HOMÉLIE DU 29 NOVEMBRE 2009
1er dimanche de l'Avent C

CHAPELLE DE L'INVENTION-DE-LA-SAINTE-CROIX
Soeurs Grises de Montréal

Président de l'assemblée :
Raymond Poisson, curé

Lectures :
Livre de Jérémie 33,14-16
Psaume 24
Première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Évangile selon saint Luc 21,25-28.34-36

Vous êtes-vous lavé les mains depuis votre départ de la maison? Avez-vous touché votre poignée de porte ou celle d'un édifice public, la rampe d'un escalier du métro, ou encore la main de votre voisin? Pire que cela: avez-vous porté votre main à votre visage? Danger... Et à cause de ce danger, il faut bien l'avouer : plein de manières de faire ont changé dans notre quotidien.

Si l'Évangile de Luc avait été écrit cette année, il aurait certainement été question de la désormais célèbre grippe et de son non moins célèbre vaccin : avec le traitement médiatique qu'on lui a réservé en parlant même de pandémie, plus d'un a dû croire à la fin du monde! Évidemment, avec nos connaissances actuelles, parler de la fin du monde ne se limite pas à parler des astres qui tombent ou du fracas de la mer, mais bien plutôt de prendre conscience de notre fragilité devant les maladies, la pollution ou le réchauffement de la planète. Chose certaine : nous préférons vivre dans la sécurité du lendemain. N'avons-nous pas inventé les plans de retraite, les assurances et la planification financière?

Ce qui est remarquable dans le discours de Jésus, c'est le fait qu'Il nous invite à une certaine fierté, avoir du courage et beaucoup d'énergie : « Redressez-vous et relevez la tête... restez éveillés et priez en tout temps... » Et Jésus nous dirait sans doute la même chose, qu'il s'agisse des premiers chrétiens disciples de saint Luc, aux prises avec les astres qui tombent, ou bien qu'il s'agisse de nous, contemporains du 21e siècle, aux prises avec un monde où le mal est encore présent de multiples manières.

Notre motivation? C'est Paul qui nous la rappelle dans la seconde lecture : « un amour de plus en plus intense et débordant... entre nous et à l'égard de tous les hommes ». Résumons le conseil de saint Paul en appelant cela la charité, l'amour à la manière de Dieu.

Charité universellle... Jetons un regard à Sainte Marguerite, notre « mère à la charité universelle », elle qui a su répondre à plusieurs dangers par la charité. Acculée plus d'une fois à des situations qui ressemblaient à la fin du monde ou à la fin d'un monde, ou encore de « son » monde – pensons à la guerre, aux incendies, aux railleries, au manque de ressources de toutes sortes, à la quantité de pauvres vivant dans la jeune ville de Montréal – dans tout cela, la bonne Mère d'Youville a su conserver son regard sur la croix du Seigneur Jésus. Elle affectionnait particulièrement la croix, car c'est un signe puissant : signe de la souffrance de Jésus, mais également signe de sa résurrection et de sa victoire sur la mort, signe du don total de soi pour le salut du monde, signe de la charité de Dieu lui-même.

Avec les dangers de notre monde, ce n'est donc pas sans raison que l'héritage de Sainte Marguerite soit si vivant. Vous en êtes tous les témoins. Vous ses filles, Religieuses de la Charité, les oeuvres si nombreuses portées aujourd'hui en partage avec des instances civiles, communautaires et tant de bénévoles, et les Associés de Sainte Marguerite d'Youville, vous les Associés qui avez le privilège de porter dans vos milieux de vie respectifs cette fierté et ce courage de l'action du Christ qui met fin à un monde pour en faire naître un nouveau.

« Voici venir des jours où j'accomplirai la promesse de bonheur que j'ai adressée... je ferai naître un germe de justice » nous disait le prophète Jérémie dans la première lecture. A nous qui avons fait la rencontre du germe de justice dans la foi et dans le témoignage de Sainte Marguerite, j'ai envie de nous rappeler une dernière fois les paroles de Jésus : lorsque tout semble aller au le plus mal dans ma vie, ou encore lorsque le temps est venu d'oser changer, déménager, quitter une maison-mère comme celle-ci pour aller ailleurs, pour continuer les oeuvres et les partager, alors Jésus nous dit : « redressez-vous et relevez la tête... restez éveillés et priez... ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver ».

Amen.

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