HOMÉLIE DU 9 AOÛT 2009
19e dimanche du temps ordinaire B

ÉGLISE CHRIST CHURCH
Sorel-Tracy, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Barry Bryan Clarke, évêque

Homéliste :
Mgr Michael Peers

Rois (19, 4-8)
1 Pierre (2,1-5, 9-10)
Saint Jean (6, 41-51)

C'est un grand honneur de célébrer avec vous l'anniversaire de cette communauté chrétienne ici à Sorel. Nous commémorons une longue histoire - le poste militaire de la Nouvelle France au dix-septième siècle; l'arrivée dans la région des loyalistes, Britanniques et Autochtones, expulsés par les Américains après la guerre révolutionnaire du dix-huitième siècle; la construction de l'église et le presbytère au dix-neuvième siècle; les changements dans la vie sociale au Québec du vingtième siècle et les défis d'aujourd'hui.

Nous entendons au sein de la liturgie une voix d'il y a deux mille ans : l'apôtre Pierre qui s'adresse à nous, membres de la communauté chrétienne et du premier siècle et du nôtre, comme « pierres vivantes ». Les Grecs de l'antiquité, face à une telle locution, l'appelaient « oxymoron », c'est-à-dire deux mots juxtaposés, mais contradictoires. Son intention était de créer une perception de la vie humaine plus large que les stéréotypes de son époque. D'un côté, la pierre symbolisait la permanence, la stabilité, l'éternel. Mais de l'autre côté, le prophète Ézéchiel écrit que Dieu veut enlever du peuple leur « coeur de pierre » qui les a rendus insensibles et à l'amour de Dieu et aux besoins du voisin. Dans ce contexte, la pierre devient symbole de la rigidité, de l'insensibilité, qualités que nous ne voudrions pas du tout imiter.

Et, face à ces deux concepts du mot « pierre », qu'est-ce que ça veut dire y apposer l'adjectif « vivante » évoquant toute une série d'autres images. La pierre symbolise l'immutabilité; « vivant » nous rappelle la possibilité, l'inévitabilité même, de changer. C'est vrai que nous réagissons aux changements de la vie différemment selon notre âge. Jeunes, nous les attendons impatiemment, symbolisés en notre société par notre premier permis de conduire; d'un certain âge nous les attendons avec peut-être moins d'enthousiasme. Mais la capacité de changer, quoi qu'il arrive, est ce qui marque tout être vivant.

Mais l'apôtre Pierre, en mettant côte à côte ces deux idées, et en nous les offrant comme vocation, nous fait un propos audacieux, à nous qui sommes tellement conscients de nos faiblesses, nos insuffisances. Comment peut-il faire un geste tellement osé? Tout simplement parce qu'il était témoin de la vie, la mort et la résurrection de Jésus, lui qu'il nomme au début du passage que nous avons entendu « la pierre vivante ». La nuit même de l'arrestation de Jésus, Pierre entendait sa prière « Mon Père, si c'est possible, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, non pas comme je veux, mais comme tu veux ». Le lendemain Jésus mourut, puis le voilà vivant. Et Pierre avait subi dans sa propre vie des expériences semblables.

Alors, ce que Dieu a fait en Jésus, en lui donnant la puissance comme une pierre pour faire face à la mort même et le ramenant de la mort à une vie ressuscitée, l'apôtre a connu dans sa vie. Et par conséquent donc, il nous les offre afin que nous puissions connaître et la puissance de la pierre et la vie éternelle, face à n'importe quel défi dans nos vies.

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