HOMÉLIE DU 14 FÉVRIER 2010
6e dimanche du temps ordinaire (Année « C »)
Journée mondiale du Malade

RÉSIDENCE MA MAISON SAINT-JOSEPH
Montréal, Québec

Président de l'assemblée :
M. le cardinal Jean-Claude Turcotte

Lectures :
Jérémie (17, 5-8)
1 Corinthiens (15, 12.16-20)
Luc (6, 17.20-26

Chers amis,

Il nous arrive à tous de faire parfois de petites découvertes qui nous étonnent. Nous nous disons alors : « Comment se fait-il que je n'ai pas vu... que je n'ai pas réalisé cela avant? » C'est ce qui m'est arrivé en préparant l'homélie de la messe d'aujourd'hui.

En allant lire le message que Benoît XVI a adressé à l'Église entière à l'occasion de la Journée mondiale d'aujourd'hui, j'ai remarqué qu'il parlait de la Journée mondiale du malade, et non pas de la Journée mondiale des malades, comme nous y sommes habitués. Je me suis dit : Est-ce qu'il a fait une erreur? Je suis donc allé voir quel titre était donné à cette journée depuis son inauguration par Jean-Paul II en 1992. J'ai alors constaté que, chaque année, le texte officiel qui nous était adressé parlait de la Journée mondiale du malade.

Certains me diront peut-être : « Journée des malades » ou « Journée du malade », qu'est-ce que cela change? Cela change qu'en parlant de la Journée mondiale des malades, on s'adresse à tous les malades, en les considérant dans leur ensemble. Alors qu'en parlant de la Journée mondiale du malade, on s'adresse à chaque malade individuellement, on met en relief le fait que chacun est un individu qui mérite d'être considéré en tant que tel.

Chacun a son importance.
Chacun a son histoire, différente de celle du malade qui est à côté de lui.
Chacun a son tempérament, ses richesse propres, ses désirs.
Chacun a son combat à livrer, qui n'est pas le combat de l'autre.
Le malade n'est jamais quelqu'un qui se fond et disparaît dans un groupe : le groupe des malades. Chaque personne malade est unique, et doit en conséquence être reconnue et traitée comme telle.

Ce que je dis ici s'applique à Dieu. Dieu n'aime pas les malades qu'en général; il les aime un à un. Dieu n'écoute pas la prière des malades qu'en général, qu'en tant que prière du groupe des malades; il tend l'oreille à la prière de chacun d'eux. Pour lui, chaque malade, comme chaque personne en bonne santé, est un être précieux, un de ses enfants, quelqu'un qu'il connaît, qu'il aime, à qui il s'intéresse très personnellement.

C'est bon de le savoir.
C'est bon de se le rappeler.
C'est bon de ne jamais l'oublier.

C'est en ne l'oubliant pas que je veux maintenant attirer votre attention sur les textes bibliques que nous venons d'entendre. Ils nous concernent tous, que nous soyons malades ou ne le soyons pas. Mais il est certain que, pour les malades, ils prennent aujourd'hui une coloration spéciale.

« Béni soit l'homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l'espoir », vient de dire la voix de Jérémie.

Entendons ce texte, en pensant particulièrement aux malades : Béni soit le malade qui met sa confiance en Dieu. Béni soit le malade qui met son espoir dans le Seigneur Jésus.

Tout au long de sa vie, Jésus s'est approché des malades et il s'est laissé approcher par eux. Il les écoutait, les réconfortait. Il en a guéri plusieurs. Il a été bon pour tous. Et il continue à l'être. Il continue à l'être même s'il ne répond pas toujours à nos prières et aux prières des personnes malades comme nous le souhaiterions et comme les malades le souhaiteraient.

Je dis cela en pensant à la prière que Jésus a adressée à son Père dans le jardin de Gethsémani : « Abba... Père, lui a-t-il dit, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. » Et il ajouta : « Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux! ».

Cette prière de Jésus doit devenir la prière de tous ceux et celles qui croient en lui, qu'ils soient en bonne santé ou malades. « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Non pas ma volonté, mais la tienne.

Nous devons prononcer ces mots en étant assurés que Dieu y répondra en s'approchant de nous comme il s'est approché de son Fils, et en nous soutenant dans l'épreuve que nous avons à vivre... comme il l'a fait pour lui.

Nous devons aussi prononcer ces mots en pensant souvent au message de l'apôtre Paul qui vient de nous être proclamé : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » Notre ultime destin, c'est la vie éternelle, c'est la participation à la résurrection de Jésus. Quand on croit à cette résurrection, quand on vit en ayant les yeux, le coeur et l'âme fixés sur elle, on arrive à comprendre quel est le sens profond de notre vie et le sens particulier qu'elle peut avoir lorsque nous sommes frappés par la maladie. Une autre vie nous est promise. Celle que nous vivons présentement nous oriente vers elle.

Il y a quelques instants, nous avons entendu quelques mots de l'Évangile qui, pour moi, demeurent toujours étonnants et bouleversants : « Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous! Heureux vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés! Heureux vous qui pleurez... » En relisant ces mots, avant de venir présider l'eucharistie d'aujourd'hui, je me suis dit : Faut-il ajouter une autre béatitude à celles qu'on trouve déjà dans l'Évangile? Faut-il ajouter : « Heureux, vous les malades... » J'hésite à le faire. Mais je suis certain que tout ce qui est promis aux pauvres, à ceux qui ont faim et à ceux qui pleurent, est aussi promis aux malades.

Chers amis, et vous les malades, ne doutez pas de la bonté de Dieu à votre égard, ne cessez pas de mettre en lui votre espoir. Et que se réalise pour nous tout ce que nous avons souhaité en chantant aujourd'hui le refrain du psaume 1 :
Qu'en Dieu soit notre espérance!
Qu'en Dieu soit notre joie!

Amen.

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