HOMÉLIE DU 12 OCTOBRE 2008
28e dimanche du temps ordinaire A

CHAPELLE DES URSULINES
Québec, Québec

Président de l'assemblée :
Marc Pelchat, prêtre

Isaïe (25, 6-9)
Philippiens (4, 12-14.19-20)
Saint Matthieu (16, 21-27)

« Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. »

L'invitation au festin de noces qui retentit aujourd'hui, dans cette liturgie eucharistique où la parole et le pain sont partagés, découle de ce grand dessein de Dieu : la multitude des hommes est appelée au bonheur. Et ce bonheur, ce n'est pas autre chose que de connaître Dieu, de nous laisser rejoindre par sa présence mystérieuse. C'est le bonheur d'être appelé à le voir et, dès aujourd'hui à vivre déjà comme si nous étions avec Lui, en compagnie de toute l'humanité. Le bonheur, c'est de croire qu'il ne nous a pas abandonnés à notre sort mais que dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus le Christ, il a célébré ses noces, son union définitive, avec notre humanité.

Le projet de Dieu, c'est de vivre en alliance avec l'humanité qu'Il a créée. Mais n'est-ce que pas un projet un peu fou? La distance entre Lui et nous est tellement grande: il est Celui qui est au-dessus de tout et nous sommes un peu de poussière! (Gen 2, 7). Mais il est l'Amour et il met sa toute puissance au service de cet Amour. En Jésus, Il épouse notre nature humaine, il devient l'un de nous par son incarnation. Il devient notre frère, il devient l'époux de notre humanité.
« Heureux les invités au repas des noces du Seigneur»

C'est ce qu'a saisi Marie de l'Incarnation dans son union au Verbe incarné qui était si étroitement associée à sa mission. Dans ce qu'elle nous présente comme sa vision du Canada, il lui fut représenté ce grand pays et elle entendit le Seigneur dire au-dedans d'elle : « C'est le Canada que je t'ai fait voir, il faut que tu y ailles faire une maison à Jésus et à Marie. »

Les autres missionnaires, hommes et femmes, ont poursuivi la même quête de faire parvenir l'invitation du Seigneur aux populations déjà présentes ici, aux enfants à instruire, à toutes les personnes malades, aux malheureux et aux personnes à la recherche de réconfort ou d'une présence accueillante. Elles ont répondu à la vocation de faire ici une maison pour que tous puissent y rencontrer le Seigneur.

Aujourd'hui, nous poursuivons ce même ouvrage qu'ont accompli nos prédécesseurs : nous recevons l'invitation du Seigneur et nous travaillons à la transmettre. Cela se fait selon des modes bien différentes par rapport au temps de la Nouvelle-France, mais cela s'accomplit toujours, bien que d'une nouvelle manière, sur les mêmes terrains: le terrain de l'éducation, de la transmission des valeurs, le terrain de l'hospitalité et de l'accueil, le terrain de la compassion et de la participation à la construction d'une humanité toujours nouvelle, le terrain de l'humanité où la dignité des personnes est privilégiées, où la préséance est donnée aux relations authentiques avec les autres, en particulier les plus pauvres.

Dans ce contexte d'action de grâces propre à chaque liturgie eucharistique et en cette fin de semaine particulière de l'automne 2008, alors que s'achèveront dans quelque temps les Fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec, nous avons toutes les raisons de faire action de grâces. Un si riche héritage vaut la peine d'être célébré et , aujourd'hui en particulier, la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, est heureuse de se situer dans la lignée de celles et de ceux qui continuent de faire retentir l'invitation du Seigneur. Nous remercions le Seigneur pour la postérité des fondateurs religieux qui, comme l'apôtre Paul, ont fait beaucoup avec peu. Nous nous réjouissons spécialement des quinze années d'existence du Centre d'études Marie-de-l'Incarnation qui nous permet de puiser sans cesse dans le trésor de cette mère de l'Église en Nouvelle-France. Par elle et tous les autres, nous sommes toujours invités à passer à la table du Seigneur. Heureux les invités au repas du Seigneur.

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