HOMÉLIE DU 25 AVRIL 2010
4e dimanche de Pâques

PAROISSE ST-ANTOINE-DE-PADOUE
Richibouctou-Village, Nouveau-Brunswick

Président de l'assemblée :
Père Robert Allain

Toutes les vocations dans l'Ancien Testament ont pour objet des missions : si Dieu appelle, c'est pour envoyer. À Abraham (Gn 12.1), à Moïse (Ex 3,10.16), à Amos (Am 7,15), à Isaïe (Is 6,9), à Jérémie (Jr 1,7), à Ezéchiel (Ex 3,1.4), il répète le même ordre : Va! La vocation est l'appel que Dieu fait entendre à l'homme qu'il s'est choisi et qu'il destine à une oeuvre particulière dans son dessein de salut et dans la destinée de son peuple.

Dans le Nouveau Testament, la vocation suppose un changement d'existence; l'appel de Dieu surprend un homme ou une femme à la tâche habituelle, au milieu des siens et l'engage vers « Le pays que je t'indiquerai ». Dans les évangiles, Jésus est celui qui multiplie les appels à le suivre; la vocation est le moyen par lequel il groupe autour de lui les Douze mais il fait entendre à d'autres qu'eux un appel analogue. « Va, vends ce que tu as, vends-le... puis, viens suis-moi .» Et toute sa prédication a quelque chose qui comporte une vocation : un appel à le suivre dans une voie nouvelle. Les premières communautés chrétiennes ont tout de suite perçu la condition chrétienne comme une vocation. La vie chrétienne est une vocation parce qu'elle est une vie dans l'Esprit. Et l'Esprit « se joint à notre esprit»  (Rom 8,16) pour nous faire entendre la Parole du Père et éveille en nous la réponse du fils ou fille bien-aimé(e) du Père.

Parce que la vocation chrétienne est née de l'Esprit et parce que l'Esprit est un seul, animant tout le Corps du Christ, il y a au sein de cette unique vocation « diversité de dons... de ministères ». Fils et filles du Dieu vivant, à l'exemple de Jésus qui « n'est pas venu pour être servi mais pour servir », nous avons une mission de service en partageant nos talents et nos richesses avec nos frères et nos soeurs. Ainsi la journée mondiale de prière pour les vocations touche tout le monde, quels que soient le rang social et le rôle à jouer dans l'Église. En cette journée où nous prions tout spécialement pour les vocations à la vie religieuse et sacerdotale, demandons aussi au Seigneur de susciter dans nos milieux des leaders qui accompagneront et dirigeront son peuple, sauront être pasteur à la manière de Jésus, être pasteur au nom de Jésus.

Nous sommes une communauté de personnes en marche à la suite de quelqu'un, Jésus le Christ, le Bon Pasteur : Image utilisée à l'époque pour dire dans un premier temps, le rapport entre les brebis et Jésus et un second entre Jésus et le Père, ce dernier impliquant aussi les brebis. « Mes brebis écoutent ma voix; moi je les connais et elles me suivent. » Voilà le signe de la relation qui existe entre le Christ et les êtres humains pour qui il a donné sa vie. Cette relation privilégiée ne nous donne pas le droit de nous installer. Être disciple de Jésus, c'est se mettre en route, aller de l'avant, consentir au changement. C'est s'aventurer « vers ce pays où je t'indiquerai ». Oui aujourd'hui encore Dieu appelle, il nous envoie toujours. Dans notre réalité quotidienne, nous sommes disciples du Christ, jour après jour nous répondons à son appel. « Mes brebis écoutent ma voix... et elles me suivent. » Jour après jour nous nous remettons en marche pour annoncer à nos frères et soeurs la Bonne Nouvelle du Salut.

Ce dimanche insiste davantage sur la vocation au ministère ordonné de diacre et de prêtre, et sur celle des femmes et des hommes qui s'engagent dans la vie religieuse. Oui, l'Église a un urgent besoin de diacres et prêtres, de personnes consacrées à son service pour aider le peuple de Dieu à vivre de son Seigneur et à annoncer avec joie sa Bonne Nouvelle! Ce dimanche nous invite à prier pour ceux et celles déjà engagés, pour que tous ces hommes et toutes ces femmes puissent continuer à témoigner de leur foi et de leur espérance, d'être des disciples « pleins de joie dans l'Esprit Saint ».

La prière pour les vocations s'adresse à Celui qui est toujours « le maître de l'impossible ». Dieu nous appelle et nous envoie aussi à interpeller certaines personnes que nous connaissons et dont nous pouvons constater les aptitudes à remplir certaines fonctions dans l'Église, interpeller ceux qui perçoivent l'appel des jeunes, plus ou moins jeunes, prêts à répondre à l'appel de Dieu. Ils acceptent qu'on leur dise, de façon personnelle : « Pourquoi pas toi ».

Au moment où nous nous mettions en route pour préparer cette eucharistie, j'ai invité Scott accompagné de ses parents à être au service de l'autel. Puis un moment donné, je lui ai dit : « Aimerais-tu cela être prêtre? » Sa réponse fut toute simple... « Oui. »

Veux-tu quand tu grandiras que je puisse te poser à nouveau la question. Sa réponse est demeurée toute simple. Oui. Puis il m'est revenu à la mémoire ce jour où mon curé m'a interpellé. Alors que j'étais enseignant, Père Georges a osé me demander « As-tu déjà songé à devenir prêtre? » Dans le silence comme le jeune homme de l'évangile je suis retourné à mes occupations professionnelles. Mais dans mon coeur, il y avait toujours cette voix qui se faisait entendre... cette parole du prophète qui en disait long de cet appel qui m'habitait depuis longtemps. « Ne crains pas... je t'ai appelé par ton nom : tu es à moi... je suis Yahvé ton Dieu... tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t'aime. Ne crains pas, car je suis avec toi. »

Sûr de cette parole, et fort de la foi au Christ j'ai finalement dit oui, sans trop comprendre où tout cela me conduirait. Dans la confiance, je suis parti vers « ce pays où je t'indiquerai ». Dans les moments de désert, revenait à la mémoire les paroles du prophète. Dieu est Parole, sa Parole est une parole d'appel. « Les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées... elles se renouvellent chaque matin, car sa fidélité est inlassable. » Dieu tient parole. Dieu veille sur les siens, et j'en ai fait l'expérience durant toute ma vie. En deuxième année du séminaire alors que je me questionnais à savoir si vraiment j'étais capable de répondre à un tel appel, j'ai vu un poster avec ces paroles : « Pourquoi pas toi? Après tout c'est moi qui t'a choisi, fais-moi donc confiance! » 26 ans après, je suis toujours heureux de présider l'Eucharistie, de vivre avec vous l'Évangile, et de bâtir ensemble par des projets rassembleurs une communauté vivante enracinée dans l'Évangile et dans l'Eucharistie.

Pendant cette Eucharistie, remercions le Seigneur pour le travail de toutes ces personnes engagées et dévouées dans nos milieux à cause du Seigneur et par amour pour l'Église. Que le travail apostolique des baptisés appelés au service continue de porter des fruits. Et demandons au « maître de l'impossible » d'envoyer des « ouvriers à la moisson » pour que la Bonne Nouvelle soit davantage proclamée, vécue et célébrée dans la joie et dans l'Esprit Saint.

Amen!

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