HOMÉLIE DU 6 FéVRIER 2011
5e dimanche du temps ordinaire « A »

Journée mondiale du malade (11 février)

ÉGLISE NOTRE-DAME-DES-ANGES
Montréal

Président de l'assemblée :
Cardinal Jean-Claude Turcotte

 

Textes de la liturgie :
Livre d’Isaïe ( Is 58, 7-10)
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens, (1 Co 2, 1-5)
Évangile selon saint Matthieu (Mt 5,13-16)

Chers amis,

Nous célébrons la messe d'aujourd'hui en portant déjà notre regard sur la fête liturgique de vendredi prochain. En fêtant alors Notre-Dame de Lourdes, nous vivrons une autre Journée mondiale du malade; journée que Jean-Paul II a instituée en 1992. Il voulait ainsi sensibiliser les institutions de santé « à la nécessité d'assurer aux malades l'assistance dans les meilleures conditions »1. Il voulait aussi interpeller toute personne de bonne volonté, l'inviter à réfléchir sur sa manière de se comporter à l'égard des malades. La maladie fait partie de l'existence humaine. Un jour ou l'autre, c'est à notre tour d'y faire face. On le dit souvent: le souci que nous avons du malade témoigne de notre degré d'humanité. Le contraire est vrai. Notre indifférence à la personne malade témoigne de notre inhumanité.

Les textes bibliques que nous venons d'entendre ne parlent pas directement des malades, mais il est facile de les recevoir et de les comprendre en pensant à eux. « Vous êtes le sel de la terre, [dit Jésus]... Vous êtes la lumière du monde... que votre lumière brille devant les hommes.... » 2 Sel et lumière, on l'est quand on pense comme lui, quand on réagit et se comporte comme lui. Jésus a rencontré beaucoup de malades. Il les a laissé venir à lui, il s'est approché d'eux, il a entendu leurs appels. Il en a  beaucoup soulagés, beaucoup réconfortés, beaucoup guéris. Auprès de tous, il était porteur d'espérance.  Nous sommes sel et lumière quand nous agissons comme lui. Je pense aux aidants naturels dans les familles. Ne sont-ils pas sel et lumière dans notre monde? Je pense aux bénévoles dans les hôpitaux, les foyers de personnes âgées ou ailleurs. Ne sont-ils pas sel et lumière? Je pense à ceux et celles qui visitent les malades. Ils sont sel et lumière. Je pense à toutes les personnes qui, à un poste ou à un autre, travaillent dans les hôpitaux ou dans d'autres institutions de santé. Quand ils ne sont pas que des techniciens de la santé, quand ils se comportent avec grande humanité, quand ils accordent à tout malade le respect, l'attention et l'écoute qu'il mérite,  ils sont sel et lumière.

Le premier texte que nous avons entendu, un extrait du livre d'Isaïe, mérite, lui aussi, de retenir notre attention. « Partage ton pain avec celui qui a faim, disait Isaïe, recueille chez toi le malheureux sans abri, [...] ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l'aurore. » 3 Je crois pouvoir reprendre ces mots, sans en trahir le sens, en disant:  Partageons notre tendresse avec les personnes malades. N'hésitons pas à le faire. Ne laissons pas à eux-mêmes nos parents, nos amis malades. Ne nous contentons pas de leur donner un coup de fil de temps en temps. Approchons-nous d'eux. Allons vivre quelques moments auprès d'eux. Allons les écouter, causer avec eux. Alors, notre « lumière jaillira comme l'aurore ». Nous serons « sel » et « lumière ».   Un autre texte biblique a été proclamé et je ne veux pas le passer sous silence. Il nous a transmis quelques mots de l'apôtre Paul. Des mots que je trouve bouleversants. « Parmi vous, écrit-il aux chrétiennes et aux chrétiens de la ville de Corinthe, je n'ai rien voulu connaître d'autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. » 4 En écrivant cela, Paul pensait à sa propre faiblesse et ses propres limites. Et il se disait: Si Jésus a été semeur et donneur d'espérance et de vie à travers ses souffrances, sa passion et sa mort, je peux l'être moi aussi, si je m'unis à lui, si je vis avec lui. Car à travers ma propre faiblesse, la puissance et la bonté de Dieu peuvent se manifester. Nous rêvons d'une société parfaite, d'un monde sans douleur, sans échec, sans maladie, sans souffrance. Ce monde n'existe pas. Il n'existera pas sur terre. Les personnes handicapées, les malades, les souffrantes, ceux et celles qui agonisent nous le rappellent. Toutes ces personnes nous font voir notre humanité dans ce qu'elle a de fragile, de limité, de mortel. Elles nous forcent à voir ce que nous n'aimons pas voir et préférerions ne pas voir. Elles nous font voir que nous ne sommes pas des dieux mais des humains. Des humains pourtant capables de Dieu : capables de l'accueillir en eux et capables de vivre avec lui.

Je termine en vous transmettant quelques mots du message que le pape Benoît XVI nous a adressé à l'occasion de la Journée mondiale du malade de cette année: Si tout homme est notre frère, nous dit-il, d'autant plus celui qui est le plus faible, celui qui souffre et celui qui a besoin de soins, doivent-ils être au centre de notre attention afin qu'aucun d'eux ne se sente oublié ou marginalisé.* Qu'aucun malade, qu'aucun de nous ne se sente et ne soit oublié ou marginalisé, c'est un grand et bel idéal. Puissions-nous le faire nôtre et tendre vers lui, chaque jour, avec toute l'ardeur dont nous sommes capables. Que Dieu nous y aide.

AMEN

 
* Benoît XVI, Message pour la XIXe Journée mondiale du malade, 21 novembre 2010.

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