HOMÉLIE DU 20 DÉCEMBRE 2009
4e dimanche de l'Avent C

Église Sainte-Madeleine d'Outremont
Montréal, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Pierre Blanchard, c.s.s.

Livre de Michée (5, 1-4a)
Lettre aux Hébreux (10, 5-10)
Évangile selon saint Luc (1, 39-45)

Ces beaux textes de la Parole de Dieu proclamés aujourd'hui orientent ma pensée vers tous ces enfants, petits et grands qui, avec leurs yeux émerveillés et pétillants de bonheur, sauront encore une fois nous décrocher un sourire et nous combler le cour d'une joie telle que tout le reste devient très relatif. Oui, dans cette simplicité du cour et cet élan spontané de partager leur joie, je m'émerveille de ce petit clin d'oil de Celui qui vient encore aujourd'hui, de ce Dieu qui a tenu parole et qui, au cour de notre histoire humaine comme le dit le prophète Michée, se fit humain parmi les humains, se fit enfant dans ce petit bourg de Bethléem où Samuel avait jadis donné l'onction royale à David dont est issu Jésus, ce Dieu qui nous sauve!

À quelques jours de Noël, au cour de ce « dernier sprint » où de toute part, par la publicité on nous dit comment réussir un heureux Noël et « semer de la joie sous le sapin », il me semble que ce récit de la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth nous invite à nous mettre en « mode d'intériorité, d'émerveillement et de dépouillement » et ce, à l'égard de tout ce qui peut nous amener à oublier cette raison qui suscite encore au moins dans un coin de notre cour, un brin d'espérance, de sérénité et de foi qui, à l'exemple de Marie fait de nous de ces hommes et de ces femmes qui, au-delà des ruptures et des égoïsmes, sauront sans tarder profiter de toutes ces retrouvailles en famille et entre amis afin de vivre de vraies visitations, de témoigner de notre foi et de renouer ces liens qui nous sont chers.

D'ailleurs, cette qualité de Marie à se lancer sans tarder sur ce chemin de rencontre vers sa cousine Élisabeth et ce, malgré les 150 kilomètres à parcourir dans des conditions parfois pénibles, eh bien cette rapidité qui est la sienne ne vient-elle pas questionner nos propres réticences et notre tendance à remettre à « plus tard » toutes ces « visites » qui pourtant, nous le savons bien, sauraient nous réjouir le cour et feraient que chacun trouverait son coin de soleil. Une bonne nouvelle, on a forcément envie de la partager, de la crier sur tous les toits, et de faire la fête. Par exemple, lors d'une naissance, on ne se retient pas pour se mettre en route pour aller voir ce bébé et sa maman. Pour un mariage, on n'hésite pas non plus. Et les retrouvailles familiales ont un réel succès, justement pour partager les nouvelles et renouer les liens entre les générations. Nous avons besoin de rencontres, d'échanges et de partage. Et si parfois, nous sommes bousculés par les événements, c'est à travers eux que nous avons à annoncer la Bonne Nouvelle qui nous fait vivre. On ne peut se contenter d'un mot par Internet!

En effet, il est certain que l'autre qui nous ouvrira la porte et surtout son cour n'aura pas besoin qu'on lui apporte nos désespérances et nos insatisfactions, mais au contraire que nous lui apportions un peu de soleil et surtout, que dans la sincérité de notre cour et de nos paroles, nous sachions lui partager notre espérance et surtout notre foi en ce Dieu qui, encore dans le sein de Marie, fit son premier voyage et sa première visite aux fidèles de son peuple qui, par la bouche d'Élisabeth, exprima ce cri de joie que nous faisons nôtre aujourd'hui: « Heureuse celle qui a cru en l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Or, la question nous est posée; cette Parole de Dieu que nous venons d'accueillir, fait-elle jaillir en nous cette allégresse et cette foi qui nous relancent « rapidement » vers ceux et celles qui nous sont confiés par la vie et en particulier ceux et celles qui sont malades, qui sont seuls ou que nous avons tendance à oublier? Cette Parole que nous célébrons sait-elle créer en moi ce cour disponible et émerveillé que je saurai offrir à cet enfant de la crèche qui m'invite malgré mes échecs, mes manques de foi et mes stérilités, à emprunter rapidement ce chemin du service et à être surtout un témoin heureux de croire et de partager cette espérance et ce, malgré tout ce qui pourrait me faire baisser les bras?

Cet épisode que l'on connaît bien et qui met en scène deux femmes qui nous sont familières car elles font partie de notre histoire commune, Marie et Élisabeth, que l'on dirait volontiers, aujourd'hui « pétillantes de vie », car effectivement toutes deux portent la vie non pas seulement parce qu'elles attendent un enfant ,mais aussi parce qu'elles sont le signe vivant de l'action de Dieu qui se veut agissant et surtout bienveillant à l'égard de celle par exemple que l'on disait trop vieille et stérile, il me semble que cet extrait rejoint notre propre expérience tant comme individus que comme communauté chrétienne. En effet, ne sommes-nous pas invités aujourd'hui à ouvrir nos portes, à accueillir tous ceux et celles qui de tous les horizons savent se donner cet espace de prière et d'écoute d'une Parole qui dans un cour sincère et disponible comme celui de Marie et Élisabeth, permet, à ce Dieu qui tient parole, de réaliser à travers nous de grandes et de belles choses. Oui, ce sera possible par de petits gestes et spécialement dans ces visites que nous ferons dans ce temps des fêtes. Par cette rencontre eucharistique, sachons sans tarder faire nôtre cette foi et cette joie de Marie! Amen

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