HOMÉLIE DU 7 FÉVRIER 2010
5e dimanche du temps ordinaire C

ÉGLISE SACRÉ-COEUR-DE-JÉSUS
Bourget, Ontario

Président de l'assemblée :
Daniel Berniquez, vicaire épiscopal

Lectures :
Isaïe (6, 2a.3-8)
Corinthiens (15, 1-11)
Luc (5, 1-11)

Les anniversaires sont des moments importants dans la vie des paroisses, comme ils le sont dans la vie des individus, des familles, des peuples. Ils permettent de regarder le passé et de l'apprécier à sa juste valeur. Ils invitent à considérer le présent en discernant ce qu'il recèle de beau et de bon. Ils impliquent aussi un regard vers l'avenir. Les anniversaires existent pour stimuler le goût de vivre et aller de l'avant.

Au coeur des anniversaires des paroisses, il y a toujours une messe, une eucharistie. Le mot eucharistie signifie action de grâce. L'eucharistie de ce matin qui ouvre les fêtes de votre 125e anniversaire a donc pour but de rendre grâce pour l'histoire de votre paroisse. Pour toute l'histoire : celle d'hier, celle d'aujourd'hui et même celle de demain qui est à construire.

« De tout mon coeur, Seigneur je te rends grâce. » Ces paroles du psaume de la messe d'aujourd'hui nous font dire merci pour tout ce que nous ont légué les fondateurs et tous ceux et celles qui ont poursuivi le travail durant toutes les années. Il en faut de la générosité et du dévouement, il en faut du travail accompli dans l'ombre et le plus souvent bénévolement, pour garder une paroisse vivante et rayonnante. Merci, à tous les ouvriers d'autrefois et ceux d'aujourd'hui. Grâce à vous l'Évangile a été annoncé et il l'est encore. Les sacrements ont été célébrés et ils le sont encore. La pratique de la vie chrétienne a été stimulée et elle l'est encore.

Il s'en passe des choses pendant cent vingt-cinq ans. Il s'en est passé des choses dans l'Église et dans la société. Les deux ont beaucoup changé. Le passé des paroisses n'est jamais parfait. Leur présent non plus. Quant à leur avenir, nous ne savons pas ce qu'il sera. Mais nous rendons grâce pour tout, parce que tout repose entre les mains de Dieu parce que Dieu accompagne la marche des paroisses vers leur avenir comme il a autrefois accompagné la marche de son peuple vers la terre promise.

J'aime bien me rappeler particulièrement lors des anniversaires la parole de Jésus qui affirme : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. » Cette parole est réconfortante. Elle nous assure que nous ne sommes jamais seuls. Le Christ fait route avec nous, quoi qu'il arrive et quoi que nous ayons à vivre.

Nous venons d'entendre la Parole de Dieu. Les extraits proclamés en ce jour nous aident à célébrer ce matin et vous soutiendront tout au long de cette année de fête. Les trois personnes présentées par les lectures d'aujourd'hui réagissent bien différemment. La situation première, qui aurait de quoi les désarçonner, agit au contraire pour les inciter à s'engager. Voyons un peu de quoi il en retourne.

Le prophète Isaïe vit à une époque troublée. Les royaumes alentour d'Israël le menacent, et les rois sont tentés de faire alliance avec ces puissances étrangères au lieu de se fier à Dieu, qui leur a pourtant donné bien des preuves de sa bienveillance. Il faut que le Dieu unique apparaisse vraiment comme le Tout-Puissant, le Seigneur de toute la terre. C'est bien le sens de la vision grandiose dont Isaïe est le bénéficiaire.

Le prophète s'émerveille mais, il a une réaction de crainte, car il mesure toute son indignité face à cette majesté de Dieu. C'est alors qu'intervient un élément qui caractérise l'action de Dieu : sa miséricorde. Nous retrouvons cet élément, sous une forme ou l'autre, dans chacun des épisodes présentés aujourd'hui. Avec Isaïe, le Seigneur agit conformément à ses paroles et à la mission qu'il veut lui confier. Ainsi Isaïe n'hésite plus devant l'invitation, il sait que la miséricorde de Dieu l'a équipé pour la mission qu'il lui demande. Il répond : « Je serai ton messager : envoie-moi ».

Saint Paul pour sa part est parfaitement conscient que sa conduite passée aurait pu l'exclure à tout jamais de l'intimité avec le Seigneur. Rien ne pourra l'arrêter dans son annonce de la Bonne Nouvelle, car cette nouvelle a d'abord été bonne pour lui. Il n'y a pas de péché qui ne puisse être pardonné, si on est prêt à s'ouvrir à la grâce. Et nous voyons qu'il sait allier à la vigueur et à la fougue de son tempérament la conviction que ce n'est pas lui qui agit : c'est la grâce de Dieu. Il a appris comment y collaborer, et il s'en émerveille.

Le personnage mis en scène par l'Évangile nous le connaissons bien : il s'agit de Pierre. Cet homme est fougueux, capable de grands enthousiasmes, mais aussi de grandes défections. Pour l'instant mis en présence de cette action de Dieu que fut la pêche miraculeuse, il connaît un grand étonnement, qui le pousse à s'éloigner de cet envoyé de Dieu qui le dépasse et qui lui fait mesurer toute son indignité. Alors Jésus mettra en oeuvre ce deuxième temps de l'action de Dieu, sa miséricorde. Certes il ne s'agit pas de pardonner le péché de Pierre : ça viendra en son temps. Jésus s'approche de celui qui aurait envie de s'éloigner.

Il éclaire sa crainte par une promesse : « Désormais, ce sont des hommes que tu prendras. » Admirons cette délicatesse de Jésus qui se met sur le terrain de son interlocuteur : « Je t'invite à t'aventurer en terrain inconnu, mais tu auras toujours des points de repère. Tu es habitué à prendre des poissons : je te ferai faire quelque chose de semblable à l'égard des humains. Mais cette fois-ci, pas pour les emprisonner dans tes filets, mais pour leur rendre leur dignité et leur liberté d'enfants de Dieu. Ne te préoccupe pas pour l'instant. Contente-toi de me suivre. Tu as vu que je connais des méthodes de pêche qui ne sont pas les tiennes. Je te ferai découvrir bien d'autres choses encore ».

Vous êtes, depuis votre fondation, sous la protection du Sacré-Coeur de Jésus. Dans toutes les langues du monde, le mot « coeur » est synonyme d'accueil, de tendresse, de miséricorde. Nul mieux que Jésus n'a su révéler la bonté du coeur de Dieu, son attention aux petits et a leurs misères quotidiennes. Jésus a vécu cet amour dans un oubli constant de lui-même, jusqu'au don suprême sur la croix. Demandons au Christ de nous donner un tel amour et faisons-lui confiance. Écoutons son message jusqu'au bout. Il aura sûrement bien des choses à nous faire découvrir.

Votre paroisse a cent vingt-cinq ans. Elle n'est plus ce qu'elle était. Elle n'a pas à redevenir à ce qu'elle a été. Regardez en avant. Allez de l'avant. Soyez chaque jour des chrétiens et des chrétiennes dignes de ce nom. Ne soyez pas tristes. Faites honneur à Dieu en vivant dans la joie et dans l'espérance. Dieu vous bénira. Il vous fera porter du fruit. Et n'oubliez pas : il compte sur chacun et chacune d'entre vous pour relever les défis du temps présent et construire l'Église qui vient.

À l'occasion du 125e anniversaire de fondation de votre paroisse, au nom de Mgr l'archevêque et de l'Église diocésaine je vous souhaite une merveilleuse année de fête, je vous souhaite de conserver profondément au fond de vos coeurs la Parole de Dieu de ce dimanche pour vous aider à vivre pleinement le temps présent. Le temps présent n'est pas un temps de désespérance mais un temps de plus grande espérance. Que la parole de Jésus dans l'évangile de ce matin vous rassure : « Sois sans crainte... »

Demeurer fermes dans la foi. Que la joie vous habite. Ne craignez pas de dire autour de vous que vous êtes disciples du Christ. Travaillez ensemble. Ayez l'audace de penser à de nouveaux projets et travailler à leur réalisation. Invoquez le Sacré-Coeur de Jésus qui veille sur vous depuis les débuts de votre paroisse. Il vous gardera dans la paix.

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