HOMÉLIE DU 26 AVRIL 2009
3e dimanche de Pâques B

PAROISSE SAINTE-ANNE
Tecumseh, Ontario

Président de l'assemblée :
Robert Couture, prêtre

Actes  (3, 13-15,17-19)
Première lettre de Saint Jean (2, 1-5a)
Saint Luc (24, 35-48)

Au début de cette réflexion, je vous pose cette question : « Qu'est-ce qui vous amène à croire ce que vous croyez? » Comme exemple : Qu'est-ce qui vous amène à croire que le ciel est bleu? Qu'est-ce qui vous amène à croire que l'oiseau chante dehors près de notre fenêtre? Qu'est-ce qui vous amène à croire que le parfum que vous portez a une bonne odeur? Qu'est-ce qui vous amène à croire que le gâteau a un bon goût? Qu'est-ce qui vous amène à croire que le visage du petit bébé est doux? La réponse que vous allez me donner est que c'est par le biais de l'expérience de nos sens et vous avez raison. On croit que le ciel est bleu parce que l'on le voit de nos propres yeux. On croit que l'oiseau chante parce que l'on l'entend de nos propres oreilles. On croit que le parfum a une bonne odeur parce que l'on le sent avec notre nez. On croit que le gâteau a un bon goût parce que l'on y a goûté et notre goût nous dicte que c'est bon. Et l'on croit que le visage du petit bébé est doux parce que l'on a eu l'occasion de le toucher avec nos propres mains.

Très simplement, on vit par le biais de nos sens et nos croyances en dépendent tous les jours. Comment souvent dans la vie a-t-on dit que je ne croirai pas sans l'avoir vu de mes propres yeux ou bien je ne croirai pas sans l'avoir entendu de la personne même de mes propres oreilles. Notre curiosité nous amène souvent à vouloir sentir des choses, à goûter à diverses nourritures et à toucher pour avoir une meilleure compréhension du produit devant nous. Les gens qui ont inventé le magasinage ont très bien compris cela: que les gens seraient plus prêts à acheter quelque chose qu'ils voyaient et étaient capables de toucher que quelque chose dans un catalogue par exemple.

On dit souvent que les gens qui perdent un des cinq sens ou ont été sans un des cinq sens depuis leur naissance fait que les autres sens deviennent beaucoup plus prononcés hors de la nécessité de survivre dans ce monde qui est nécessairement vécu par nos sens. L'aveugle a une ouïe beaucoup plus sensible. Souvent, le sourd et muet est capable de lire des lèvres pour mieux comprendre ce que les gens autour de lui ou d'elle disent d'eux. La personne sans bras apprend à écrire avec ses orteils. On pourrait continuer avec les exemples, mais je crois que l'on comprend très bien cette nécessité de nos sens.

Cela nous amène donc à la question primordiale de l'Évangile : « Qu'est-ce qui nous amène à croire en Dieu et plus spécifiquement en Jésus Christ, Sauveur du Monde et Messie mort pour nous et ressuscité d'entre les morts. » Si l'on vit par nos sens, personne dans cette église a eu l'occasion de voir Dieu ou Jésus physiquement en chair et en os. Personne a eu l'occasion de le toucher personnellement. Personne ne lui a parlé un à un ou l'a entendu parler à une foule.

Au contraire, les disciples et les apôtres de Jésus ont eu le privilège d'avoir vécu avec Jésus. Ils l'ont vu et ils l'ont touché. Ils l'ont entendu de leurs propres oreilles. Dans l'Évangile d'aujourd'hui, on a entendu Jésus qui reconnaît leur bouleversement qui les invite à le toucher. Il leur montra ses mains et ses pieds. Jésus mange un morceau de poisson grillé devant leurs yeux pour démontrer qu'il est vivant en chair et en os. Ils l'entendent leur réciter les Saintes Écritures qui met en contexte la logique du plan de Dieu dont il avait à souffrir et mourir avant de ressusciter le troisième jour. Les disciples d'Emmaüs l'ont reconnu quand il avait rompu le pain.

Il faut dire qu'à l'occasion je me sens très jaloux des disciples et des apôtres de Jésus qui ont eu l'occasion de faire l'expérience de Jésus que vous et moi n'aurons jamais. Et donc, cela nous ramène à la question encore une fois : « Qu'est-ce qui m'amène à croire en Dieu et en Jésus? » La réponse simple et pas simple est notre foi. C'est simple parce que ça se dit facilement. C'est pas si simple parce que ça ne se vit pas si facilement. Notre foi nous appelle à croire ce que nous avons pas vu de nos propres yeux et entendu de nos propres oreilles.

Notre croyance en Jésus est basée sur le fait que l'on croit que les Saintes Écritures nous dit vrai et que Jésus est vraiment le Fils du Dieu Vivant ressuscité d'entre les morts pour m'accorder vie éternelle. Par le biais de les apôtres et les disciples, on vit cette expérience du Christ vivant en cette belle saison de Pâques. On se met à leur place nous pensant dans la salle avec Jésus quand il apparaît aux disciples, il apparaît à nous. Nous croyons en faisant l'expérience des sacrements. Comme les disciples d'Emmaüs, on reconnaît Jésus à cette table dans l'Eucharistie quand le prêtre va rompre le pain en personne de Jésus Christ.

Croire que Jésus est avec nous physiquement dans l'Eucharistie est acte de foi suprême. Nous croyons en Jésus dans la prière ou dans le silence de nos coeurs on l'entend nous parler si on est à l'écoute. Et finalement, nous croyons par le biais de cette communauté rassemblée en son Nom. En se rassemblant, on vient à le reconnaître en chacun de nous et donc on vient en faire l'expérience.

L'Évangile d'aujourd'hui nous invite de vraiment faire confiance en Jésus qui nous dit vrai, reconnaissant cette crainte très légitime de se faire avoir. Même les disciples et les apôtres avaient de la misère à croire. La résurrection d'entre les morts ne s'était jamais vue avant Jésus et pour nous jamais après. Mais les disciples et les apôtres ont vu et ont cru. Nous croyons à cause de leur témoignage et ce qu'ils disent au sujet de Jésus est vrai. Et comme les disciples et les apôtres ont partagé cette expérience avec nos ancêtres qui à leur tour l'ont partagé avec nous, c'est maintenant à nous de continuer ce partage et que nous devenons maintenant ces nouveaux témoins de l'expérience vécue de notre foi.

Notre foi se vit par nos sens, par nos gestes et par nos paroles. Comme nous croyons maintenant à cause des gens qui nous ont précédé dans la foi, nous avons le mandat maintenant de faire de même et accorder aux autres autour de nous de faire l'expérience de Jésus par qui nous sommes et ce que l'on propage par nos sens, nos gestes et nos paroles. Encore une fois, ce n'est pas facile, ni pour eux qui nous ont précédés et ni pour nous. Mais on le fait car on reconnaît une joie débordante que l'on célèbre quand on a l'occasion de partager le Seigneur avec d'autres personnes qui cherche ce que l'on a déjà trouvé parce que nous sommes convaincus par ce que nous croyons.

« Qu'est-ce qui nous amène à croire ce que nous croyons? » fut la question au départ. Chacun de nous ne peut répondre à cette question que par notre expérience. Mais je suis convaincu qu'ensemble nous croyons en Jésus par ces belles paroles que l'évangéliste nous accorde aujourd'hui : « Il nous a ouvert l'esprit à l'intelligence des Écritures ».

<<  | index des homélies |  >>