À la recherche du
coupable
(première partie)
es chercheurs ont d·abord étudié ce qui endommageait
les cellules du cerveau. Ils ont découvert que les cellules
qui mourraient étaient remplacées par des taches
denses appelées " plaques ". Dans ces plaques,
ils ont noté la présence d·une protéine,
la bêta-amyloïde, qui réagit avec la membrane
des neurones. Cette réaction libère des radicaux
libres qui détruisent des neurones. Les scientifiques ont
alors privilégié les recherches sur la protéine
bêta-amyloïde, croyant qu·elle détenait
la clé du problème.
Mais Judes Poirier, chercheur de l'Université
McGill, croit que la recherche a fait fausse route. La maladie
d'Alzheimer pourrait être due à un problème
de cholestérol. Pas le bon et le mauvais cholestérol
dont on parle constamment, ni celui qui circule dans le sang et
qui peut causer des maladies cardiovasculaires.
Non, le type de cholestérol
qui a attiré l'attention du Dr Judes Poirier est celui
qui se loge dans le cerveau et qui est essentiel à sa régénération.
« Quand on parle de cholestérol
dans le cerveau, c'est vraiment le cholestérol qui constitue
la fibre même, la texture du cerveau. C'est l'ensemble de
ce qui constitue les branchements, les connections à l'intérieur
du cerveau. »
Lorsque les cellules du cerveau commencent à
mourir, elles laissent naturellement derrière elles des
débris gorgés de cholestérol. Une cellule
nourricière récupère ces résidus,
qui sont redistribués par une protéine vers les
neurones voisins. Elle y sera utilisée pour construire
de nouveaux branchements entre les neurones toujours existants
pour permettre à l’information de circuler.
Lorsque le recyclage ou le transport de cholestérol
est insuffisant à la reconstruction de branchements cellulaires,
le cerveau doit en produire du nouveau. Il semble que ce mécanisme
de compensation serait défectueux chez les patients atteints
de la maladie d'Alzheimer. « Lorsque le
vieillissement continue inexorablement à détruire
les cellules, le mécanisme de compensation devient important.
Vers l'âge de 50 ans, ça fait déjà
presque 3 décennies qu'on perd des cellules, il devient
alors crucial d'avoir accès à un maximum de cholestérol »,
explique le Dr Poirier.
L'équipe de Judes Poirier a étudié
les cerveaux de plusieurs patients atteints de l’Alzheimer,
et tous présentaient cette anomalie. Ces résultats
suggèrent que cette mutation pourrait être une des
causes de la maladie. Reste à voir comment on peut soigner
les gens qui ont cette prédisposition génétique.
Reportage
« Alzheimer et cholestérol »
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