HOMÉLIE DU 20 MAI 2007
Ascension

ÉGLISE SAINT-GABRIEL
Bouchette, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Vital Massé, évêque

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Actes (1, 1-11)
Hébreux (9, 24-28; 10, 19-23)
Saint Luc (24, 46-53)

Chères soeurs et chers frères,

Ce qui conviendrait d'abord en cette fête de l'Ascension ce serait de proclamer bien fort notre admiration pour Notre Seigneur Jésus Christ. Car ce qui arrive à Jésus, c'est un peu ce qui arrive à un athlète qui a gagné une médaille d'or et qui monte sur le podium ou lorsqu'on porte quelqu'un en triomphe en chantant : Il a gagné ses épaulettes. Sauf qu'ici, c'est évidemment beaucoup plus beau et beaucoup plus grand. L'Ascension c'est Jésus Lui-même qui va recevoir sa couronne de gloire des mains de son Père. Réjouissons-nous car, s'il y a quelqu'un qui a bien gagné ses épaulettes, c'est bien Lui. Il a fait en tout la volonté de son Père jusqu'à mourir sur une croix pour nous sauver. Par ailleurs, il serait bon d'ajouter que ce moment de glorification, le Christ l'a connu dès l'instant de sa résurrection. Le récit que nous ont laissé les apôtres de sa « montée au ciel » veut davantage nous faire comprendre qu'après une certaine période d'entretiens familiers avec ses disciples, le Ressuscité a retiré du monde sa présence visible.

En ce jour de l'Ascension, on dit que Jésus s'est élevé vers le ciel. Il y a plusieurs façons de comprendre le mot « s'élever ». Ça peut être dans le sens d'aller vers un endroit plus haut où ça peut être dans le sens d'avoir une promotion. Quand on dit de quelqu'un qu'il est « monté en grade » ça ne veut pas dire qu'il est maintenant physiquement plus haut qu'auparavant, mais bien qu'il a eu une promotion, c'est-à-dire qu'il occupe une meilleure place. Quand on dit que Jésus est monté au ciel, c'est dans le sens qu'Il a eu une promotion. Parce qu'Il s'est abaissé jusqu'à la mort sur une croix, Dieu l'a élevé au-dessus de tout. L'Ascension nous dévoile que le Christ a franchi le dernier pas vers la plénitude. Il entre dans la gloire du Père. Il est désormais, comme dit notre Credo, « assis à la droite du Père ».

Il faut bien comprendre aussi que ce départ de Jésus ne signifie pas une absence ou un abandon mais plutôt une nouvelle forme de présence permanente et active. Il sera maintenant présent par son esprit, c'est-à-dire par l'Esprit Saint. « Il vaut mieux que je parte », avait-il dit à ses apôtres... « Je vous enverrai le Saint Esprit ».

De fait, Jésus est encore plus présent qu'auparavant. Il n'est plus seulement le Christ de Palestine, Il est le Christ présent à toutes les personnes de tous les temps et de tous les lieux. Sa promotion glorieuse le place au-dessus de l'espace et du temps. Fêter l'Ascension, c'est cesser de regarder le ciel pour chercher le Ressuscité dans le quotidien de la vie, c'est prendre au sérieux sa promesse : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (MT 18,20)

Il est heureux de savoir que le Christ, qui a voulu se rendre solidaire des hommes en prenant un corps humain, veut nous associer à son triomphe : « Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jean 17,24). Notre joie est double : nous avons un médiateur auprès de Dieu; son Ascension devient la promesse et le gage de notre propre résurrection. Un jour, Jésus, le ressuscité, nous prendra avec lui pour nous faire participer éternellement à sa gloire. Grâce à Lui, nous sommes appelés nous aussi à une promotion divine. Si déjà nos petites promotions humaines nous font bondir de joie, quelle ne sera pas notre allégresse quand retentira l'invitation de la parabole : « Entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 14,21).

Par son Ascension, Jésus a voulu mettre un point final à sa présence sensible au milieu de ses disciples et à ses apparitions. Au lieu de se cramponner à un passé révolu, il invitait ses apôtres à s'en dégager pour avancer sur le long chemin d'une foi plus complète. Il leur avait dit : « Il est bon que je m'en aille». C'est souvent lorsqu'un être cher nous quitte que nous comprenons mieux tout ce qu'il y avait dans telle ou telle de ses paroles. Jésus espérait que son absence les inciterait à scruter plus en profondeur son message afin de mieux le comprendre.

Mais, pour les apôtres, comment ne pas se laisser gagner par une certaine nostalgie de ces trois années vécues en amitié et en intimité avec le Christ, ces années qui les avaient tellement marqués! Comment ne pas laisser tant de bons souvenirs remonter à la surface et s'y complaire? Aussi, fallait-il que Jésus leur lance un appel impératif : Allez, « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Actes 1,8).

Mais, en même temps qu'il les invite à ce nouveau départ, Jésus leur promet l'assistance toute spéciale de son esprit « Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit-Saint qui descendra sur vous » (Actes 1,8). Tout en mettant fin à la présence physique de Jésus, ce départ et la venue de l'Esprit inaugurait un nouveau départ: c'était le début de l'Église.

Il est facile de retrouver dans notre monde contemporain des attitudes semblables à celles qu'ont connues les premiers disciples. Nous-mêmes, nous ne sommes pas exempts de la tentation de nous cramponner au passé alors que l'Église aborde des temps nouveaux. Nous avons beaucoup de peine à sortir de nos coutumes, à changer nos mentalités pour être davantage fidèles au monde qui nous entoure et à l'évolution de l'Église qui doit sans cesse se renouveler. L'esprit de l'Ascension est un esprit d'initiative et de confiance. A nous aussi le message est donné « d'avancer au large » pour « jeter les filets ».

L'Ascension ouvre donc un temps intermédiaire jusqu'au retour de Jésus, à la fin des temps : « Jésus qui a été enlevé au milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel » (Actes 1,11). Combien de temps durera cette période de l'Église? « Il ne vous appartient pas, dit Jésus, de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine » (Actes 1,7).

Comment devons-nous vivre ce temps d'attente? Ce temps n'est pas un répit mais un champ nouveau qui nous est donné afin de le faire fructifier par la force et la présence universelle du Christ. Comme pour ses premiers disciples, Jésus compte sur nous pour travailler à sa vigne et répandre la Bonne Nouvelle. A nous aussi il dit : « Allez je vous envoie, soyez mes témoins ». Ayez confiance... « Je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde. » (Mt 28,2).

Le ministère terrestre de Jésus est accompli. Il s'est fait proche des petits et des pauvres. Il a manifesté la tendresse et la compassion du Père. Désormais, la mission de Jésus devient la nôtre. L'Ascension de Jésus nous apporte donc deux invitations: l'invitation à célébrer le triomphe de Jésus et l'invitation à préparer son retour en nous efforçant spécialement de vivre au maximum le grand commandement de l'amour.

« Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces petits de mes frères, nous dit Jésus, c'est à moi que vous l'avez fait. » (Mt 25,40).

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