HOMÉLIE DU 4 OCTOBRE 2009
27e dimanche du temps ordinaire B

CHAPELLE PADRE PIO DU SANCTUAIRE DE LA RÉPARATION
Montréal, Québec

800e anniversaire de la règle franciscaine

Président de l'assemblée :
Marc LeGoanvec, ofm

Homéliste
Fr. France Salesse, ministre provincial des Capucins

Lecture du livre de la Genèse
Psaume 34
Cantique de Frère Soleil (François d'Assise)
Évangile selon saint Luc (10, 21-22)

Vous vous souvenez probablement du film François et le chemin du soleil. On voyait ce jeune homme en recherche du sens de sa vie, marcher sur les toits voulant attraper un petit oiseau, symbole de cette liberté qu'il recherchait lui-même. On le voyait aussi rêvant dans les champs de coquelicots rouges. Une jolie jeune fille aux cheveux blonds interprétait le rôle de soeur Claire. De famille riche, elle laisse tout pour adopter ce mode de vie évangélique que François vient d'initier avec quelques amis.

On aime présenter François d'Assise comme le saint qui prêchait aux oiseaux. Mais, à nous, qu'a-t-il prêché?

Dans la vingtaine, il avait choisi de suivre le Christ humble et pauvre, avec des frères et des soeurs qui partageaient le même idéal. Les mystères de Dieu étant « cachés aux sages et aux savants (mais) révélés aux tout-petits », il entreprend le long parcours du dépouillement. « Les frères s'appelleront mineurs », disait-ils. Ils n'auront aucun pouvoir de domination sur les autres. Ils se feront leurs serviteurs, comme le Christ l'a fait pour nous. Ils seront frères de tous.

Au cours des deux années qui ont précédé sa mort, il porte « dans son corps la marque des souffrances de Jésus ». Affaibli physiquement, troublé intérieurement, le Seigneur lui fait la grâce de retrouver cette paix qu'il a tant désirée.

C'est à ce moment que François, aveugle, rédige ce magnifique poème Le Cantique des créatures. Cet hymne de louange adressé au Seigneur, nous fait entrer dans son expérience spirituelle. On peut y découvrir son désir de vivre dans la communion avec Dieu et tous les humains. Ce poème décrit l'héritage des valeurs que saint François nous a léguées et que nous cherchons encore aujourd'hui à rendre significatives.

Dès l'introduction à son cantique, il nous fait saisir sa relation à Dieu : « Très-Haut, tout-puissant et bon Seigneur, à toi, louange, gloire, honneur, et toute bénédiction; ... et nul homme n'est digne de te nommer ». Nommer Dieu le Très-Haut, c'est reconnaître en même temps que l'homme créé est bien peu devant Lui : « nul homme n'est digne de te nommer ». La fragilité de l'être devient alors le lieu de l'expérience de la miséricorde de Dieu.

En attribuant en alternance le nom de frère et de soeurs aux divers éléments de la nature, François fait l'éloge de la complémentarité entre le masculin et le féminin : « Homme et femme il les créa » nous dit le récit de la création.

Comme il en est pour la nature créée différente et complémentaire, tous les êtres humains, avec leurs différences, se complètent en vue de réaliser cette communion voulue par Dieu au moment de la création.

François s'émerveille devant l'oeuvre de Dieu parce qu'elle reflète ce que Dieu est. En mentionnant le soleil, il dit : « de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole ».

Seule soeur Terre mérite le beau nom de mère en raison de sa grâce maternelle de porter et de nourrir les humains comme une maman. Ailleurs, il invite ses frères à s'aimer mutuellement comme une famille.

Si Dieu nous donne un tel environnement naturel « précieux », nous devenons responsables de sa survie en prenant tous les moyens à notre disposition pour le protéger. Nous devons assurer une cohabitation harmonieuse et respectueuse puisque nous ne sommes que des « locataires » à qui le Très-Haut a confié sa maison.

Une guerre ouverte se déroulait depuis longtemps entre l'Évêque et le maire d'Assise. Et voilà, que grâce à la prière et l'intervention de François, la paix s'installe entre les deux belligérants. François est témoin de cette réconciliation, s'en réjouit et en rend grâce à Dieu en ajoutant cette strophe à son cantique :

« Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi... »

En tant que fils et filles de saint François nous avons à coeur de travailler ardemment à la construction d'une véritable paix entre tous. Les divisions, qu'elle soient présentes dans nos coeurs, nos maisons ou entre les peuples, empêchent la réalisation du rêve de Dieu qui nous appelle à une réelle communion de vie avec lui et les autres humains. Ces divisions qui font tant souffrir sont des appels urgents à rétablir la paix entre nous par un dialogue ouvert fait de confiance et de respect.

Nous, membres de la famille franciscaine, désirons la paix pour tous. Nous trouvons inadmissible que cent trente et un jeunes de chez nous, sans compter les autres, aient laissé leur vie dans cette guerre en Afghanistan. « Seigneur, fais de nous des instruments de paix ».

Enfin, juste avant de passer par la mort, François ajoute cette dernière strophe à son cantique :

« Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper... »

Voilà arrivé le moment de la grande réconciliation. Voilà l'heure où la paix s'installe. Sa prière a été exaucée : Les ténèbres font place à la lumière, la tristesse à la joie.

Il y a 800 ans, François et ses frères dans un souci de communion avec l'Église, se rendaient auprès du Pape pour lui demander d'approuver cette forme de vie évangélique. À notre tour, nous voulons redire notre amour et notre communion envers l'Église, « servante et experte en humanité » comme dit le dernier Concile.

Cet anniversaire nous convoque à renouveler notre engagement à servir humblement le Christ et l'humanité en déployant nos énergies à faire respecter la dignité de toute personne humaine, à promouvoir la réconciliation et la paix et à travailler à la sauvegarde de notre soeur la création.

Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâce et servez-le en toute humilité.

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