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50 m dos féminin
Le rêve brisé de Jennifer Carroll

 

Jennifer Carroll<br>Photo CP/ Paul Chiasson
Carroll en des temps plus heureux
(Photo CP/Paul Chiasson)

27 juillet 2005 - Des heures et des heures d'entraînement, des centaines de longueurs de piscine, et hop, tout bascule en moins de 30 secondes. Le rêve brisé... par surcroît, devant la famille et les amis qui ont toujours offert un soutien indéfectible pendant des années.

C'est exactement ce que Jennifer Carroll a vécu mercredi matin à la piscine de l'île Sainte-Hélène. Ce qui devait être une formalité a tourné en cauchemar. Élimination en préliminaires au 50 m dos, son épreuve fétiche.

Un décevant chrono de 29,55 s (18e place), soit 38 centièmes plus lent que sa meilleure performance de l'année réussie lors des essais canadiens en mai dernier. Et neuf dixièmes de plus que son fameux 28,65 s qui lui avait fait rater la médaille de bronze aux mondiaux de Barcelone par un maigre trois centièmes.

Quel lamentable moment pour connaître une mauvaise journée! Et Dieu sait que Carroll ne l'a pas choisi.

Mais voilà, mercredi matin, le corps n'a pas suivi... ou la tête peut-être, allez savoir! Aurait-elle mal évalué ses adversaires, dix d'entre elles ont enregistré un chrono plus rapide sur la distance cette année? Même la nageuse de Trois-Rivières ne pouvait s'expliquer ce qui s'était passé.

Complètement démolie, elle a dû tourner le dos aux journalistes à deux reprises avant de se ressaisir tant bien que mal.

« Je ne sais pas ce qui n'a pas été. Peut-être que mon entraîneur le sait, peut-être que l'eau le sait, peut-être que le couloir 6 le sait, mais moi, je ne le sais pas encore », a-t-elle déclaré la voix chevrotante.

Pourtant, depuis des mois, elle se sent bien. Au mois de mai, lors des essais canadiens, elle avouait être plus heureuse que jamais.

« J'ai eu mes meilleures semaines d'entraînement récemment. Je me sentais légère sur l'eau. Je me sentais comme si je volais. Je me sentais comme un papillon sur le dos, peut-être que ça aurait mieux été au 50 m papillon, a-t-elle lancé mi-figue mi-raisin.

Prendre son courage à deux mains

Jennifer Carroll

Mais le chrono ne ment pas. Ce chrono contre lequel les athlètes se battent sans cesse. Évidemment, après avoir été au bout d'elle-même, Carroll ne s'attendait pas à voir un 29,55 s'afficher sur le tableau indicateur. Une déception telle, que la Québécoise n'était même pas certaine d'avoir le courage de regarder les demi-finales en soirée.

Malgré la tristesse et la désolation, Carroll a pourtant fait face à la musique, contrairement à Rick Say qui a fui les médias après son humiliante 41e place au 100 m libre. L'ancienne championne du monde du 50 m dos en petit bassin (2002) a pris à deux mains le petit peu de courage qu'il lui restait, jusqu'à ce qu'elle peine à refouler ses sanglots.

« Je n'ai pas été à la hauteur de ce que je suis capable de faire. J'aimerais juste remercier tous ceux qui étaient là aujourd'hui, peut-être aurais-je été moins vite s'ils n'avaient pas été là? Il y a une chose que je vais retenir aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas plus belle chose que de se faire aimer par le public, par les médias, par ceux qui étaient dans les estrades, les bénévoles. Je ne suis peut-être pas en finale, mais je me suis sentie aimée. Je vous remercie énormément pour ça. »

Aïe! Même les journalistes avaient un petit pincement au coeur. Que les athlètes sont durs avec eux-mêmes! Certes, ils sont habitués de souffrir, mais ils font preuve d'un courage, d'une ténacité dont peu d'entre-nous peuvent se vanter.

Oui, la journée de Carroll n'a pas tourné comme prévu, mais la semaine prochaine encore, la nageuse se lèvera aux petites heures du matin pour enfiler les longueurs.

Il est peut-être encore trop tôt pour que Carroll le réalise, mais après tous les efforts et le temps investis, c'est déjà un exploit en soi de nager aux championnats du monde devant les siens. Et juste pour ça, elle a de quoi être fière parce qu'il y en a plusieurs qui auraient souhaité être à sa place.