HOMÉLIE DU 2 AOÛT 2009
18e dimanche du temps ordinaire B

CATHÉDRALE SAINT-PAUL
Saint-Paul, Alberta

Président de l'assemblée :
Mgr Luc Bouchard

Exode (16, 2-4.12-15)
Éphésiens (4,17.20-24)
Saint Jean (6, 24-35)

Chers frères et soeurs dans le Christ, chers amis,

Nous célébrons deux événements marquants aujourd'hui : le vingtième anniversaire de la fête franco-albertaine et le centième anniversaire de l'arrivée des pionniers à Saint-Paul ici même, Saint-Paul dit autrefois Saint-Paul-des-métis.

En effet, grâce aux initiatives des pères Lacombe et Therrien, deux oblats qui ont marqué l'histoire de l'Alberta, nombreuses ont été les familles canadiennes-françaises qui sont venues et qui se sont établies à Saint-Paul et dans la région.

Il me sera bien sûr impossible de mentionner ici toutes les familles qui sont venues à ce moment-là, mais notons au passage les Joly, les Mailloux, les Belzile, les Fontaine, les Van Brabant, les Dubois, les PigeonS, les Chamberland, les Berlinguette, les Hurtubise, les Blouin, les Charron, les Doucet, les Leroux et naturellement j'en passe. Nombreux sont également les descendants de ces premiers colonisateurs, comme en témoigne votre participation à cette célébration eucharistique en ces jours de fête et de retrouvailles amicales et fraternelles.

Nous nous sommes rassemblés en cette eucharistie aujourd'hui nous tous et toutes pour rendre grâce à Dieu pour le témoignage de foi de ces vaillants et courageux ancêtres qui ont toujours su puiser, dans la pratique soutenue de leur foi, les forces nécessaires pour envisager avec courage, non seulement les réalités du présent, mais les défis de l'avenir.

Ils étaient en effet, comme les foules de l'Évangile d'aujourd'hui, à la recherche de Jésus dans le clair-obscur de leur foi. Mais Jésus leur dit, comme il nous dit : « Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ».

Bien sûr, ces ancêtres ont travaillé fort et dur, mais comme les foules de l'Évangile encore une fois, ils ont posé à leur manière la question que les foules posent à Jésus aujourd'hui : « Que faut-il faire pour travailler aux oeuvres de Dieu? » Et Jésus de répondre aux foules, comme à nos ancêtres et comme à nous : « L'oeuvre de Dieu c'est que vous croyez en celui qu'Il a envoyé. »

Et nos ancêtres, ces braves ancêtres ont cru en celui que Dieu a envoyé. Ils ont cru en celui qui descend du ciel. Ils ont cru en celui qui est le vrai pain venu du ciel et qui donne la vie au monde. On le sait, ils n'ont plus attendu une manne venue du ciel, une manne quelconque. Leur foi en Jésus Christ, pain de Dieu pour la vie du monde, transformait leur vision du monde et telle était maintenant leur prière que nous reprenons à l'Eucharistie : « Tu es béni Dieu de l'univers, toi qui nous donne ce pain, ce pain pour lequel nous avons travaillé et qui est le fruit aussi de la terre. Il deviendra le pain de la vie. »

Aide-toi, le ciel t'aidera, tel était leur mot d'ordre. Et ils venaient, après leur travail, puiser aux sources de la vie. À tous les dimanches, ils venaient puiser aux sources de la vie, au pain du ciel; le pain d'efforts qui fait entrer dans la demeure éternelle. Et leur foi robuste, vécue avec fierté dans leur culture canadienne française, pour l'une ne contredisait pas l'autre, donc leur foi robuste leur disait que le Seigneur les accompagnait à tous les stages de leur vie et Il le voulait ainsi.

Pour eux, le Seigneur les accompagnait, non seulement à l'entrée de la vie, mais pendant toute leur vie. C'est le seigneur qui leur donnait la vie divine au baptême et les fortifiait à la confirmation et les nourrissait à la sainte messe à tous les dimanches et les unissait pour la vie au mariage et les consolait dans la maladie et à la mort et leur donnait plusieurs de leurs fils et Il recevait les voeux de consécration de plusieurs religieux et religieuses.

Et en effet nombreux ont été les consacrés, les ordonnés, les missionnaires issus de ces familles canadiennes françaises, de ces familles chrétiennes. Et le diocèse de Saint-Paul a été généreux dans l'offrande de ses fils et de ses filles au service de l'Église. Ces familles canadiennes françaises venant ici marchaient donc à la lumière de la foi. L'oeuvre de Dieu, dit l'Évangile d'aujourd'hui, c'est que vous croyez en celui qu'Il a envoyé.

Et, fières de leur culture, ces familles se savaient soutenues indéfectiblement par leur foi. Ces familles ne se laissaient, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture d'aujourd'hui, elles se laissaient guider intérieurement par un esprit renouvelé. La foi ne les retirait pas de la vie, mais elle les y plongeait. La foi les conduisait à tous les stages de la vie vers une meilleure patrie, soutenues par le pain des pèlerins et soutenues toujours par cette foi forte et vaillante, un peu à la manière d'Abraham, comme le rappelle ailleurs la lettre aux Hébreux.  Par la foi, Abraham obéit à l'appel de partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage et il partit ne sachant où il allait. Par la foi, il vint séjourner dans la terre promise, mais comme en un pays étranger, c'est qu'elle attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l'architecte et le constructeur. Et dans la foi, Abraham mourut sans avoir reçu l'objet des promesses, mais il l'a vu et salué de loin et il a confessé qu'il était étranger et voyageur sur terre. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte de s'appeler son Dieu. Il lui a préparé en effet une ville.

Appuyés par l'écriture, nous avons en effet de nombreuses leçons à tirer de nos ancêtres. Ils étaient fiers de ce qu'ils étaient. Ils étaient des croyants, des croyantes, mais ils vivaient sans peur. Ils étaient fiers de leur culture, mais se laissaient guider par un esprit renouvelé.

Chers frères et soeurs, chers amis, vous tous et toutes qui êtes venus de loin et de près, puissions-nous aussi envisager l'avenir avec foi et confiance et que cette célébration rende grâce à Dieu pour l'héritage qui nous a été laissé. Puissions-nous, comme nos ancêtres, croire en celui que Dieu envoie, a envoyé, le pain de Dieu qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Et puissions-nous toujours travailler aux oeuvres de Dieu, c'est-à-dire croire en celui qu'Il a envoyé, Jésus Christ notre Seigneur, pain de Dieu pour la vie du monde.

Amen.

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