HOMÉLIE DU 18 NOVEMBRE 2007
33e dimanche du temps ordinaire

PAROISSE SAINT-NORBERT
St-Norbert (Manitoba)

Président de l'assemblée :
Mgr Émilius Goulet, p.s.s.

Malachie (3, 19-20a)
Thessaloniciens (3,7-12)
Saint Luc (21, 5-19

Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit.

Frères et soeurs dans le Christ,

L'année liturgique qui nous fait revivre dans la foi les événements marquants de l'histoire du salut, va bientôt s'achever. Les textes bibliques de ce 33e dimanche nous mettent en face de l'aventure humaine, de son sens, de sa croissance et de son but ultime.

Ce même thème sera repris au début de la nouvelle année liturgique qui va s'ouvrir dans deux semaines avec le premier dimanche de l'avent. Entre temps, la fête du Christ Roi récapitule tout dans le Christ et unifie l'histoire. Jésus Christ est le même, hier et aujourd'hui, il le sera à jamais.

C'est encore à ce vaste regard sur le monde que seront invités les croyants au début de la nouvelle année liturgique. Il nous arrive le soir de jeter un coup d'oeil sur ce qu'a été notre journée. Le matin également, sur ce que nous réserve le jour nouveau.

L'Église se sert au début et à la fin d'une année liturgique de la même pédagogie qui nous amène à faire le tri entre l'accessoire et l'essentiel, entre les moyens et le but. Dans l'évangile d'aujourd'hui, tout part du temple de Jérusalem, les disciples s'extasient devant ce qui fait l'orgueil et l'admiration du peuple juif. Et Jésus de déclarer, de ce temple il n'en restera pas pierre sur pierre. Un faux attachement à ce qui est relatif, soit-il très esthétique, risque de fausser le regard, de détourner de l'essentiel, voir de l'absolu.

La destruction du temple, Jésus la présente comme le signe d'un monde lui aussi provisoire. Un monde qui prépare un nouveau monde et qui doit se mettre au service du monde définitif. C'est là, la grandeur et la vocation du monde dans lequel nous vivons. Nous conduire à un monde nouveau, inspiré par, inauguré dis-je, par le Christ.

Jésus ne dira-t-il pas lors de sa passion, détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. Il parlait du temple de son corps, annonçant ainsi le mystère Pascal de sa mort et de sa résurrection, qui est le jaillissement d'une vie nouvelle pour un monde nouveau.

C'est bien le mystère Pascal qui est au centre de la liturgie de ce jour, annoncé déjà par le soleil de justice dont parle le prophète Malachie, cinq siècles avant notre ère.

Le monde doit lui aussi passer par des heurts, des bouleversements, des crises, des doutes, pour devenir un jour cieux nouveaux et terre nouvelle.

Saint Paul sera le théologien de ce mystère Pascal aux dimensions de tout l'univers, au retentissement cosmique. La création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs de l'enfantement dit-il dans sa lettre aux Romains.

Aussi, Jésus ne veut-il pas que nous soyons angoissés, ne vous effrayez pas dit-il. Il attire notre attention sur cette croissance intérieure ou se levain dans la pâte qui à cause du péché du monde de la puissance des ténèbres et est souvent chemin de douleur, de persécution et de contradiction. Pourtant le dynamisme de l'esprit soulève le monde et est en train de le transformer. Ce dynamisme donne aux croyants de désirer les véritables valeurs, les véritables biens.

Les yeux fixés sur l'essentiel, à savoir le but ultime de notre vie, ne nous laissons pas égarer par de faux prophètes qui exploitent l'angoisse de ce temps, pour annoncer abusivement quelque fin du monde, et détourner l'être humain de ses responsabilités et solidarité, ainsi que de sa fin ultime.

Si on s'en tient aux signes que donne Jésus, ils sont de tous les temps, en ce sens, nous sommes aujourd'hui comme hier, au carrefour des siècles, témoins et acteurs en permanence de cette immense enfantement, de cette profonde croissance ou transformation du monde.

Ce n'est pas le moment de nous laisser aller à l'oisiveté ou à la paresse. Vivons nos solidarités par le travail, c'est l'encouragement et le conseil que donne saint Paul aux chrétiens de Tessalonique. Montrant lui-même l'exemple malgré sa charge d'apôtres.

Contrairement aux apparences, n'aurions-nous pas dans cette liturgie d'aujourd'hui comme une grande fresque du mystère Pascal, qui continue et accomplit cette belle fresque de la création dans la Genèse. Nouvelle création, une nouvelle création est en train de naître dans l'univers, dans ce monde qui sera transformé par le dynamisme de l'esprit et la grâce du Seigneur.

Chaque fois que dans l'espérance, nous vivons au quotidien nos solidarités, nous donnons à notre monde un air de Pâques, tenons le coup. Nous avons l'assurance que pas un cheveu de notre tête sera perdu.

Inspirées par l'esprit de l'évangile, plusieurs générations de chrétiens et de chrétiennes ont cheminé à la suite du Christ dans cette paroisse depuis 150 ans. Au début du nouveau millénaire, le pape Jean-Paul II nous invitait à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l'avenir. Le Christ est le même hier et aujourd'hui et il le sera à jamais. En effet, le temps passe vite, mais Jésus Christ demeure toujours au milieu de nous, nous sommes plus que jamais le peuple de Dieu en marche, guidé par celui qui est le grand pasteur du troupeau, vers lui qui est la fin de l'histoire et l'unique sauveur du monde, l'église par l'esprit crie, vient Seigneur Jésus.

L'événement important que nous célébrons nous fournit l'occasion de réfléchir sur le sens de la communauté chrétienne. La paroisse est une communauté précise de fidèles qui est constituée d'une manière stable dans une église particulière et dont la charge pastorale est confiée au curé comme à son pasteur propre, sous l'autorité de l'évêque du diocèse. La paroisse c'est le lieu où tous les fidèles peuvent être rassemblés pour la célébration dominicale de l'eucharistie. La paroisse initie le peuple chrétien à l'expression ordinaire de la vie liturgique, elle le rassemble dans cette célébration, elle enseigne la doctrine... du Christ, elle pratique la charité du Christ dans les oeuvres bonnes et fraternelles.

Mes amis, avec beaucoup d'enthousiasme, je désire vous rappeler cette belle réflexion de Saint Jean Chrisostome, « Tu ne peux pas prier à la maison comme à l'église, où il y a le grand nombre, où le cri est lancé à Dieu d'un seul coeur, il y a là quelque chose de plus, l'union des esprits, l'accord des âmes, le lien de la charité, les prières des prêtres ».

Durant la célébration eucharistique ce matin, tous ensemble nous prions pour que la célébration de cet anniversaire important contribue à renforcer de plus en plus les liens d'unité et de charité dans votre paroisse.

Amen.


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