HOMÉLIE DU 19 JUILLET 2009
16e dimanche du temps ordinaire B

ÉGLISE SAINT-ANACLET
Saint-Anaclet, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Pierre-André Fournier, archevêque

Jérémie (23, 1-6)
Éphésiens (2,13-18)
Saint Marc (6, 30-34)

Récemment, je recevais ce courriel d'une jeune adulte de 25 ans. (Hé! Oui, un courriel! Quand avez-vous reçu votre dernière lettre par la poste d'un ou d'une jeune?) J'ai eu la joie de baptiser cette jeune dame originaire de France lors de la veillée pascale et de la confirmer le jour de la Pentecôte. Voici son message :

« J'ai passé un excellent séjour dans ma famille en France où mes parents m'ont trouvée resplendissante. Je leur ai dit que de recevoir l'Esprit grâce aux sacrements de baptême et de confirmation, cela éclaire. Dans ma nouvelle paroisse nourrissante spirituellement, j'ai retrouvé avec joie mes ami(e)s et connaissances rimouskoises et cette lumière si particulière du Bas du fleuve. »

Le Bon Pasteur a rempli sa coupe, grâce et bonheur l'accompagnent, comme le proclame le psaume 22, un des psaumes les plus connus et aimés de la Bible. Sans doute parce qu'il suinte de repos, de tranquillité et d'abondance de vie.

Le plus grand danger qui guette les chrétiens et chrétiennes du Québec c'est de craindre que le Bon Pasteur, dont parlent le prophète Jérémie et l'évangéliste Luc, est trop occupé à d'autres brebis dans des pays éloignés ou qu'Il ne sait plus sur quel chemin nous conduire ou, pire encore, qu'Il a quitté tout simplement le troupeau, Sa compassion et Sa pitié étant épuisées – à l'instar « des misérables bergers qui laissent périr et se disperser les brebis de leur pâturage ».

Comme dans l'Évangile, la foule continue à chercher le Bon Pasteur, à le poursuivre pour pouvoir tendre l'oreille à son enseignement et ouvrir les yeux devant ses gestes d'amour et de justice: la foule de gens qui ne savent plus quoi penser de la vie et de la mort, la foule de gens touchés parfois par des épreuves sans nom ou par des effets douloureux de la crise économique, la foule de gens qui voudraient vivre plus pleinement et voir « la haine être tuée » dans leur coeur, comme le dit saint Paul.

« Enseigne-nous, Berger » supplie cette foule. « Et longuement. Nous sommes assoiffés de Ta Parole et de la paix qu'elle procure. » Depuis 150 ans, la Parole du Bon Pasteur a rassemblé les fidèles dans ce beau temple et a fait naître une multitude de mouvements religieux et d'activités pastorales. Nous en rendons grâce au Seigneur aujourd'hui et nous offrons nos hommages à cette population dynamique qui se souvient du passé pour mieux bâtir l'avenir.

Aujourd'hui, où est notre espérance? Elle est avant tout dans notre conversion au Christ, Bon Pasteur, à Son seul Corps dont nous faisons partie. Elle est dans la conviction que le Christ agit avec force et puissance dans nos paroles et nos gestes lorsque nous mettons les pieds quelque part et que nous nous laissons guider par l'Esprit. Debout, mes frères bergers, mes soeurs bergères. Le loup de la crainte, le loup du défaitisme, le loup du respect humain ont déjà été vaincus par le Christ qui est notre paix.

Avec bonheur, cette dimension missionnaire et pastorale du baptême est accueillie par un nombre de plus en plus grand de croyants et croyantes. Des personnes acceptent des responsabilités petites ou grandes, pour une période tantôt courte ou tantôt longue au service de leur grande famille chrétienne. Alors, il n'y a pas des gens qui donnent et d'autres qui reçoivent, mais des gens qui reçoivent en donnant.

En cette année sacerdotale décrétée par Benoît XVI, heureuses les communautés où prêtres et laïcs, hommes et femmes, se font partenaires d'une même mission selon leur vocation. Heureuses les communautés où « les charismes des laïcs sous toutes leurs formes, des plus modestes au plus élevés, sont reconnus avec joie et développés avec ardeur » (Presbyterorum ordinis). La coupe est alors débordante.

Combien de personnes ont influencé la jeune dame dont j'ai fait mention au début pour qu'elle désire être fille de Dieu par le baptême? Cinq, cinquante, cinq cent? Peut importe, c'est toujours le bon Pasteur. Combien de personnes ont aidé cette octogénaire malade dans tel hôpital à se préparer sereinement à rencontrer son Sauveur : cinq cent, cinq mille? Peu importe, c'est toujours dans un seul Esprit le Bon Pasteur.

Nous sommes sans trêve responsables les uns des autres. D'où l'importance de l'Eucharistie, sacrement de l'unité et de l'Amour. Dans ce sacrement ineffable, le Christ, Bon Pasteur, rassemble les brebis de tous les pays, sur le chemin de la gârace et du bonheur, par le don du corps livré et celui du sang versé, et les investit de Sa force de Salut.

Chers amis de Saint-Anaclet, au nom de toutes les personnes présentes, y compris celles qui le sont par la télévision, je vous offre mes meilleurs voeux de bonheur et de prospérité.

Amen.

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