HOMÉLIE DU 17 JUIN 2007
11e dimanche du temps ordinaire

GRAND SÉMINAIRE DE MONTRÉAL
Montréal, Québec

Président de l'assemblée :
Jacques D'Arcy, p.s.s.

Proverbes (8, 22-31)
Romains (5, 1-5)
Saint Jean (16, 12-15)

Nous célébrons avec toute l'Église la fête de la Sainte Trinité. Spontanément, nous exprimons cette réalité en termes de « mystères » et alors, nous nous sentons lancés dans une réflexion quelque peu intemporelle. En même temps, notre rassemblement d'aujourd'hui se veut célébration de la fraternité qui a uni les Prêtres de Saint Sulpice à quatre communautés religieuses depuis la date de notre arrivée, soit 1657. Nous pourrions ponctuer cette réflexion de la date de fondation de chacune de ces communautés, deux au dix-septième siècle, une au dix-huitième et une au dix-neuvième. Nous voici donc bien ancrés dans l'histoire.

Sommes-nous pour autant éloignés de la Sainte-Trinité? Beaucoup moins qu'on ne pourrait le penser. En effet, nous sommes réunis ici pour fêter le Dieu un en trois personnes et non pour nous creuser la tête devant un problème qui nous semble insoluble. Un mystère, ce n'est pas d'abord un mur devant lequel on se heurte, c'est une réalité tellement riche qu'on n'a jamais fini de l'approfondir.

Dieu ne s'est pas manifesté à nous en termes de réalité difficile à comprendre. Il a agi dans l'histoire des humains. C'est bien ainsi que nous le retrouvons dans sa Parole qui vient de nous être proclamée. Même la première lecture, extraite du livre des Proverbes, s'exprime en termes d'action. Alors que le monde n'existait pas encore, lui était déjà à l'oeuvre, et pas uniquement pour son plaisir. Il entrevoyait déjà d'établir des relations avec les humains.

Nous nous souvenons qu'il a créé l'être humain à son image, c'est-à-dire capable de relations, comme le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont en constante relation entre eux.

Le rappel des liens entre une société de prêtres et quatre communautés religieuses, au fil des ans, est donc loin de nous détourner de l'attention que nous devons à Dieu. L'arrivée des Sulpiciens à Montréal s'inscrit dans un plan d'amour et de miséricorde, de la part du Seigneur, qui désire se faire connaître à des populations autochtone qui ne savent rien de lui. Il a donc inspiré Jean-Jacques Olier et Jérôme Le Royer de la Dauversière, lui-même fondateur de la première de ces congrégations. Des hospitalières viendraient ici manifester concrètement l'amour de ce Dieu pour les malades. La Congrégation était déjà prête, bien avant la venue des Sulpiciens. Non, notre Dieu n'est pas intemporel, bien au contraire.

Puis, celui qu'on nous a décrit tout à l'heure sous les traits de la Sagesse a un infini respect pour l'intelligence de l'homme, et il désire qu'elle se développe. Une congrégation enseignante devait donc entrer assez tôt dans cette histoire. Marguerite Bourgeoys allait se charger de cette tâche, avec une audace qui ne pouvait être soutenue que par Dieu lui-même: une congrégation féminine non-cloîtrée verrait le jour tout près d'ici.

Quelques décennies plus tard, une autre congrégation allait prendre le relais d'une oeuvre qui s'étiolait : le soin des personnes qui éprouvent des besoins divers, mais non pas de soins hospitaliers au sens strict. La diversité de la clientèle de l'Hôpital général permettrait aux Soeurs Grises de s'adresser à toutes les misères, qui allaient varier au long des siècles. Qui plus est, la fondatrice, Marguerite d'Youville, aurait la sagesse de se confier au Père éternel, personne bien concrète et non élément d'un « mystère » au sens étroit du terme.

Enfin, plus près de nous, Julie Dauth et ses compagnes entendraient l'appel à manifester le soutien que Dieu se plaît à procurer à ses prêtres et à ses futurs prêtres. Leur dévouement à elles aussi allait prendre plusieurs formes au cours des années, mais elles répondraient toujours à un même appel de Dieu; être les témoins de son attention pour ses ministres.

Dans tous les cas, les pas de ces personnes consacrées et ceux des Sulpiciens se sont croisés, permettant une assistance mutuelle, variée, qui se continue encore aujourd'hui.

Notre Dieu s'est décrit, au livre des Proverbes, comme celui qui prend ses délices avec les enfants des hommes. Il ne s'est pas démenti au long des siècles. Nous sommes ici pour célébrer les 350 ans pendant lesquels il a permis ces collaborations fructueuses pour le bien de son Église. Nous lui en sommes profondément reconnaissants.


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