HOMÉLIE DU 3 MAI 2009
4e dimanche de Pâques B

PAROISSE SAINT-POLYCARPE
St-Polycarpe, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Luc Cyr

Actes (4, 8-12)
Première lettre de Saint Jean (3, 1-2)
Saint Jean (10, 11-18)

Mes soeurs, mes frères,

Ce dimanche a été choisi pour célébrer le 275e anniversaire de la Seigneurie de la Nouvelle-Longueuil. Cette Seigneurie avait en effet été concédée au chevalier de Longueuil le 21 avril 1734. Son peuplement s'est développé d'abord autour d'une activité forestière. Dans la première moitié du XIXe siècle, cette industrie s'est trouvée en pleine croissance : de nouvelles agglomérations naissent. En 1834, cent ans après la concession de la Seigneurie, la première église allait être construite. Et c'est l'église de Saint-Polycarpe, dans laquelle nous sommes réunis ce matin. Elle avait remplacé une chapelle de mission construite en 1816.

Le modèle est à peu près toujours le même au temps de nos ancêtres. Dès qu'il y a une population suffisante, capable de soutenir le culte et la vie d'un prêtre, on construit d'abord une chapelle puis, plus tard, une église et on demande à l'Évêque d'ériger une paroisse. C'était donc les croyants eux-mêmes qui prenaient l'initiative de se donner un lieu de rassemblement et c'était eux qui réclamaient un prêtre. Ils voyaient dans le prêtre celui dont ils recevraient l'enseignement de foi par la Parole et le catéchisme et la sanctification par les sacrements. Qu'est-ce que nous dit ce fait d'histoire récurrent? Que la foi en Dieu et la confiance en l'Église étaient au coeur de la vie de nos ancêtres; que Dieu, le Christ et l'Église tenaient une place fondamentale dans leur vie; que la foi constituait un soutien majeur au long des jours d'une existence pas toujours facile.

Aujourd'hui, c'est le IVe dimanche de Pâques. Or il se trouve que, depuis plus de 40 ans, l'Église a fait de ce dimanche une Journée mondiale de prière pour les vocations. Tous les fidèles sont invités à prier pour que le Seigneur envoie des ouvriers à sa moisson : des prêtres, des diacres, des religieux, religieuses et autres personnes consacrées. Mais cela ne nous empêche pas en premier lieu, nous, ce matin, de rendre grâce pour la foi et la détermination de tous ces catholiques fondateurs à qui nous devons l'existence des communautés chrétiennes.

La foi s'est transmise sur ce territoire depuis 275 ans. Elle s'est transmise dans les familles. Elle s'est transmise aussi par la présence constante de prêtres au service des diverses paroisses qui sont nées l'une après l'autre et qui, jusqu'à récemment, avaient toutes leur curé. De ce point de vue là, les temps ont changé. Les prêtres vieillissent. Les vocations au presbytérat se font rare. Cela peut être décourageant. Malgré de telles circonstances, il faut garder confiance : c'est ce à quoi nous invite le Pape Benoît XVI dans le message qu'il a écrit pour ce dimanche des vocations. Il faut garder confiance en l'initiative divine. Et, pour y arriver, quoi de mieux que le réconfort que nous apporte l'évangile d'aujourd'hui.

« Je suis le bon pasteur, le vrai berger, dit Jésus. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. » Et plus loin : « Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

Voilà des paroles de Jésus pleines d'espérance. Jésus a donné sa vie pour nous. Et Il nous la donne encore chaque fois que nous célébrons l'Eucharistie. Et Il soutient ainsi notre action de manière indéfectible. C'est Lui qui agit, c'est Lui qui guérit, comme l'Apôtre Pierre l'a déclaré devant le grand conseil d'Israël. S'Il n'était pas là, nous aurions toutes des raisons de désespérer. Mais Il est là, source de toute notre espérance. Plus un milieu chrétien vit dans l'espérance, plus les chrétiens qui y vivent voudront que l'Évangile soit prêché et vécu, plus ce milieu sera fécond de toutes les vocations, y compris les vocations au presbytérat, au diaconat, à la vie consacrée et aux nouveaux ministères. Il est vrai que c'est Dieu qui appelle. Mais il est vrai aussi que cet appel, comme une semence, germera d'autant mieux dans les coeurs que le milieu de vie le favorisera. Le Pape Benoît XVI le rappelle d'ailleurs dans son message; « La confiance dans l'initiative divine, écrit-il, modèle et donne valeur à la réponse humaine. »

À quelque chose malheur est bon, comme on dit! La pénurie de prêtres semble voir été l'occasion, pour beaucoup de fidèles laïcs, de prendre dans l'Église la place qui leur revient. Pourtant nos communautés ont besoin plus que jamais d'hommes compétents et disponibles, signes du Christ Bon Pasteur. C'est le Christ qui a voulu de tels serviteurs à la tête des communautés pour les guider, pour y remplir en Son nom et en coresponsabilité avec l'Évêque les tâches spécifiques de la prédication de la Parole de Dieu et de la présidence des sacrements. Nos communautés ont besoin plus que jamais de prêtres pour faire l'Eucharistie, pour bâtir l'Église. Aucune communauté ne peut subsister à moyen ou à long terme, sans la célébration régulière et intégrale de l'Eucharistie.

Ces hommes compétents et disponibles, on ne les veut pas simplement pour combler des postes ou pour remplir des fonctions. On veut que, à l'image du Bon Pasteur, ils donnent leur vie pour leurs frères et leurs soeurs. On veut que leur être donné au Christ rende visible la présence du Christ comme Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Il en est de même d'ailleurs pour le diacre : par son être même, il doit rappeler à ses frères et soeurs l'exigence de se faire serviteur et servante les uns des autres, comme le Christ Lui-même nous l'a enseigné. Il en est de même aussi pour toutes les personnes consacrées : leur engagement à la suite du Christ dans la pauvreté, la chasteté et l'obéissance constitue un témoignage dont nos communautés ont besoin. Oui : au milieu de tout ce qui constitue notre vie de disciple, le Christ est l'Unique Nécessaire. C'est Lui le trésor caché qu'il nous faut acquérir, c'est Lui la perle rare qui vaut tous les sacrifices.

Il revient à chacun et à chacune d'entre nous de prier pour que, dans nos milieux respectifs, l'appel sans cesse lancé par le Seigneur soit entendu et trouve des coeurs disposés à le recevoir, cet appel. Pour toute l'Église et, en particulier pour notre Église diocésaine et, bien sûr, pour toutes les communautés chrétiennes de la Nouvelle-Longueuil, demandons au Seigneur qu'Il continue à envoyer des ouvriers à sa moisson.

AMEN

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