HOMÉLIE DU 29 JUIN 2008
13e dimanche du temps ordinaire A

PAROISSE SANT'ANTONIO DI PADOVA
Ottawa (Ontario)

Président de l'assemblée:
Monseigneur Luigi Ventura, nonce apostolique

Isaïe (61.1)
Saint Luc (10.2)

Chers frères et amis,

La liturgie nous offre la possibilité d'anticiper en ce jour la fête de saint Antoine, patron de cette paroisse pour les Italiens d'Ottawa, et d'y associer la célébration du jour du Seigneur, mémorial hebdomadaire de la Pâques, avec la lumière qu'elle continue de projeter dans la vie des saints.

1- Les saints en effet, et saint Antoine en particulier, avec leur témoignage héroïque de foi, d'espérance et de charité, par leur vie, révèlent dans le temps le plan merveilleux de l'amour de Dieu pour l'humanité. Comme nous le montre l'Évangile, le Seigneur est venu, il appelle et continue à appeler non seulement les justes, mais les pécheurs. L'Église, que nous sommes, est faite de pécheurs; aucun n'est exclu; tous ont besoin de rédemption, offerte à tous à travers la rencontre avec le Seigneur qui invite à le suivre sur le chemin de la sainteté, à vivre l'expérience de son amour qui s'est manifesté dans la vie, les paroles, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus.

2- Aujourd'hui sont proposées à notre attention et à notre vénération la figure et la sainteté de saint Antoine; à travers sa figure familière et amicale, le Seigneur veut nous dire qu'il est près de nous et nous offre son amour.

3- Ferdinando di Buglione, son nom à la naissance, est né à Lisbonne. A 15 ans, avec le désir de suivre sa vocation religieuse, il entre dans la communauté des Augustiniens; il approfondit ses études théologiques dans une des meilleures universités du temps au Portugal, celle de Coïmbre; il est ensuite ordonné prêtre à 24 ans et, ayant assisté aux funérailles de 5 franciscains décapités au Maroc après y avoir été envoyés par saint François, conquis par la radicalité évangélique de ce nouvel Ordre de mendiants, il demande et est accueilli chez les Franciscains, changeant alors son nom pour celui d'Antoine.

4- Cherchant la voie du témoignage suprême du martyre, il demande de se rendre au Maroc. Une tempête provoque le naufrage du bateau transportant le petit groupe de franciscains; ils se retrouvent ainsi en Sicile. La vie de saint Antoine se déroulera désormais en Italie, à Assise, aux côtés de saint François pour le premier Chapitre général de l'Ordre, puis en Romagne dans un petit couvent où il assure la célébration de l'Eurcharistie à la communauté des cinq frères laïcs, assignés aux humbles travaux de la cuisine.

5- Par un hasard providentiel, devant l'absence du prédicateur attitré pour une ordination sacerdotale, on lui demande par obéissance, en improvisant et sans préparation immédiate, de donner le sermon de circonstance. La profondeur de sa pensée, sa culture théologique et ses dons intellectuels suscitent l'admiration de tous. A partir de ce moment, avec la permission écrite de saint François, il aura la charge de se consacrer à la prédication, au début en Italie du Nord, puis en France pour arrêter la diffusion de l'hérésie des Cathares et des Albigeois.

6- Le trois octobre 1226, meurt saint François. Antoine participe à Assise au Chapitre assemblé pour l'élection de son successeur. Après celui-ci, il est nommé Supérieur provincial en Italie du Nord et il continue son ministère de prédication et de conversion, lequel est accompagné de nombreux prodiges et miracles qui répandent sa réputation de sainteté. Il prêchera également, entre autres, le Carême à la Curie romaine et au Pape Grégoire IX, qui sera conquis par la spiritualité et la foi d'Antoine, l'appelant « Arche du Testament, exégète très experts, théologien sûr ».

7- Toujours humble et charitable avec les pauvres, fort et actif auprès des riches et des puissants, il a su unir la simplicité franciscaine avec l'intelligence des Écritures, conservant toujours le désir d'être caché et, comme le lui avait recommandé saint François, celui de la prière et de la contemplation.

8- Le Pape Grégoire IX, le même qui l'avait entendu prêcher, accueille la requête et charge l'Évêque de présider une commission pour évaluer les témoignages sur sa réputation de sainteté et les prodiges attribués à son intercession. En quelques mois, la documentation est complétée et, le 30 mai, moins d'un an après sa mort, dans une célébration solennelle présidée à Spolète, le Pape canonise officiellement saint Antoine.  53 miracles ont été reconnus (un véritable record). Sa fête a été fixée au jour de sa mort, le 13 juin.

9- Ses contemporains ont été frappés par sa prédication; le Pape Pie XII l'a aussi reconnu en lui donnant en 1946 le titre de Docteur de l'Église, « Doctor evangelicus », docteur évangélique. A une époque où se diffusaient de nombreuses hérésies relativement au message chrétien, où la vie de plusieurs s'éloignait de l'idéal évangélique, saint Antoine a su prêcher par la parole claire et profonde et illustrer par l'exemple la grandeur et la beauté du message du Christ.

10- Durant sa vie et après sa mort, Saint Antoine de Padoue est devenu un saint vraiment universel, honoré en chaque pays du monde, aussi de non chrétiens. Dans une homélie à Padoue, le 12 septembre 1982, le Pape Jean-Paul II se référait au Saint avec ces mots : « Sans faire d'exclusions ou de préférences, il y a un signe qu'en lui la sainteté a atteint de sommets de hauteur exceptionnelle, s'imposant à tous avec la force des exemples et apportant à son culte l'expansion la plus grande de par le monde. » En effet, il est difficile de trouver une ville ou un village du monde catholique, où il n'y ait pas au moins un autel ou une image de notre saint : son visage serein illumine d'un doux sourire des millions de maisons chrétiennes, dans lesquelles la foi alimente, par son intermédiaire, l'espérance en la Providence du Père éternel. Les croyants, surtout les plus humbles et sans défense, le considèrent et le sentent comme leur propre Saint : toujours disponible et puissant intercesseur en leur faveur.

11- Il me semble que le symbolisme de l'offrande du pain, dans le souvenir de Saint Antoine, nous met en juste syntonie avec la célébration qui a lieu à Québec, du 15 au 22 de ce mois : le Congrès Eucharistique international, avec le thème « Eurcharistie, don de Dieu pour la vie du monde ».

La célébration de la fête du Saint oriente notre recherche du Seigneur, qui se fait pain pour la vie du monde, donc notre recherche de sens dans le Christ; elle nous invite à rencontrer le Seigneur dans le sacrement qui nous offre l'expérience de sa miséricorde et dans lequel nous le recevons comme aliment et compagnon sur le chemin de notre vie.

Le Saint, médiateur privilégié dans l'Église auprès du Père céleste, traduit pour nous et pour ainsi dire prolonge en notre temps les sentiments du coeur de Dieu : il prodigue réconfort, donne espérance, ouvre notre coeur à qui vit près de nous, il nous invite à nous asseoir à la table avec le Seigneur, pour partager ses dons.

<<  | index des homélies |  >>