HOMÉLIE DU 4 MARS 2007
Carême II

ÉGLISE SAINTE-EUPHÉMIE
Casselman (Ontario)

Président de l'assemblée:
Jacques Kabasu-Bamba, prêtre

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Genèse (15, 5-12.17-18)
Philippiens (3, 17-4,1)
Saint Luc (9, 28b-36)

Frères et soeurs,

Notre Dieu nous aime au point où il vient habiter notre histoire. Déjà dans l'Ancien Testament, nous est révélé un Dieu attentif, bon et généreux, sur qui nous pouvons compter. En effet, la première lecture nous fait voir un Dieu qui se veut proche des humains, un Dieu qui connaît les besoins de son peuple et qui le comble au-delà de toutes les espérances. Il parle à Abraham, lui promet une descendance, lui rappelle son intervention pour le faire «sortir d'Our en Chaldée», lui assure sa protection pour l'avenir. En bénissant ainsi celui qui deviendra «le père d'une multitude de peuples», Dieu nous révèle un visage d'amour qui éclaire les nuits de l'humanité et ouvre pour elle un chemin d'espérance.

Ce visage d'amour de Dieu, Jésus le révèle pleinement. L'Évangile nous le confirme dans l'épisode de la prière de Jésus sur la montagne, lieu de la révélation de Dieu. Au cours de cette prière, le Christ devient tout autre, il est transfiguré. Et Dieu confirme, à cette occasion, l'identité de Celui qui est son Fils. Moïse et Élie, qui représentent la Loi et les Prophètes, l'attestent. Ensuite le Père authentifie la mission de Jésus et donne aux apôtres une seule recommandation: «Écoutez-le». Écouter le Christ, c'est autre chose qu'entendre sa Parole d'une oreille distraite: c'est nous laisser façonner par l'Évangile et donner des signes concrets du Royaume inauguré par le Christ.

Cette intervention de Dieu annonce la résurrection de Jésus et aussi notre propre transformation et celle de l'humanité. Ce qui a été accompli en Jésus sera un jour accompli en nous. Déjà cela se fait. Notre terre, toute l'histoire du monde, chacune de nos vies sont marquées par la gloire de la transfiguration.

Témoins de cet événement, Pierre, Jacques et Jean n'en ont pas très bien saisi le sens. C'est plus tard seulement, après la résurrection, qu'ils comprendront. Ils comprennent que totalement abandonné au Père, le Christ, mis à mort, devait ressusciter, que leur propre destin serait semblable à celui de leur maître, qu'il n'y a qu'un seul chemin qui rend possible le passage de la mort à la vie: c'est le chemin de la croix. Une révélation qui fut pour eux motif de scandale et pierre d'achoppement. Une révélation qui l'est aussi bien pour nous. Et pourtant c'est le message central du Christ. Une expérience qu'il a vécue et qu'il nous invite à vivre à sa suite.

L'Évangile d'aujourd'hui ne fait pas explicitement mention de la souffrance et de la croix. Mais le texte de Paul aux Philippiens en parle. En prison, l'Apôtre invite les croyants à ne pas être «ennemis de la croix du Christ» et à «tenir bon dans le Seigneur» aux temps d'épreuves. Il sait que, sans la croix, jamais on ne parvient à la gloire promise.

Il nous faut donc revenir à l'expérience du Christ. La Transfiguration éclaire notre propre vie, notre propre histoire et celle du monde. Même si nous vivons des moments difficiles, si l'actualité nous pousse parfois au découragement, notre histoire, personnelle, familiale, communautaire, n'est pas vouée à l'échec. Elle est appelée à réussir. Car ce que Dieu a autrefois accompli en son Fils, il l'accomplit maintenant en nous. Il n'est pas loin de nous. Il n'a pas déserté notre monde, même si notre monde ne se gêne pas pour essayer de vivre sans lui. Il nous aime sans limites. Une raison de nous réjouir.

Accablés de torpeur, enlisés dans nos inquiétudes, nous sommes invités par Jésus à gravir la montagne pour prier. L'eucharistie est une halte bienfaisante. Elle nous permet d'écouter, de contempler et de nous laisser transfigurer. Qu'elle nourrisse notre foi de fils et filles du Père, qu'elle nous aide à tenir bon malgré les difficultés.

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