HOMÉLIE DU 10 JUIN 2007
Saint-Sacrement

PAROISSE SAINT-ANTOINE-DE-PADOUE
Val-des-Monts, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Roger Ébacher, archevêque

Genèse (14, 18-20)
Corinthiens (11, 23-26)
Saint Luc (9, 11b-17)

Soeurs et Frères dans la même foi et en Église.

Ce dimanche du Corps et du Sang du Christ est une invitation à découvrir d'une façon neuve la beauté, la richesse, la vitalité de la Sainte Eucharistie.

Saint Paul écrivait aux Corinthiens quelque vingt ans après la mort et la résurrection de Jésus : « Je vous ai transmis ce que j'ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur : la nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompît et dit : Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. Après le repas, il fit de même avec la coupe en disant : Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. »

Paul affirme donc aux chrétiens de Corinthe qu'il leur a transmis en toute fidélité un trésor qui vient de Jésus lui-même. Ce qui veut dire que chaque fois que nous célébrons l'Eucharistie, nous sommes les héritiers de toutes ces communautés qui, souvent dans les difficultés extrêmes et la persécution, ont célébré avec fidélité et transmis aux nouvelles générations ce trésor unique et précieux, confié par Jésus aux siens la veille de sa mort. Nous sommes les bénéficiaires de ce trésor, mais nous avons aussi la responsabilité de ne pas l'enfouir, mais bien de sans cesse le célébrer et ainsi le transmettre à celles et ceux qui viennent après nous.

Le moment où Jésus nous a donné l'Eucharistie nous en révèle le prix et le mystère. C'est « la nuit même où il fut livré » que le Seigneur Jésus prit le pain, le vin, rendit grâce au Père, prononça les paroles sacrées et donna aux siens son corps à manger et son sang à boire, comme gage et réalisation de sa présence avec eux. Ce don nous est fait le soir même avant que Jésus soit trahi par Judas, renié par Pierre, abandonné par les autres apôtres, accusé injustement, enchaîné, injurié et condamné au supplice le plus dégradant de l'époque : la crucifixion.

Mais Jésus transforme radicalement le sens de cette fin qui semble à tous, et même de ses amis, un échec affreux. Ce qui aux yeux de ses bourreaux est rejet et condamnation devient le geste par lequel Dieu va jusqu'au bout de son amour, de sa fidélité, de sa miséricorde, de son sang pour nous.

Le sang versé par trahison et haine devient le sang de l'alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et les humains. Dieu y scelle sa solidarité avec toutes nos souffrances, nos échecs, nos morts. Aujourd'hui donc, dans l'Eucharistie que nous célébrons actuellement, Dieu va jusqu'au bout de son coeur pour nous. « Prenez et mangez; prenez et buvez », nous dit-il. Et quand nous le faisons, affirme saint Augustin, « nous devenons qui nous recevons ». Nous devenons nous-mêmes la chair, le sang, les membres de Jésus le Ressuscité. Oui, « il est grand le mystère de la foi »!

Cet accueil de Jésus Ressuscité dans l'Eucharistie est un engagement à vivre les sentiments mêmes de Jésus dans notre vie quotidienne. Si durant la célébration nous devenons qui nous recevons, c'est-à-dire le Christ Jésus vivant aujourd'hui, en sortant de l'Église, dans notre vie quotidienne, nous devons aimer, pardonner, partager comme et avec la force de Jésus.

Déjà au cours de sa vie avec ses disciples, Jésus les a entraînés à vivre comme lui. Regardons le récit évangélique d'aujourd'hui. Jésus est devant une foule affamée. Les Apôtres lui disent : « Renvoie cette foule dans les villages et les fermes des environs pour qu'elle y trouve de quoi manger ». Ça semble la seule solution raisonnable. Mais Jésus refuse cette façon de traiter la misère humaine. « Donnez-leur vous-mêmes à manger », leur dit-il. N'est-ce pas ce qu 'il nous dit, à nous aussi, aujourd'hui?

C'est encore ce qu'il a enseigné à ses Apôtres la veille de sa mort, lorsqu'il leur a lavé les pieds. Comme il nous a ordonné de refaire ses gestes sur le pain et le vin, il nous a aussi ordonné de refaire ses gestes d'humble service des autres, de don de soi, dans le pardon, la réconciliation et l'amour miséricordieux. Cela veut dire que partager le pain eucharistique et se mettre au service des autres à la suite de Jésus sont inséparables.

Ici dans cette paroisse dédiée à saint Antoine, depuis 150 ans vos ancêtres et vous-mêmes cherchez à vivre de cette présence du Christ Jésus et à en être le signe et comme le prolongement dans vos familles et votre milieu de vie. Je prie Dieu de faire que la fidélité de votre communauté à ces célébrations dominicales produise des fruits de renouveau et de vigueur évangélique parmi vous!

Dans un an, nous serons tout proche du congrès eucharistique international de Québec. Nous avons d'ailleurs parmi nous ce matin une réplique en miniature de l'Arche de la Nouvelle alliance du Congrès eucharistique, dont l'original passera dans notre diocèse le printemps prochain, comme il l'a déjà fait ou le fera à travers tout le Canada. Aujourd'hui, nous sommes aussi invités à soutenir la préparation de ce congrès par nos dons, collectés dans toutes les églises du Canada à cette intention. Mais nous sommes surtout invités à y préparer nos coeurs, nos familles, nos paroisses, nos divers groupes, mouvements et communautés.

Dès aujourd'hui, sortons de nos routines et proclamons de grand coeur qu'il est grand le mystère de la foi.

Dès aujourd'hui, posons le geste d'accueillir le Christ Eucharistique, en étant bien conscients de devenir qui nous recevons.

Dès aujourd'hui, dès cette semaine, livrons nos pensées, nos sentiments, nos projets, nos vies à l'Esprit de Jésus ressuscité qui vient durant cette messe sur les dons offerts, sur notre communauté et en nous. Ainsi nous pourrons actualiser dans notre couple, notre famille, notre milieu de vie, de travail et de loisir, les gestes mêmes de Jésus qui a toujours été ému jusqu'aux entrailles devant toute souffrance humaine.

Amen


<<  | index des homélies |  >>