HOMÉLIE DU 19 AVRIL 2009
2e dimanche de Pâques ou de la Miséricorde divine B

PAROISSE SAINT-ELZÉAR
Vimont, Québec

Président de l'assemblée :
Claude Desrochers, prêtre

Actes (4, 32-35)
Première lettre de St-Jean (5, 1-6)
Saint Jean (20,19-31)

Chers amis,

Nous n'avons pas fini de chanter Alléluia. Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie Alléluia!... Le jour de Pâques est plus qu'un jour de vingt-quatre heures. L'Église, dans sa sagesse, a cru bon considérer comme un seul jour l'octave de Pâques.... Nous dirons donc encore tout à l'heure : « Nous voici rassemblés devant toi, et, dans la communion de toute l'Église, nous célébrons le jour très saint où ressuscita selon la chair notre Seigneur Jésus-Christ... » Plus encore, le temps pascal dure cinquante jours. Nous avons besoin de temps pour nous acclimater à la joie de la résurrection. Il fera bon savourer la joie de la résurrection, meilleure au goût que le plus fin des chocolats... spécialement dans la conjoncture actuelle où l'Église connaît tant de turbulences. Durant les sept dimanches de Pâques, il sera question du « peuple des baptisés rayonnant de la joie pascale ». Devant ce grand jour de fête qui s'étire, est-ce utopique de penser à un crescendo de la joie pour devenir vraiment ce peuple de baptisés rayonnant de la joie pascale? Que la joie pascale soit contagieuse et se répande à l'instar de la source devenant un fleuve immense... Et « les fils de Dieu rassemblés chanteront leur joie d'être sauvés, Alléluia », proclamait le chant baptismal utilisé lors de l'aspersion.

Christ est ressuscité! Quelle bonne nouvelle! Pour ceux qui croient, la mort n'est pas la fin de tout. Quelque chose est arrivé à la mort. En sommes-nous suffisamment conscients? La mort est morte. Bien sûr, elle semble sévir encore à maints égards... mais ne nous fions pas aux apparences! « La mort et la vie s'affrontèrent en un duel prodigieux.  Le Maître de la vie mourut, vivant, il règne », claironnait la séquence du jour de Pâques. Mais, allez-vous me dire..., aujourd'hui nous sommes confrontés au doute de Thomas. Ce dernier refuse de croire au témoignage de ses condisciples qui affirment : « Nous avons vu le Seigneur ». Pauvre Thomas! Il ne faut pas trop l'accabler. Selon plusieurs exégètes, saint Jean a tout simplement reporté sur lui la lenteur à croire de tous les disciples (sauf Jean). La résurrection de Jésus était tellement inattendue. Devant une bonne nouvelle si incroyable, pas étonnant qu 'il y ait place pour le doute! Ah! Si j'avais le temps, j'aimerais réhabiliter le doute comme cheminement vers la foi. La résurrection du Christ ne sera jamais une évidence. Il n'y a pas de preuve de la résurrection. Personne n'a vu le Christ ressusciter. D'ailleurs, une caméra cachée, fut-elle de la Société Radio-Canada, n'aurait pas pu capter l'événement. C'est un mystère offert à notre foi. Nous avons absolument besoin des antennes de la foi pour affirmer : Christ est vivant! Il n'y a pas de preuve... mais des signes... et des signes nombreux qui rendent la foi plausible. « Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-ci y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom ». Un chant parle de signes par milliers... mais il y a surtout « le sacrement merveilleux de L'Église toute entière », auquel faisait allusion une prière de la veillée pascale. Accueillons le message lumineux de l'Église : Christ est ressuscité. Dieu a donc entériné tout ce que le Christ a dit et fait. Son Esprit souffle sur nous pour une vie nouvelle. Il est possible à la suite de Jésus, d'aimer, de pardonner, de servir comme Lui. C'est cela le message de l'Église! Il faudrait raconter comment la vie d'une multitude de personnes, depuis des siècles, a été transformée par la rencontre du Vivant. Citons seulement l'apôtre Paul dont nous soulignons cette année le deuxième millénaire de la naissance. Ses lettres sont de feu et il faut s'y référer. Combien d'autres après lui pourraient dire : « Pour moi vivre c'est le Christ ». À défaut de quoi nous pouvons au moins dire : « Tu es là au coeur de nos vies et c'est toi qui nous fais vivre ». La preuve que le Christ est vivant c'est qu'il nous fait vivre. La preuve du pain, c'est qu'il nourrit.

Parce que Jésus est ressuscité, à chaque fois que je pense à la mort, je rêve à la vie. Thérèse de Lisieux disait : « Je ne meurs pas, j'entre dans la vie. » Nous ne sommes pas des êtres en sursis, condamnés à une mort certaine, mais des êtres promis à la résurrection. Ça change tout! À Saint-Elzéar, nous avons un cimetière. Ce n'est pas un lieu morbide. C'est un espace sacré où ceux qui nous quittent reposent jusqu'à ce que le Seigneur les réveille dans la lumière de la résurrection. Quand nous déposons en terre la dépouille ou les cendres d'un être cher, à la manière d'un grain de blé, nous avons la certitude, dans la foi, que Dieu le réveillera dans sa lumière. En effet, j'en ai la conviction, si Dieu redonne vie au grain de blé jeté en terre, à combien plus forte raison fera-t-il revivre nos corps mortels, selon sa promesse, car ils valent bien plus qu'un grain de blé! Notre Dieu est le Dieu de la vie. Il ne veut pas que ceux qu'il a créés à son image et à sa ressemblance soient à jamais anéantis par la mort. Il veut, au contraire, qu'ils vivent pour toujours de la vie nouvelle qui a éclaté en Jésus ressuscité! Paul nous assure que nos corps mortels revêtiront l'immortalité. C'est pourquoi il s'exclame : « Mort où est ta victoire? » Le Seigneur dit aujourd'hui à chacun de nous, comme à Thomas : « Ne sois pas incrédule mais croyant ». Je souhaite à tous la joie de croire... cette joie est loin d'être incompatible avec la joie de vivre. Je vous souhaite donc la joie de vivre, intensément, et tout ce qu'ajoute à la joie de vivre, la joie de croire.

AMEN

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