HOMÉLIE DU 1er JUILLET 2007
13e dimanche du temps ordinaire

ÉGLISE SAINTE-GENEVIÈVE
Ottawa, Ontario

Président de l'assemblée :
Michel Pommainville, prêtre

Exode (17,3-7)
Romains (5, 1-2.5-8)
Saint Jean (4, 5-15. 19b-26.39a.40-42)

Suite à l'écoute de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine, allons rejoindre le Seigneur sur la margelle du puits de Jacob où il s'est assis après une marche longue et épuisante sous le soleil ardent du Moyen-Orient. Il est fatigué. Il a chaud. Il a soif. Devenons des témoins muets et attentifs de cette rencontre.

Survient la Samaritaine sortie en plein midi puiser de l'eau. « Femme, donne-moi à boire » dit Jésus. « Comment, toi un Juif, oses-tu me demander à boire, moi une Samaritaine? » Nous savons que les Juifs n'entretenaient aucune relation avec les Samaritains. Et le Seigneur avec doigté répond : « Si tu savais le Don de Dieu. Si tu connaissais celui qui te dit :  "Donne-moi à boire", c'est toi qui lui aurais demandé à boire et il t'aurait donner de l'eau vive. » Elle ne comprend pas. Il demande l'eau du puits et il lui offre une eau inconnue «l'eau vive de sa présence ».

On voit qu'elle demeure sur le palier matériel tandis que Jésus l'amène doucement à parler de l'eau vive de sa présence. Il lui dit « Va, appelle ton mari et reviens. » « Je n'ai pas de mari. »  Elle en a eu cinq!  Il est important de signaler que Jésus offre cette source d'eau vive non pas à une sainte femme mais à une femme pécheresse. Cela veut dire que nos fautes, nos erreurs, nos blessures ne l'éloignent pas de nous. Au moindre appel de notre part Il est là pour nous pardonner, nous donner une piste de conduite... pourvu qu'on l'écoute!

Jésus se laisse découvrir peu à peu par la Samaritaine. Il attend qu'elle fasse le lien entre ce qui lui arrive et la Promesse du Messie. « Quand le Messie viendra, dit-elle, c'est lui qui vous fera comprendre toutes choses. »  Jésus voit qu'elle est prête à le recevoir. Alors il se révèle à elle. « Moi qui te parle, je le suis. Je suis le Messie. »

Cette découverte la soulève tellement qu'elle en oublie sa cruche sur la margelle du puits et court vers les siens tout raconter. Elle devient missionnaire de la parole qu'elle vient d'entendre. Enfin elle voit clair face à cet homme et face à la vie. Les Samaritains écoutant son récit comprennent que Jésus est le Messie, Sauveur du monde et ils croient en Lui. Voyez-vous, dans un simple dialogue elle a reçu le don de Dieu :  l'Esprit Saint, source d'eau vive pour la vie éternelle. Il s'est manifesté à elle comme le Messie attendu et lui a annoncé le Père, qui veut être adoré en esprit et en vérité.

Dans cette liturgie d'aujourd'hui tout gravite autour d'une rencontre où le Seigneur par sa Parole nous instruit. Souvent et pas toujours à tort, il nous est pénible de faire des liens entre la Parole de Dieu et nos situations de vie!  Aujourd'hui, rien de tel, car la Samaritaine est bien de notre temps. D'abord elle est femme!  Les relations hommes femmes ne sont-elles pas, en plusieurs endroits un point chaud?  Même très difficile au temps de Jésus. La Samaritaine que l'on rencontre est inquiète spirituellement, c'est une chercheuse de Dieu avec un brin de scepticisme. N'est-ce pas que nous nous reconnaissons en elle?

Toute rencontre avec Jésus renvoie la personne à ce qu'elle est au plus profond d'elle-même. Notre Samaritaine n'échappe pas à cette expérience, qui demeure, encore aujourd'hui, celle de tout disciple authentique. Qui est le disciple ou qui sont les disciples authentiques?  C'est vous, c'est moi... toujours en recherche de se désaltérer dans le Seigneur. Cette opération semble libérer la Samaritaine:  elle est un signe qui la met sur la piste de la découverte de l'identité véritable de Jésus. Celui qui demande l'eau devient celui qui donne l'eau. Mais il ne peut la donner qu'aux personnes qui ont soif, qui acceptent de s'arrêter et de prendre le temps de se parler.

Baptisés depuis longtemps, nous avons peut-être l'impression de ne plus avoir rien à découvrir dans la route que le Seigneur nous appelle à suivre. Bien difficile de donner à boire à quelqu'un qui n'a pas soif!  Difficile de redécouvrir le sens de nos rencontres avec le Seigneur, en particulier la rencontre dominicale au coeur de laquelle l'Esprit nous abreuve!

Frères et soeurs n'hésitons pas dans les moments ardus de notre vie à aller rencontrer le Seigneur et de nous asseoir intérieurement tout près de lui sur la margelle du puits et boire sa Parole et l'écouter dans un coeur à coeur pour mieux conformer nos vies à notre foi en lui.

Une mode se répand comme une traînée de poudre depuis quelques années :  transporter avec soi sa bouteille d'eau potable, pour se désaltérer régulièrement au moins 2 litres par jour si l'on veut se maintenir en bonne santé. Depuis quelques années l'organisme Développement et Paix met l'accent sur cette question qui touche l'eau :  sa nécessité, sa rareté qui nous menace. L'eau coule toujours pour la vie de la planète. Mais allons-nous tarir la source d'eau vive indispensable à notre vie de foi, ou deviendrons-nous un canal où coule l'eau de vie?


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