HOMÉLIE DU 23 novembre 2008
Le Christ, Roi de l'univers A

PAROISSE SAINTE-TRINITÉ
Gatineau, Québec

Président de l'assemblée :
Rodhain Kasuba Malu, prêtre

Ézékiel (34, 11-12.15-17)
Corinthiens (15, 20-26.28)
Saint Matthieu (25, 31-46)

Alors que nous célébrons la fête du Christ-Roi, il est très étonnant de constater qu'un mot revient plus souvent dans la liturgie d'aujourd'hui : c'est le mot berger. Un berger, c'est une personne qui garde les moutons. Tandis qu'un roi est un souverain, un chef, un majesté, un monarque, un prince. Dire que Jésus le Christ est roi, qu'est-ce que cela voudrait bien signifier? Quel est au juste le sens de la célébration du Christ-Roi? Dieu serait-il un roi? Le serait-il à la manière des souverains de ce monde?

Quand nous prions le Notre-Père, nous disons en effet : « Que ton règne vienne ». Et nous le souhaitons vraiment du fond de notre coeur. Nous reconnaissons donc que Dieu est Roi. L'idée même que Dieu soit Roi est très ancienne, et on la retrouve dans tous les textes du premier testament : Dieu est présenté comme roi sur la création, il est sur son peuple, il est roi par l'alliance. Et dans l'attente d'un messie promis, le peuple d'Israël a rêvé longtemps d'un roi puissant, glorieux. Une grande partie du peuple attendait en effet un roi qui serait venu avec une ambition politique, un roi qui monterait sur le trône de Jérusalem, qui restaurerait la royauté de David, qui pousserait enfin les romains hors de leur pays, car le peuple en avait assez d'être écrasé par les colons romains.

Mais quand Jésus arrive, il va tout le temps ramener son peuple, au contraire, à une autre royauté. Il va décevoir les attentes politiciennes trop élevées. Cela est tout à fait extraordinaire! En fait, et c'est très étonnant, Jésus ne répond pas au schéma d'un roi souverain et politique. À toutes les fois que l'on voudrait faire de lui un roi, il refuse et s'enfuit dans la montagne. Curieusement, c'est seulement pendant sa passion qu'il admet qu'il est roi. Très surprenant en effet, il l'admet alors qu'il est arrêté et jugé, alors qu'il est impuissant. C'est fou!

Il a fallu que les apôtres de Jésus passent par la terrible mort du vendredi saint, par le grand silence du samedi saint et surtout par le feu de la pentecôte pour comprendre que, oui, Jésus est Christ et messie, celui qu'on espérait que, oui, il est Roi, mais pas du tout comme on l'attendait : et son trône, c'est la Croix. C'est en effet sur la croix qu'ils ont compris qui est Dieu et qui est Jésus : Ils ont compris qu'il est Roi, et quel amour fou l'habite pour l'humanité.

Nous nous rappelons ces paroles de Jésus à son ami Philippe : « Philippe, qui m'a vu a vu le père ». Sur la croix, les apôtres ont vu en Jésus un roi dont le trône n'est pas un trône de domination, mais un trône d'amour et de pardon. Fêter le Christ-Roi, c'est hâter cette royauté d'amour. Comme l'évangile d'aujourd'hui nous le dit et comme les enfants viennent de nous le rappeler à travers le gestuel, nous sommes invités à poser de petits gestes quotidiens qui font advenir cette royauté de Jésus et qui le signifient. Ces gestes sont, notamment : un verre d'eau offert aux assoiffés de justice, de paix, de pardon; un pain de confiance partagé avec les affamés de l'amour, aux affamés de la vie; une main tendue aux prisonniers de tout genre, prisonniers d'une existence devenue pour certains-nes invivable; un vêtement de respect offert aux personnes dont la dignité est quotidiennement mis à nu... Dans l'évangile d'aujourd'hui, Jésus nous dit que non seulement nos gestes quotidiens ont une valeur humaine, mais qu'ils sont aussi des gestes religieux (au sens premier et fort du terme), c'est-à-dire des gestes qui nous relient à Dieu, des gestes qui atteignent Dieu au plus profond de lui-même, jusque dans son coeur.

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