HOMÉLIE DU 5 DÉCEMBRE 2010
Avent 2

ÉGLISE DE LA TRÈS-SAINTE-TRINITÉ
Rockland, Ontario

Président de l'assemblée  :
Jean-François Morin

Lectures  :
Lecture du livre d’Isaïe (Is11, 1-10)
Psaume (Ps 71, 1-2, 7-8, 12-13, 17)
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 15, 4-9)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3, 1-12

Vous les parents ou les professeurs, vous faites l’expérience que pour aider un enfant, il est bon parfois de l’encourager et de lui faire de belles promesses.  À d’autres moments, des paroles fortes et exigeantes sont nécessaires.  Selon les textes de la Bible que nous venons d’écouter, c’est cette pédagogie que Dieu emploie.  Par le prophète Isaïe, sa parole nous fait rêver à un monde nouveau et tout transformé ; par contre, dans l’Évangile, il nous interpelle rudement par la voix forte de Jean le Baptiste.

L’Évangile ne semble pas être dans le ton et l’ambiance de la préparation joyeuse de la fête de Noël.  Les propos de Jean, le prophète du désert à l’allure sévère et qui se nourrit de sauterelles et de miel sauvage, sont durs à entendre.  Il ne cherche pas à plaire, mais plutôt à éveiller les consciences et à les interpeller, car le moment est grave et il y a urgence : « Convertissez-vous, proclame-t-il, car le Royaume des cieux est tout proche. »  Se faire baptiser dans le Jourdain ne suffit pas.  Il faut plus qu’un rite.  L’heure de la conversion est arrivée  c’est-à-dire le moment de changer sa façon de vivre, de penser et d’aimer.  Le message de Jean comporte aussi une bonne nouvelle.  Il annonce la venue toute prochaine du Messie qui, lui, ne baptisera pas seulement dans l’eau, mais dans l’Esprit Saint et le feu.  Il ne faut pas attendre à demain pour se préparer à cet événement de salut tant attendu.  La hache, précise le Baptiste, est déjà à la racine de tout arbre qui ne produit pas de bons fruits.  Il n’est pas trop tard pour se retourner vers Dieu, « car des pierres que voici, dit Jean à des pharisiens et sadducéens, il peut faire surgir des enfants à Abraham ».  De ce qui nous semble mort, Dieu fait surgir la vie. Il est le Dieu de l’impossible.

À la suite des propos exigeants du Baptiste, il est encourageant d’entendre les promesses de Dieu.  Par le prophète Isaïe, il promet de faire quelque chose de grand à partir de nos misères et pauvretés, un peu comme la petite tige qui pousse sur la souche de l’arbre abattu qui cache encore des racines de vie insoupçonnée.  La vie va germer là où nous ne pouvons pas l’imaginer et elle va donner un fruit inattendu  : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David ».  Ce descendant de David sera le messie, rempli de l’Esprit du Seigneur et comblé des dons de sagesse et de force pour qu’il puisse gouverner ave justice et pour être le défenseur des pauvres et des opprimés du pays.  Ce Messie promis, c’est Jésus.  Isaïe s’adressait à ses contemporains en exil ; en ce dimanche, il s’adresse à nous, nous les chrétiens et chrétiennes qui sommes si souvent en exil, loin de Dieu.

Dans un langage imagé, le prophète entrevoit l’avenir qui nous semble presque trop beau pour être vrai  : le loup habitera avec l’agneau ; le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra; plus étonnant encore, la connaissance du Seigneur remplira le pays.  Cette promesse n’est pas un rêve, encore moins une illusion, mais bien l’annonce du grand projet de Dieu sur l’humanité qui est en train de prendre forme depuis la venue de Jésus.  Oui, Dieu est à l’œuvre dans l’Église, la société en chacun de nous de façon discrète et sans trop d’éclat.  C’est sa manière habituelle d’agir, sans s’imposer par la force et la peur.

Profitons de la saison de l’Avent pour discerner les pousses du monde nouveau qui sortent des souches des arbres abattus et que nous considérons morts.  Regardons avec attention.  Dans nos communautés et aussi en dehors, surgissent des tiges toutes délicates et pourtant riches d’avenir  : tous ces hommes et ces  femmes, souvent dans l’anonymat, qui donnent de leur temps à secourir les démunis; ces gens qui se soucient d’écologie; d’autres qui sont des artisans de paix et de réconciliation entre les personnes et les groupes.  Ouvrons les yeux pour admirer ces chrétiens et chrétiennes qui ne baissent pas les bras et qui prennent des initiatives pour exprimer l’Évangile dans des mots nouveaux et dans des gestes adaptés au monde d’aujourd’hui.

Les petites pousses de vie autour de nous ne manquent pas.  Ne les écrasons pas avec nos lourds souliers de l’indifférence et du mépris; au contraire, cultivons-les avec attention, ce sont des signes du royaume de Dieu et des chemins d’avenir pour l’Église et la société.

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