HOMÉLIE DU 26 JUILLET 2009
17e dimanche du temps ordinaire B

ÉGLISE SAINT-JACQUES-LE-MAJEUR
Scoudouc, Nouveau-Brunswick

Président de l'assemblée :
Mgr André Richard

Rois (4, 42-44)
Éphésiens (4, 1-6)
Saint Jean (6, 1-15)

Frères, soeurs,

Jésus rassasie la foule qui l'a suivi. Une foule rassasiée, des gens qui ont le ventre plein, ce sont habituellement des gens satisfaits. Ils seront portés à être bienveillants ou parfois indifférents. Mais attention aux personnes affamées, surtout si elles voient les autres dans l'abondance. Constater trop de différence dans les conditions de vie, cela mène facilement à la révolte. C'est le spectacle que présente notre monde actuel.

Il y a les populations de l'Occident qui vivent dans l'abondance et qui gaspillent; c'est nous. Il y a de grandes masses de population qui n'auront jamais assez pour satisfaire les besoins les plus essentiels. Notre monde n'a pas acquis la sagesse qu'il faut pour partager les ressources de la planète.

Et puis il y a les autres faims humaines, qui sont aussi lancinantes que celles de l'estomac. Même quand il y a du pain et du poisson en abondance, même chez les personnes bien nanties, il y a souvent des faims qui ne sont jamais satisfaites. La foule qui était partie à la suite de Jésus était à la recherche d'autre chose que du pain. Ils éprouvaient une autre sorte de faim.

Nos faims ne sont pas faciles à identifier ni à satisfaire. Il n'est pas difficile de se tromper, surtout si on cherche un aliment facile, des mets tout prêts à emporter et à consommer.

Autrement, si on cherche mieux, on est prêt à aller au désert pour trouver la paix intérieure ou pour découvrir une autre vérité que celle qui saute aux yeux ou qui s'achète facilement. Il y a, dans notre monde, beaucoup de gens qui cherchent. Ils sont prêts à suivre un chef spirituel, un gourou ou un héros qui paraît porter un message de vie et de lumière. Jésus attirait les foules par son message, par sa manière de parler du Père et par les signes qu'il donnait.

Plusieurs personnes de notre assemblée, comme les pèlerins des siècles passés, ont suivi la route de Compostelle, en Espagne. Saint Jacques, disciple du Seigneur, votre patron, a réussi, lui aussi à attirer des chercheurs de Dieu. Depuis bien des siècles, des pèlerins s'engagent sur une longue route, ils y marchent pendant des semaines. Cette route est dure, elle est exigeante, pas seulement pour les pieds, mais aussi pour l'âme. Elle amène souvent les marcheurs et marcheuses à se voir autrement et à découvrir un autre pan de leur vie. Et ce n'est pas toujours facile à affronter.

Votre communauté de Saint-Jacques le Majeur a accompli un pèlerinage de cent ans. Elle a connu, au cours des générations qui ont vécu ici, une route marquée par des rencontres de personnages marquants, par des moments de crise et d'épreuve, par l'expérience de la pauvreté et de l'aisance. Ici beaucoup de gens ont grandi, on t aimé, ont pleuré, ont célébré la vie et ses merveilles. C'est tout un pèlerinage! Beaucoup y ont rencontré Jésus après l'avoir cherché dans la misère et dans l'obscurité. Ils l'ont découvert comme ils ne s'y attendaient pas, avec un visage différent, nouveau.

Nous célébrons, cette année, le centenaire de votre communauté et le bicentenaire des premiers établissements. Je suis heureux de me joindre à vous pour célébrer ce que, sous l'impulsion de l'Esprit de Jésus, bien des personnes du passé et encore du présent, accomplissent pour le bien de la communauté.

Une paroisse, une communauté comme la vôtre, cela se construit de bien des manières en même temps. Il y a des personnes très visibles, qui laissent leurs marques et leurs monuments. Il y a aussi celles qui travaillent davantage dans l'ombre, sans actions d'éclat ni déclarations officielles, sans obtenir de médailles ni de décorations. Chez vous, il y a eu les employés du chemin de fer et des employés des forces armées, pendant la guerre. Il y a eu des travailleurs et travailleuses dans les services de la ville toute proche. Il y a eu des commerçants, des institutrices, des prêtres, des notables. Il y a eu des bâtisseurs et bâtisseuses. Vous les connaissez mieux que moi ou vous ne les connaissez pas du tout; ils ont vécu bien des années avant vous.

Au fond, par toutes ces personnes, par les personnes qui ont élevé des enfants, qui ont donné de l'amour et éduqué à la foi, qui ont supporté les autres dans leurs difficultés, c'est l'Esprit du Seigneur qui était en action. Il travaille dans le coeur des personnes. Saint Paul écrivait aux chrétiens d'Éphèse qu'ils formaient un seul corps et un seul Esprit. En réalité, par les personnes, c'est l'Esprit du Seigneur qui construit la communauté, qui édifie l'Église pour qu'elle soit signe du salut qui est dans le Christ Jésus. À lui aujourd'hui, nous rendons grâce, alors que notre rassemblement se fait sous le signe du Pain de Vie, du pain des pèlerins.

Ainsi, le Christ continue à construire le Royaume chez nous, dans notre milieu. Comme le disait le psaume : « Que tes oeuvres, Seigneur, te rendent grâce et que tes fidèles te bénissent! Ils diront la gloire de ton règne; ils parleront de tes exploits. »

Amen

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