HOMÉLIE DU 11 NOVEMBRE 2007
32e dimanche du temps ordinaire

PAROISSE SAINT-BONAVENTURE
Ottawa (Ontario)

Président de l'assemblée :
Doris Laplante, C.Ss.R.

Isaïe (32, 15-18)
Saint Jean (20, 19-23)

La paix

La paix, tous la veulent. La paix pour soi-même : être tranquille dans ses affaires, chez soi, être seul. La paix pour son petit-monde : ne viens pas toucher ou même voir ce qui est à moi, ce qui m'appartient. Respecte la propriété privée! La paix pour son environnement : qui veut vivre dans un pays où on entend continuellement les bombes qui éclatent? Mais travaillons-nous vraiment à la paix? Et dans le fond, que veut dire : « travailler à la paix »? « travailler pour la paix »?

Dans quelques instants, nous serons invités à écouter des gens qui ont accepté de s'engager pour sauvegarder cette valeur essentielle à notre monde, la paix. Durant les dernières grandes guerres, pensons ici à celles que nous appelons : la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, la guerre de Corée, du Vietnam, du Golfe persique et à celle que nous vivons maintenant, la guerre de l'Afghanistan. Il y a eu des gens, des hommes et des femmes, qui se sont engagés pour sauvegarder la paix, pour rétablir la paix entre les hommes et les femmes.

Notre but aujourd'hui n'est pas d'accuser ou de trouver le ou les coupables à ces guerres. Notre but est plus de réfléchir à l'effet de ces guerres. Quand une guerre éclate, débute, bien entendu, les personnes qui en prennent la décision, la grande décision, ne sont pas celles qui partiront au front pour se battre. On enverra les soldats qui forment l'armée. Ce sont ces personnes, les premières, qui souffrent de la guerre. Nos soldats, tous les soldats, ne veulent pas la guerre. Ils sont engagés pour défendre les positions des personnes, des dirigeants qui ont initié la guerre.

Les photos, nombreuses, que l'on s'envoie par Internet, par courrier électronique;
- où l'on voit un soldat serrant dans ses bras un enfant,
- où l'on voit un soldat lisant une lettre d'un membre de sa famille, les larmes aux yeux,
- où l'on voit des soldats travaillant fort pour reconstruire ce qui a été détruit par les bombes,
- où l'on voit des photos de paysages si beaux qui sont maintenant dévastés à cause de la guerre...

Et tous ces films qui ont été tournés pour nous rappeler les horreurs de la guerre et je pense ici au film Le jour le plus long ou à un de ces films qui ont été tournés sur la guerre civile au Rwanda ou en d'autres pays; je pense surtout au film Joyeux Noël où l'on voit des soldats ennemis célébrer la fête de la paix, Noël, et qui seront punis pour avoir osé partager avec l'ennemi.

Mais ces soldats étaient ennemis par obligation et non pas par volonté. Même le fait qu'ils servaient des « maîtres », des dirigeants de pays différents avec des idées qui s'opposaient, ils avaient réussi à apprendre à faire la paix, à vivre en paix, une nuit, un jour. Et leurs maîtres leur en voudront.

On pourrait parler longtemps sur la paix et les horreurs de la guerre. Nous venons d'entendre la Parole de Dieu, Parole de paix pour nous, aujourd'hui. La première lecture nous parlait de la paix comme fruit de justice. Et la justice, n'est-ce pas premièrement, respecter les autres dans ce qu'ils sont et ont? L'Évangile nous montrait Jésus, ressuscité, soufflant son esprit de paix sur ses disciples et cela, pour que nous puissions être capables de nous pardonner nos différences... Je devrais probablement dire accepter nos différences... Mais comme nous ne les acceptons pas, nos différences, nous accusons l'autre d'être différent et ainsi débute la guerre, débutent les guerres.

L'homélie devrait être capable de dire : « Aujourd'hui, cette parole de Dieu s'accomplit, se réalise, chez nous. » Pour pouvoir le dire, écoutons premièrement deux vétérans de guerres passées mais qui gardent en mémoire, parfois malheureusement, des souvenirs atroces de ce qu'ils ont vécu...

J'invite le Brigadier-général Stan Johnstone à s'avancer.

Lors d'un bref séjour en Afghanistan, j'ai rencontré personnellement les militaires canadiens qui accomplissent leur mission avec courage et professionnalisme.

Le concile Vatican II, dans sa Constitution Gaudium et Spes, esquissait une réflexion manifestant une compréhension nettement positive du rôle des militaires par rapport à la promotion de la Paix  : « Ceux qui se vouent au service de la patrie et qui sont incorporés dans l'armée se considéreront eux aussi comme serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples et s'acquittant correctement de cette tâche, ils contribuent vraiment à la consolidation de la paix. »

Nos militaires canadiens méritent notre respect et notre support. Les aumôniers militaires assurent un ministère de présence auprès d'eux et de leur famille. À titre d'aumônier général des Forces canadiennes, je leur rends un vibrant hommage.

Aujourd'hui, nous nous souvenons de ceux et celles qui ont fait le sacrifice ultime de leur vie et spécialement de leur famille qui vivent en deuil. Que leur sacrifice soit pour nous le rappel de la nécessité de nous engager pour la paix là où nous vivons: dans nos familles, nos écoles et nos communautés. Relevons ce défi avec générosité.

Encore aujourd'hui, on peut s'engager en faveur de la paix. On peut travailler à la paix, travailler pour la paix. Ici, à toutes les semaines, durant la première partie de la liturgie, des jeunes se rassemblent et durant les dernières semaines, en voulant se préparer à vivre cette célébration, ils ont réfléchi, prié et préparé des messages pour nos soldats qui, aujourd'hui, travaillent en Afghanistan pour la paix. Je les invite à s'avancer, à déposer leur dessin, leur message, dans ce panier devant l'autel. J'invite en particulier deux d'entre eux à venir nous présenter son dessin, à nous lire son message.

Seigneur Jésus donne courage aux soldats qui mènent un combat... afin qu'un jour règnent la paix, la liberté et l'amour sur la Terre et dans nos coeurs. Cher soldat, cela doit être difficile de risquer sa vie et penser que tu pourrais mourir. Je te remercie d'avoir fait cela pour nous assurer que plusieurs pays soient en paix. Merci.

Déjà, par ces témoignages, nous pouvons entendre l'homélie nous dire que cette page de la Parole de Dieu que nous avons entendue se vit aujourd'hui dans notre communauté. Mais je crois que nous pouvons faire encore un peu plus... nous engager... Ici, il y a une couronne de coquelicots, cette fleur qui pousse à tous les automnes sur les revers et cols de plus de la moitié de la population totale du Canada. Depuis 1921, le coquelicot signifie le symbole du Souvenir, notre engagement visuel de ne jamais oublier tous les Canadiens qui sont morts à la guerre et dans des opérations militaires. Le coquelicot signifie aussi, à l'échelle internationale, un symbole de « réminiscence collective » car d'autres pays ont aussi adopté son image pour honorer ceux qui ont fait le sacrifice ultime.

Nous sommes donc invités à venir chercher un coquelicot et à le porter durant cette Journée du Souvenir. Porter un coquelicot, c'est se souvenir de ceux et celles qui ont défendu la paix. Mais porter un coquelicot, c'est avant tout s'engager, à notre tour, pour que la paix règne ici, dès maintenant.


<<  | index des homélies |  >>