HOMÉLIE DU 9 JANVIER 2011
Baptême du Seigneur

ÉGLISE DE LA TRÈS-SAINTE-TRINITÉ
Rockland, Ontario

Président de l'assemblée :
Jean-François Morin

 

Textes de la liturgie :
Livre d'Isaïe (Is 42, 1-4)
Psaume 28
Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens (Ac 10, 34-38)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 3, 13-17)

Pour comprendre l'évangile que nous venons d'écouter, il nous est nécessaire d'être attentifs au langage symbolique. À travers des images et des symboles, l'évangéliste Matthieu nous met en présence d'une grande manifestation de Dieu, une révélation qui nous en apprend beaucoup sur Jésus et sur nous.

Lorsque Jésus sortit de l'eau « les cieux s'ouvrirent ». Ne prenons pas cette expression à la lettre. Pour dire que Dieu n'intervenait plus pas la voix de ses prophètes et qu'il se faisait silencieux, on disait que le ciel était fermé. C'était l'expérience des Juifs depuis plusieurs décennies. Mais maintenant, Dieu sort de son silence et entre en communication avec les humains. Un temps nouveau commence, le temps de la grande générosité de Dieu en Jésus de Nazareth.

Ensuite Jésus « vit l'Esprit descendre comme une colombe sur lui ». L'Esprit, c'est le Dieu des commencements et de la nouveauté. C'est le Dieu qui renouvelle la face de la terre et qui agit aux grands moments de l'histoire du salut. L'Esprit consacre Jésus pour qu'il puisse réaliser sa mission de Messie, d'ultime envoyé de Dieu. Que veut signifier « comme une colombe ». Vous vous rappelez la première page de la Bible où il est écrit que l'Esprit de Dieu, au début de la création, « planait au-dessus des eaux ». À cause de ce verbe « planer », les Juifs se représentaient l'Esprit comme un colombe. L'évangéliste veut nous apprendre ici qu'avec Jésus, la nouvelle création commence.

Enfin des cieux, une voix se fit entendre. C'est Dieu lui-même qui parle et il nous apprend qui est Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour ». Seul Dieu peut nous apprendre le mystère profond de Jésus et de sa mission. Jésus est plus qu'un prophète, plus qu'un sage, il est le Fils bien-aimé de Dieu le Père.

En Jésus, c'est Dieu qui guérit les malades, accueille les pécheurs, libère les opprimés. En quelques mots, Matthieu tient à ce que ses lecteurs et auditeurs sachent qui est Jésus.

Au Jourdain, Jésus a reçu le baptême de Jean le Baptiste, un baptême de conversion. Il n'avait pas besoin de ce baptême, mais il voulut se rendre solidaire des humains, prenant sur lui leur condition pécheresse. Ce baptême au Jourdain annonce son vrai baptême. Aux disciples Jacques et Jean qui lui demandent un jour de siéger avec lui dans sa gloire, Jésus leur pose cette question : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire et être baptisé du baptême dont je vais être baptisé? »

Or pour Jésus, sa mort sur la croix a été son véritable baptême, c'est-à-dire une plongée dans la mort qui purifie toute l'humanité. Il est sorti de la mort, vivant à jamais par la résurrection.

Le baptême de Jésus est donc son mystère pascal, sa mort et sa résurrection.

En ce dimanche, à la lumière du baptême de Jésus, il est bon de redécouvrir la richesse du baptême chrétien, beaucoup plus riche que celui de Jean le Baptiste.

A l'occasion de notre baptême, le ciel s'est ouvert pour nous et Dieu est venu au-devant de nous pour dire à chacun : « Tu es mon enfant : en toi je mets tout mon amour. »

Aux yeux de Dieu, nous ne sommes pas que des numéros, nous ne sommes pas perdus dans l'anonymat d'une foule. Par le baptême, chacun reçoit un nom, chacun a du prix et compte aux yeux de Dieu. Baptisés en Jésus, nous devenons les fils et les filles de Dieu et nous sommes aimés de lui. Le baptême est le sacrement qui rend visible que Dieu nous accueille dans sa grande famille. Tous les humains sont certes aimés de Dieu, mais par le baptême, son amour nous est manifesté dans le concret de notre chair par l'eau qui coule sur nous, accompagnée de la parole créatrice.

Au baptême, Dieu nous a fait renaître pour faire de nous des membres de sa grande famille dont l'Église est la réalisation visible. Le baptême confère à chacun une dignité fondamentale, celle d'enfant de Dieu, frère et soeur du Christ Jésus et temple de l'Esprit. Nous nous demandons parfois ce que la foi chrétienne nous apporte. Nous cherchons parfois à faire une liste de dons reçus et nous oublions le principal : nous sommes les enfants aimés de Dieu. Le baptême, c'est le commencement d'une vie dont nous n'avons jamais fini de découvrir, car c'est le commencement visible et reconnu de la vie même de Dieu.

Que cette célébration de l'eucharistie nourrisse en nous la vie reçue au baptême. Qu'elle soit un pas de plus vers Celui qui nous a appelés à devenir ses enfants en qui il met tout son amour.

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