HOMÉLIE DU 11 JUILLET 2010
15e dimanche du temps ordinaire (Année « C »)

PAROISSE SAINTE-AGATHE
Sainte-Agathe-des-Monts, Québec

Président de l'assemblée :
Réal Fournelle

Livre du Deutéronome
Psaume 18
Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

 « Va, toi aussi, fais de même »

L'Évangile d'aujourd'hui nous révèle encore une facette de la pédagogie de Jésus. Alors que son visiteur joue le jeu de l'intellectuel qui veut discuter de points de la loi et confondre, si possible, son adversaire par son savoir, Jésus cherche à rejoindre l'homme qui est devant lui et à l'amener au niveau du coeur, là où se prennent des décisions de vie. Il le fait par sa parabole du Bon Samaritain qui est beaucoup plus explicite et claire que les arguments théologiques réclamés par ce docteur de la loi.

Plus claire, plus explicite et drôlement plus exigeante, car la réponse de Jésus comporte un ordre : « Va, toi aussi, fais de même ». Ce n'est sûrement pas la réponse qu'attendait cet homme et il a dû repartir en se disant que la prochaine fois il s'y prendrait autrement pour approcher ce prophète si habile à se sortir de ses pièges.

De fait, Jésus a toujours refusé de ne s'adresser qu'à l'intelligence des humains qui le suivent. Il tente plutôt de rejoindre leur coeur et de leur suggérer un code de vie en accord avec la loi d'amour de son Père. C'est « celui qui a fait preuve de bonté », dira-t-il lors de cet échange avec le docteur de la loi, qui a été « le prochain » du blessé. Comme c'est simple, mais comme c'est difficile au long des jours!

Jésus, comme le faisait Moïse, relie toutefois ses réponses, apparemment toutes simples, à la Loi de Dieu qu'il a apprise sur les genoux de sa mère, comme tous les enfants juifs. Le « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » s'est transmis générations après générations. Pour Jésus cette loi inscrite et relue par les coeurs de tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté demeure la base de la vraie charité. Elle doit demeurer la source même de la bonté. C'est en tant que créature et enfant de Dieu que nous sommes appelés à vivre en aimant les autres tout autant que nous nous aimons nous-mêmes.

Et n'allons pas croire que c'est impossible, « car cette loi que je te prescris, dit Moïse, n'est pas au-dessus de tes forces, ni hors d'atteinte... elle est tout près de toi... dans ta bouche et dans ton coeur ».

Le texte de Paul nous donne une autre réponse à la question «qui est mon prochain? » et cela est des plus rassurant. Le Christ, dit-il, « est avant tous les êtres et tout subsiste en Lui... Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total ».

Ainsi, si le Christ est au coeur de tout, il est donc assurément dans nos coeurs. Le prochain qu'il nous faut accueillir et aimer en premier, c'est donc Lui. Il est là, disponible selon notre foi, pour agir à travers nous et « faire la paix par le sang de sa croix ».

Il est, en nos coeurs, la Parole silencieuse qui agit pour accueillir, reconnaître et valoriser tout être humain que nous rencontrons. Il est ce don de vie offert à tous et chacun, qu'aucun obstacle n'arrête, que ce soit l'indifférence, la méchanceté, la violence, etc. Il est même celui qui reçoit les coups sans frémir et ne les rend pas quand nous croisons sur notre route des personnes blessées par la vie qui tentent de tout détruire autour d'elles. Il est en nous, plus que nous-mêmes. Il est cet amour fou qui peut tout supporter et changer par son regard d'amour. Mais nous l'ignorons souvent ou ne voulons pas y croire. Ce serait trop beau.

Si Dieu a voulu « tout réconcilier par lui et pour lui », voilà pourtant où est notre chance de salut : faire silence et redécouvrir le trésor, le prochain, déposé en notre coeur. Comme dit saint Paul : « il nous faut passer par lui, nous mettre à son école et écouter ses réponses ». Il nous faut prendre le temps de le rencontrer tous les jours, devenir intime avec lui, ne jamais aller vers les autres sans lui.

Alors, « faire preuve de bonté » devient une seconde nature rendue possible par notre attachement au Christ plus près de nous-mêmes que nous-mêmes.

Va et fais de même.

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