HOMÉLIE DU 13 FéVRIER 2011
6e dimanche du temps ordinaire « A »

Messe de la Communauté Catholique congolaise de Montréal

ÉGLISE NOTRE-DAME-DES-ANGES
Montréal

Président de l'assemblée :
Jean-Chrysostome Zoloshi, curé

Homéliste :
Jean-Louis Nvougbia

 

Textes de la liturgie :
Livre de Ben Sirac le Sage ( Si 15, 15-20)
Évangile selon saint Matthieu (Mt 5, 17-37)

Chemin du bonheur

L'extrait de l'évangile d'aujourd'hui fait partie d'un grand ensemble qu'on appelle le sermon sur la montagne, qui est considéré comme un condensé des paroles de Jésus qui tracent le chemin à suivre pour avoir une vie heureuse. Les paroles de Jésus, ses faits et gestes, toute sa vie même, fondés sur les Écritures, nous sont proposés comme un code de la route, pour nous aider à habiter pleinement en Église et en société, et profiter pleinement de la vie que Dieu nous donne.

Cet extrait de l'Évangile me rappelle un des faits qui m'ont marqués, lors de mon arrivée à Montréal en 1994. Sur mon parcours, de l'aéroport de Mirabel au grand séminaire de Montréal, j'ai été impressionné par le code de la route et le respect de celui-ci par les automobilistes. Plus tard, j'ai été impressionné par l'organisation et la structure de ma société d'accueil. Venant d'un pays où il n'existe presque pas de signalisation et où un chauffeur, par exemple, peut s'engager sur une voie interdite sans être inquiété, je n'en revenais pas de voir comment la vie était franchement organisée et plus facile à vivre ici, puisque les codes étaient bien définis et respectés! Prendre la route me semblait quelque chose de facile, d'agréable, et de presque magique! J'ai pris conscience à quel point le respect des codes établis contribue au fonctionnement et protège les vies. Quand on choisit de respecter la signalisation routière par exemple, la route devient un chemin de vie qui nous guide vers notre bien.

Il me semble que les textes bibliques d'aujourd'hui se présentent à nous comme un code de la route qui, avec des indications à suivre,  mène à une vie épanouissante. Le contenu de ces textes nous indique la direction à prendre, cette orientation qui nous a été offerte à notre baptême, lorsque nous sommes entrés dans la famille de Jésus. Notre plongée dans la vie de Dieu a été un « oui » dit au Seigneur et à sa proposition d'une vie heureuse qu'il nous offre gratuitement.

Dans notre vie à toutes et tous, la marche sur le chemin du bonheur doit se traduire par nos actions et nos réalisations, comme individus et comme communauté chrétienne. C'est à travers le partage de nos ressources et de notre héritage que nos actions refléteront notre « oui » à suivre les paroles du Christ, sur la route du bonheur.

Comme baptisés, nous faisons partie de la grande famille qu'est l'Église. Vivant à Montréal, nous savons que notre Église diocésaine nous propose des orientations et des projets particuliers qui balisent nos actions pastorales. En nous engageant fermement sur la route de ces orientations et sur les priorités pastorales, dont celle de l'éducation à la foi, nous ferons rejaillir la vie dans notre milieu; cette vie sera le gage du bonheur pour tous. Par exemple, un parent qui inscrit son enfant à un groupe paroissial des jeunes ouvre un espace de bonheur en contribuant à la valorisation et à l'éducation chrétienne de l'enfant, à la fierté et au cheminement de foi de la famille, à la vitalité de la communauté, etc.

Notre Église diocésaine est une Église aux mille visages. Elle est un espace où il fait bon vivre pour tous. Elle veut s'enrichir de la diversité de ses membres que nous sommes, en laissant à chacun la place de créer et d'initier de la nouveauté en se basant sur les codes de Jésus et l'Église. En empruntant ce chemin de vie ouvert par notre Église diocésaine, nous nous inscrirons comme acteurs du bonheur dans notre milieu et dans notre quotidien.

C'est dans ce cadre que s'inscrivent nos engagements dans notre communauté catholique congolaise de Montréal, comme d'ailleurs cela devrait se faire dans toute communauté chrétienne. Le choix de la vie consiste à faire naître d'autres vies, à être des courroies de transmission pour les générations à venir, afin de préparer la relève pour continuer la mission de Jésus.

Avant de terminer, permettez-moi de noter une coïncidence intéressante : cette messe en « rite zaïrois » coïncide avec les manifestations entourant le mois de l'histoire des noirs. Souvenons-nous que Matthieu Dacosta, compagnon et interprète noir de Samuel de Champlain, et Marie-Joseph Angélique, esclave noire, qui étaient originaires de l'ancien Royaume du Congo, ont contribué à bâtir ce pays et à en faire un espace où il fait bon vivre pour tous. Ils nous ont transmis un héritage que nous devons à notre tour léguer aux générations futures.

Chers amis, le contenu des textes que nous venons d'entendre, en ce dimanche, nous propose des pistes importantes qui nous mèneront à choisir le bonheur. Pour cela, il nous faut nous rappeler que notre « oui » au message du Christ doit refléter notre identité profonde de baptisés. 

Que cette célébration nous aide à comprendre le message de Jésus et à accueillir la beauté du chemin d'espérance qu'il a ouvert à chacune et à chacun de nous, et à toute notre communauté.

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