HOMÉLIE DU 2 SEPTEMBRE 2007
22e dimanche du temps ordinaire

PAROISSE SAINT-DENIS
Haywood, Manitoba

Président de l'assemblée :
Mgr Émilius Goulet, p.s.s.

Ben Sirac le Sage (3, 17-18.20.28-29)
Hébreux (12, 18-19.22-24a)
Saint Luc (14, 1a.7-14)

Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place.

Frères et soeurs dans le Christ,

Prendre la dernière place quand on est invité à un repas, inviter à sa table des pauvres, des estropiés, des aveugles, voilà des manières qui n'étaient guerre courantes hier et qui ne le sont pas plus aujourd'hui.

Au cours d'un repas chez un chef des Pharisiens, Jésus a vite remarqué que l'on se précipitait vers les premières places et que les invités étaient des amis, des parents ou des riches voisins. En somme, des gens biens.

Le verset qui introduit cette scène de l'évangile de Saint Luc, dit que Jésus est entré pour prendre son repas et que les Pharisiens l'observaient. Un jour de sabbat chez un chef de Pharisien, pas nécessairement invité, tenir de tels propos et critiquer ouvertement les habitudes. N'est-ce pas de la provocation? Ne serait-ce pas plutôt la volonté de Jésus d'aller à la rencontre de ceux qui refusent la parole. Ne serait-ce pas aller aux devants de ceux qui ont besoin du salut qu'il est venu apporter pour leur annoncer par sa présence au milieu d'eux, un monde nouveau, un ordre nouveau, de nouveaux critères, une nouvelle échelle de valeurs, un autre ordre de grandeur et de préséance dont l'essentiel est de se mettre au dernier rang. Pour servir. On est loin des recommandations de savoir faire. Ce sont là les moeurs du Royaume des Cieux, dont les principales composantes sont l'humilité et la gratuité. Ce sont là les manières de Dieu. C'est lui Dieu qui en Jésus de Nazareth prend la dernière place, le dernier rang, de la crèche à la croix. Le fils de l'homme n'a même pas une pierre où reposer sa tête et après sa mort, son corps ne trouvera place que dans une sépulture d'emprunt.

Le contraste est d'autant plus frappant qu'avec toutes ses capacités, en qualité de Messie, Jésus aurait pu aisément prendre la première place. Première place dans l'ordre du discours. Jamais homme n'a parlé comme cet homme. Première place dans l'ordre de l'économie. Il nourrit une fouille en plein désert. Première place dans l'ordre de la médecine, il guérit toutes sortes de maladies. Première place dans l'ordre moral et la lutte contre le mal, il chasse les esprits mauvais. Première place au rang du pouvoir sur les forces de la nature, il commande au vent et à la mer. Prendre la première place, il peut dire qu'au début de son ministère, Jésus a eu cette tentation. Cette envie. Cette place que Satan lui propose. Cette place qui nous est encore proposée aujourd'hui. Écraser et mépriser les autres pour arriver à ses propres fins. La place des forts, la place des empereurs, celle des dominateurs, de ceux qui confisquent la liberté sans écouter. Ne songeant qu'à fermer la bouche par des nourritures terrestres à éblouir, à séduire.

Pourtant, comme le dit aujourd'hui notre deuxième lecture, le médiateur de la nouvelle alliance vient sans les fastes du Sinaï. Invitant à la liberté, à la fête et à la joie. Tous les premiers nés de ce monde nouveau qu'il est venu établir. Dans sa vie comme dans sa mort, Jésus a pris cette dernière place pour inviter au festin des noces, tous les pauvres, les exclus, les aveugles, les estropiés. C'est pourquoi Dieu l'a exalté et lui a donné le nom qui surpasse tout nom. Le magnificat chante cette victoire. Il renverse les puissants de leur trône. Il élève les humbles, il disperse les superbes. L'humilité qui aux yeux du monde est une faiblesse, se révèle comme la vérité de notre être, l'attitude du service de la communication, des relations avec les autres, des solidarités. C'est le chemin vers la vraie grandeur. Sirac le Sage, dans son journal spirituel, a comme vécu et pressenti tout cela lorsqu'il écrit au deuxième siècle avant notre ère, « Plus tu es grand, plus il faut t'abaisser. La condition de l'orgueilleux est sans remède car la racine du mal est en lui. » Depuis que ressuscité, il vit au coeur de son église, Jésus nous invite à sa table eucharistique, il nous offre son corps à manger et son sang à boire. Pauvre pécheur que nous sommes, nous ne pourrons jamais lui rendre la politesse. Pourtant, grâce à cette invitation, nous sommes là dans la salle du banquet, si différents les uns des autres, mais tout ce pauvre devant lui, chacun a ses propres limites, misères. Pour communier à la table du Seigneur, la seule condition requise c'est de vivre dans la communion de son amour, en accomplissant ses commandements et en vivant les béatitudes.

Amen.


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