HOMÉLIE DU 6 JUIN 2010
Dimanche du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-LA-GUADELOUPE
PAROISSE NOTRE-DAME DE L'EAU VIVE
Communauté locale Notre-Dame-de-la-Guadeloupe
Gatineau, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Jean-Charles Dufour, P.H.

Lectures :
Livre de la Genèse (14, 18-20)
Ps 109 (110), 1,2,3,4
Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Évangile selon saint Luc (9, 11b-17)

Le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

« Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Par cette parole, Jésus vient nous rejoindre dans une de nos blessures les plus profondes, celle de notre vie, une vie fragile, nous le savons trop bien! La vie, nous l'avons pour un temps; elle ne cesse de filer entre nos doigts. On a beau se distraire, chercher à se le cacher, un jour elle nous échappera pour toujours.

On ne possède pas la vie, c'est bien vrai! Et Jésus nous dit : « Pour que le monde ait la vie ». Il fait tout, nous donne tout, se donne lui-même pour nous faire vivre. On le voit dans l'évangile que nous venons d'entendre.

Alors qu'il parle du règne de Dieu à une grande foule dans un endroit désert et que la journée s'achève, ses apôtres lui demandent de donner congé aux gens pour qu'ils puissent aller se procurer de la nourriture dans les villages des environs... Il leur répond : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

Imaginez leur réaction un moment! Ça n'a pas de bon sens! Ils n'ont que cinq pains et deux poissons, même pas assez pour eux! Ils avaient bien une bourse commune mais sûrement pas assez d'argent pour nourrir 5000 hommes. Vous connaissez la suite! Après l'intervention de Jésus, ils circulent dans la foule et trouvent au fond de leurs paniers une nourriture fraîche qui se renouvelle constamment jusqu'au point où ils peuvent nourrir toute la foule qui est là.

Pour la première fois, ils découvrent qu'ils sont en mesure de donner aux autres, non pas ce qu'ils ont, mais ce qu'ils reçoivent de Jésus. Peu à peu, à mesure qu'ils grandiront dans leur foi, ils comprendront de plus en plus que le pain qu'ils auront à donner, ce n'est pas leur pain à eux, mais le pain qu'ils reçoivent de Jésus.

Plus encore! Jésus leur dira : « Le pain que je donnerai, c'est ma chair ». C'est lui le vrai pain descendu du ciel, la vraie manne, l'inépuisable source qui fait vivre. Le pain qu'ils auront à donner à l'avenir, ce sera le Seigneur lui-même, avec sa Parole, avec le pain et le vin, avec son Corps livré et son sang versé pour nous faire vivre.

Après avoir nourri tout le monde, il restait 12 paniers, un pour chacun des Apôtres. Pendant toute leur vie, ils vont continuer à nourrir les foules affamées, affamées de sens, de pardon, d'amour et de tendresse. Par la suite, leurs successeurs continueront à distribuer, ce qu'ils reçoivent de Jésus.

Comme les Apôtres, nous reconnaissons nous aussi, dans notre foi, que Jésus est la vraie nourriture, le vrai pain descendu du ciel et qu'en lui, le ressuscité du matin de Pâques, nous sommes branchés sur une Source inépuisable de vie. Et Jésus, en voyant les affamés de notre monde nous confie la même mission : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Même si vous vous sentez impuissants, pauvres, inconscients, les mains vides, imprévoyants : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Vous n'avez que cinq pains et deux petits poissons; ne vous inquiétez pas, je remplirai vos paniers en abondance.

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux vers le ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples pour qu'ils les distribuent à tout le monde. » Nous sommes toujours invités à distribuer ce que nous avons reçu de Jésus.
À renouveler son souci pour les affamés de la terre;
À recréer son attention pour les personnes blessées;
À donner une nourriture qui rejoigne les coeurs;
A multiplier sa miséricorde et son pardon, sa tendresse et sa fidélité;
À marcher dans la charité, la douceur et la  patience;
À donner sa paix et sa confiance à ceux et celles qui vivent dans la confusion;
À multiplier ses dons par amour.

« Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Aujourd'hui, nous recevons un don très précieux pour notre vie et pour la vie du monde. Tantôt, en venant communier, nous serons les bénéficiaires d'une nourriture qui nous est renouvelée constamment, d'un pain qui est le Christ toujours présent, toujours vivant, avec tout ce qu'il est de douceur, de patience, d'amour et de charité, d'un pain qui vient remplir les paniers de notre coeur.

Cette nourriture, nous la recevons pour nous; mais elle est surabondante, généreuse, inépuisable source qui fait vivre. Cette nourriture, nous sommes appelés à la distribuer, à la partager aux affamés que nous rencontrons sur notre route.

Rappelons-nous que chaque enseignement, chaque eucharistie, chaque adoration, chaque témoignage, chaque geste de charité, de don et de pardon recrée mystérieusement cet événement où, un soir, deux pains et cinq poissons ont suffi pour nourrir une foule de 5000 hommes.

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