Christophe Rousseau.
Et voilà une autre conclusion frappante de
ces études : parfois, hélas! le remède est
pire que le mal. |