HOMÉLIE DU 1er JUIN 2008
9e dimanche du temps ordinaire A

CHAPELLE DE LA MAISON MÈRE DES FILLES DE MARIE-DE-L'ASSOMPTION
Campbellton, Nouveau-Brunswick

Président de l'assemblée:
Monseigneur Valéry Vienneau, évêque

Deutéronome (11, 18.26-28.32)
Romains (3,21-25a.28)
Saint Matthieu (7, 21-27)

Mes frères et mes soeurs dans le Christ Jésus

Nous venons d'entendre la conclusion du premier grand discours de Jésus dans l'évangile de Saint Matthieu. Jésus avait gravi la montagne, s'était assis et avait passé de longs moments à enseigner aux disciples et à la foule. Ce premier discours de Jésus présentait déjà le coeur de la pratique évangélique : les Béatitudes, l'appel à dépasser la loi ancienne, la réconciliation, l'amour des ennemis, le fait de ne pas porter de jugement, le Notre Père, l'impossibilité de servir deux maîtres, et des instructions sur la prière, l'aumône et le jeûne.

Les disciples et la foule avaient écouté attentivement Jésus. Celui-ci a terminé ce sermon sur la Montagne par un avertissement : « Il ne suffit pas de me dire: Seigneur, Seigneur! Pour entrer dans le Royaume des cieux; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». Ce qui plaît à Dieu, ce ne sont pas seulement nos moments de prières, mais aussi tous les moments de notre journée quand nous cherchons à accomplir sa volonté sur nous. Pour que les enseignements de Jésus aient un impact ou un effet dans notre vie, il faut bien sûr les écouter, mais aussi les incorporer à notre vécu. Pour illustrer cela, voici une petite histoire :

Un soir, il y avait un manufacturier de savon et un curé qui prenaient une marche ensemble. Le manufacturier de savon n'était pas un homme de foi. Il allait à l'Église à Noël et à Pâques pour faire plaisir à son épouse. En marchant, il a dit au curé : « L'évangile que tu prêches dans ton Église n'a pas fait grand bien. Regarde autour. Il y a encore beaucoup de mal et de mauvais dans le monde et aussi beaucoup de personnes mauvaises. Ça doit être que le message de l'Évangile n'a pas trop de force ». Et le prêtre lui n'a rien dit jusqu'au moment où ils ont passé devant des enfants tout sales qui s'en allaient à leur maison après avoir joué à faire des gâteaux avec de la terre dans une mare d'eau. Le curé n'a pas manqué sa chance et puis il a dit au manufacturier de savon : « Je vois que le savon n'a pas fait grand bien dans le monde parce qu'il y a beaucoup de saleté, et bien des enfants sales autour ». Tout de suite, le manufacturier a répondu : « Tu sais bien que le savon est seulement efficace quand il est appliqué ». Et le curé a répondu : « Et bien mon cher ami, c'est exactement la même chose avec l'Évangile ». Le message du Christ aura un effet dans notre vie et dans le monde dans la mesure où nous l'écouterons, où nous y croirons et où nous chercherons à le vivre en profondeur.

Pour insister encore sur le fait que son enseignement doit passer dans la vie de ses disciples, Jésus raconte l'histoire de deux bâtisseurs, l'un prévoyant et l'autre insensé. Chacun bâtit sa propre maison. La seule différence notée par Jésus entre les deux maisons concerne la fondation: l'une est bâtie sur le roc, l'autre sur le sable. Tout semble adéquat et stable jusqu'au moment d'une tempête. Pour nous décrire cette tempête, Jésus utilise un langage descriptif : « La pluie est tombée; les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé... » La pluie, les torrents et le vent représentent la diversité et l'intensité des tempêtes de la vie auxquelles nous sommes tous et toutes confrontés à un moment ou l'autre. La personne qui pourra résister à toutes ces tempêtes sera celle qui aura bâti sa vie sur le roc.

Jésus nous invite à accomplir la volonté de Dieu en nous lançant un double appel : écouter et mettre en pratique. Dans la première lecture tirée du Deutéronome, Moïse lance un appel semblable au peuple hébreu: écouter la Parole de Dieu, c'est s'assurer la bénédiction. Et à la fin de son discours, Moïse ajoute : « veillez à mettre en pratique les décrets et les commandements que je vous présente aujourd'hui ».

Chères religieuses, Filles Marie de l'Assomption, votre fondateur, Monseigneur Arthur Melanson, parlait lui aussi de mettre en pratique. Dans une lettre en 1928, adressée à votre communauté, au tout début de sa fondation, il écrivait : « La véritable joie sur la terre consiste à se donner, à se dépenser pour les autres. A l'exemple de Marie, il ne faut pas mesurer son dévouement, il faut savoir se donner, se dépenser sans réserve, parfaitement et cela à tous les jours et à chaque instant du jour ». Et dans une autre lettre, cinq ans plus tard, il disait : « Ne nous effrayons pas trop des épreuves et des souffrances. C'est la loi, il faut la subir, si nous voulons faire une oeuvre solide et durable ».

Pour nous, de façon pratique, dans notre vie de tous les jours, que veut dire « bâtir sur le roc »? Pour y arriver, nous devons avoir le coeur entièrement centré sur le Christ Jésus, lui donner la première place dans notre vie en écoutant son enseignement et en cherchant à le vivre chaque jour. Nous devons accueillir l'enseignement de Jésus dans sa totalité et éviter d'être sélectifs. Il y a des pages d'évangiles que beaucoup choisissent de ne pas entendre.

« Bâtir sur le roc », c'est écouter tous les enseignements de Jésus et chercher à les vivre en profondeur. « Bâtir sur le roc », c'est faire en sorte que notre vécu corresponde à notre foi, que nos actions supportent nos paroles. Autrement nous ne sommes que des acteurs. « Bâtir sur le roc », c'est accepter d'y travailler pendant toute notre vie. Cela me rappelle une petite histoire à propos d'une enseignante en catéchèse qui en parlant du baptême a demandé à ses étudiants de troisième année : « mes chers enfants, est-ce que vous êtes venus au monde chrétien? » Après quelques moments d'hésitation, il y a un petit garçon qui a levé la main et qui a dit : « Non, madame, on n'est pas venu au monde chrétien, on est venu au monde normal ». Et bien oui, il avait raison, c'est chaque jour que nous cherchons à devenir de plus en plus chrétien ou chrétienne en écoutant l'enseignement de Jésus et en le mettant en pratique. Chaque jour nous donne la possibilité de choisir entre le roc ou le sable.

C'est exigeant, mais tellement rassurant. Et ainsi avec le psalmiste, on peut chanter : « c'est toi, Seigneur, le rocher qui me sauve ». Prions le Seigneur de nous apprendre à « bâtir sur le roc ». Continuons notre célébration en rendant grâce pour Jésus, don de Dieu pour la vie du monde. Amen.

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