HOMÉLIE DU 11 OCTOBRE 2009
28e dimanche du temps ordinaire B

ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN
Paroisse Notre-Dame-de-Lourdes (Vanier)
Ottawa, Ontario

 

Président de l'assemblée :
Gaétan Ouimet, s.m.m.

Lecture du Livre de la Sagesse (7, 7-11)
Psaume 89
Lecture Hébreux (4, 12-13)
Saint Marc (10, 17-30)

Biens chers amis,

Dimanche dernier, la question était posée à Jésus : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme? » Aujourd'hui, lui est posée une autre question : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle? » La conclusion facile de ce texte serait que ce jeune homme a refusé l'appel de Jésus parce qu'il était riche. Il faut chercher plus loin le sens réel des paroles de Jésus à cet homme. Ici, ce n'est pas une leçon sur les dangers de l'argent que Jésus propose ou sur le fait que nous soyons souvent possédés par ce que nous possédons; il s'agit plutôt d'une leçon sur l'amour.

La question posée par le jeune homme à Jésus est cruciale : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? » Il aurait pu poser une question plus simple comme quel est le sens de la vie? Ou encore, comment être heureux malgré les épreuves de la vie? Mais il est rendu plus loin dans sa question : il parle de la vie éternelle et de l'héritage à recevoir. Comme réponse, Jésus lui rappelle les commandements de Dieu, la loi de Moïse. Malgré l'observance de ces Lois, et malgré sa sécurité matérielle, il y a encore une zone d'insatisfaction dans le coeur et la vie de ce jeune homme que Jésus estime et aime profondément.

À cet homme bon qui observe pourtant les commandements de Dieu depuis sa jeunesse, Jésus dit : « Il te manque une chose : Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel; puis viens, et suis-moi ». Jésus pousse sa démarche encore plus loin, encore plus haut. Jésus lui propose un pas en avant : sortir de sa sécurité artificielle pour miser sur lui, Jésus. Sortir de sa sécurité pour miser sur le royaume de Dieu. Le jeune homme est surpassé par l'invitation de Jésus. Il est renversé par l'ampleur de l'insécurité que lui propose Jésus. Il aurait voulu; mais il ne peut pas. Tout triste, il se retire en silence pour aller réfléchir.

Aujourd'hui, nous serions portés à réagir, nous disant que cette invitation de Jésus n'est pas pour nous, qu'elle ne nous concerne pas, car la plupart d'entre nous ne possèdent pas de grands biens : certainement pas autant que cet homme dont il est question dans l'évangile! Ça c'est vrai. Mais le message n'est pas pour autant à mettre de côté. Comprenons bien : Jésus s'adresse d'abord et avant tout à un particulier. Cet homme qui se trouve là devant lui et qui est si bien motivé à grandir, Jésus l'invite à un dépassement, comme les premiers apôtres : « Viens et suis-moi ». « Venez et vous verrez. »

Pour l'homme riche, l'occasion de se dépasser, c'est de se détacher de ses grands biens. Mais pour d'autres, pour toi, pour moi, qui n'avons peut-être pas de grands biens, c'est peut-être autre chose qui enchaîne notre coeur, nous empêchant de progresser, d'aller de l'avant. Peu importe. L'important est de se dépasser, chacun à sa façon, dans le domaine qui lui convient.

Comprenons bien. Il y a en Jésus un désir, un désir de nous entraîner toujours plus haut et plus loin. Jésus voit grand pour nous : plus grand que nous voyons nous-mêmes. Il nous aime pour ce que nous sommes, pas pour ce que nous avons. Dieu nous aime à ce point qu'il veut partager sa vie avec nous, au quotidien, de manière permanente et intime. Il est donc important de nous demander à quel dépassement le Seigneur nous appelle?

"N'aie pas peur! Tout est possible à Dieu." Laisse-le faire, laisse-le t'aimer, laisse-le te sauver. Ce n'est pas une invitation à la paresse, mais à se laisser déranger. Car Dieu agit à sa guise. Mais encore, faut-il n'être pas attaché, être libre, désencombré. L'homme riche l'a compris. Il est parti tout triste. Mais Jésus continue à l'aimer, à nous aimer, car Dieu n'a pas encore dit son dernier mot, ni pour l'homme riche, ni pour toi, ni pour moi. Par cette eucharistie, rendons grâce au Seigneur qui nous assiste et veut nous conduire toujours plus loin.

En cette fête de l'Action de Grâce, remercions Dieu de nous inviter au dépassement, de croire assez en nous pour nous savoir capables de retours, de recommencements, de dépassements. Remercions-le aussi pour tout ce qu'il nous donne : la vie, la nature, la famille, les amis, notre belle communauté ecclésiale.

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