HOMÉLIE DU 25 JUILLET 2010
17e dimanche du temps ordinaire (Année « C »)

ÉGLISE SAINT-IRÉNÉE
La Malbaie, Québec

Président de l'assemblée :
Ignace Somé, vicaire

Lectures :
Genèse (18, 20-32)
Psaume 137 (138)
Lettre de saint Paul Apôtres aux Colossiens (2,12-14)
Évangile selon saint Luc (11,1-13)

Dans la première lecture, nous avons entendu le marchandage serré d'Abraham face à Dieu. Dialogue de confiance entre deux amis où nous sentons la bonne humeur de Dieu devant la générosité d'Abraham qui pense être plus soucieux de justice et de miséricorde que Dieu... De la deuxième lecture, retenons que Dieu nous a donné la vie en Jésus, en pardonnant tous nos péchés. Le pardon donne la vie... Le pardon est l'une des demandes contenues dans la prière que Jésus enseigne à ses disciples.

Seigneur, apprends-nous à prier...
La prière que Jésus nous a apprise, nous savons la réciter. Nous savons en parler; savons-nous prier pour autant?

Qui d'entre nous ne connaît pas de difficulté dans ses prières, individuelles ou communautaires? Bien souvent, nous éprouvons le vide et parfois dans nos célébrations eucharistiques, quand le silence se fait, on le perçoit comme un temps mort qui étonne ou même agace.

Prier, c'est parler avec Dieu ou lui être simplement présent. Nous aimerions parler à Dieu et les mots nous manquent. Nous aimerions lui être présents, et nous voici toujours distraits, absents de nos prières. Nous connaissons la prière de Jésus, mais peut-être ne sommes-nous pas entrés à l'école de Jésus!

Se mettre à l'école de Jésus, c'est se poser quelques questions très simples. Comment prions-nous? Quel est le contenu de nos prières? Suis-je attentif à la volonté de Dieu?

Nous sentons que les paroles reçues du Christ ne sont pas à réciter à toute allure, mais à proférer affectueusement et attentivement. Comme un enfant parle à sa mère; il n'y a pas que les paroles, il y a les gestes et l'expression du visage. Il y a de la vie parce que c'est le coeur qui s'exprime. Les mots sans le contenu ne sont que des coquilles vides.

Que nous dit Jésus dans la prière du Notre Père? Il nous révèle l'identité de Dieu et la nôtre. Et il nous dit dans quel esprit prier.

Si chacun peut appeler Dieu « Père », cela signifie que nous sommes fils et aussi frères. Prier c'est alors entrer en relation avec notre Père et avec nos frères.

Un père est une source d'amour autour de laquelle les enfants se réunissent pour étancher leur soif. Cette source, les enfants ne doivent pas se la disputer, comme si elle pouvait être le monopole d'un seul enfant. Chaque enfant est unique et est aimé d'une façon unique. Vouloir être aimé comme mon frère, c'est vouloir uniformiser l'amour du Père. Je suis aimé et je réponds à cet amour: voilà ce qui est important, voilà ce qui sauvegarde la communion de la famille.

Nous sentons que Jésus ne nous apprend pas une prière à réciter. Il nous introduit dans un esprit. En effet la prière du Notre Père nous dit ceci : vous n'êtes pas seuls, vous avez un père et vous avez la dignité de fils (de Dieu). Vous n'êtes pas seuls, vous avez des frères. Prier, c'est apprendre à regarder vers Dieu comme un fils regarde son père. C'est apprendre à regarder vers les humains non pas comme Caïn a regardé Abel, ou comme le Pharisien regardait le publicain au temple, mais comme un frère regarde son frère.

C'est pourquoi les demandes qui suivent orientent le regard de celui qui prie vers Dieu d'abord. « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne ». Que signifient ces demandes? Le nom de Dieu est saint et Dieu règne sur l'univers. C'est sûr. Mais c'est à nous, ses fils, qu'il appartient d'en témoigner aux yeux de tous. Un père sait prendre soin de sa propre réputation, mais ses fils peuvent la ternir.

Elles orientent ensuite le regard de celui qui prie vers ses frères. « Donne-nous le pain... pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés... Et ne nous soumets pas à la tentation ».

Que signifient ces demandes? Nous demandons le pain de chaque jour en nous souvenant des paroles de Jésus : « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). En clair, il n'y a pas que le corps qui a besoin d'être nourri. Nous demandons le pardon, car le pardon donne la vie, et nous sommes disposés à donner la vie aux autres par le pardon. Dans la tentation nous nous tournons vers notre père parce qu'il n'y a pas de mal en lui et il nous tend les bras pour nous tirer loin du mal.

Même quand nous fermons les yeux pour prier, le Christ nous apprend non pas à nous couper des autres, mais à les retrouver en Dieu notre père à tous. En effet, nous ne disons pas Je, mais Nous. Que l'on s'adresse à Dieu, en communauté ou seul, on reste solidaire de ses frères et sœurs présents ou absents.

Enfin, par-delà l'invitation à une prière persévérante et même importune, entendons aussi l'appel de Jésus à vérifier la qualité de nos demandes. L'oeuf que nous demandons est-il vraiment un œuf ou plutôt un scorpion? Les poissons que nous demandons ne seraient-ils pas souvent des serpents, c'est-à-dire du poison pour notre vie?

Aujourd'hui encore, et chaque jour, demandons à Jésus de nous apprendre à prier. Puisse cette eucharistie nous aider à faire le tri dans les nombreux besoins qui s'enchevêtrent dans nos prières, faire le tri pour accueillir l'Esprit du Christ et nous mettre avec joie et persévérance à son école de prière.

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