HOMÉLIE DU 25 FÉVRIER 2007
Carême I

ÉGLISE SAINTE-CLAIRE
Montréal (Québec)

Président de l'assemblée:
François Baril, prêtre

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Deutéronome (26, 4-10)
Romains 1 (10, 8-13)
Saint Luc (4, 1-13)

- Avons-nous déjà eu la tentation de croire que tous nos problèmes seraient réglés en gagnant à la loto?
- Avons-nous parfois la tentation de vouloir «arranger» les choses à notre façon, laissant libre-court à notre instinct de domination sur les autres?
- Avons-nous déjà eu la tentation de choisir notre petit moi comme idole, plutôt que de nous rendre disponible pour le service des autres?
 
Vous le savez, à la blague, on entend parfois: «La meilleure façon d'en finir avec les tentations, c'est d'y succomber».

Et bien, dans l'évangile d'aujourd'hui, on se rend compte que Jésus réagit avec beaucoup plus de maturité! Confronté à la tentation de choisir la facilité, il emprunte plutôt le chemin du courage devant les défis de la mission que son Père lui confie!

Luc nous présente les trois tentations de Jésus comme un condensé de ce qui nous «tiraille» le plus dans nos vies. Comme Lui, nous sommes appelés à faire le choix de valeurs qui donnent sens à notre existence plutôt que celles qui la détruisent. Se gaver de biens matériels, se fermer aux autres, les manipuler avec de belles apparences... tout cela mène nulle part à long terme! Décidément, être tenté, c'est être mis à l'épreuve!

C'est au désert que Jésus a vécu la rude expérience d'être tenté. Que symbolise donc le désert? Je vous propose d'y retenir deux sens qui se complètent:

D'abord, dans la bible, le désert symbolise le lieu de la rencontre avec Dieu: on s'y rend pour réviser la trajectoire de sa vie, pour retrouver l'essentiel. Pour nous aujourd'hui, sous des modes différents, la même expérience est recherchée:
- par exemple, certains se retirent quelques jours dans des monastères;
- d'autres vont se ressourcer dans la nature. C'est ce qu'on peut observer lorsqu'on se rend tout près d'ici sur la Promenade Bellerive, au bord du Fleuve Saint-Laurent.

Mais le désert symbolise aussi le lieu de la désolation, le lieu de la sécheresse, une sécheresse telle qu'on peut arriver à douter de la présence de Dieu, une sécheresse telle qu'on peut y ressentir jusqu'au désespoir devant certains problèmes de la vie:
- pensons à tant de personnes qui vivent cela, comme nous l'ont rappelé les journaux récemment, en nous révélant à nouveau le taux élevé de suicides au Québec!
- pensons à tant de familles qui sont tourmentées devant l'obligation de consacrer plus de 50% de leur revenu mensuel, à leur loyer!

Le désert, lieu de la rencontre de Dieu. Le désert, lieu de la désolation!

Frères et soeurs, si nous succombions à la tentation de nous laisser distraire de la misère de nos frères et soeurs, pourrions-nous prétendre encore être disciples du Christ?

Le temps du Carême nous invite à nous remettre à l'écoute de la Parole de Dieu pour refaire nos choix, à la manière du Christ lui-même! Et cette Parole nous est accessible, comme nous le rappelle magnifiquement saint Paul: «La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton coeur». Le temps du carême nous invite à réagir! Voici un temps privilégié de réflexion, de prière et d'engagement!

Dans notre quartier Mercier-Est, il y a tant de lieux d'engagement possible: le logement, l'alimentation, l'environnement, les organismes de soutien aux jeunes comme aux personnes âgées...Tous ces lieux sont autant d'appels à faire des choix en faveur de la vie. Si nous étions tentés de faire la sourde oreille, rappelons-nous comment Jésus a refusé le repli sur lui-même.

Ainsi, Développement et Paix, l'organisme catholique de solidarité internationale, nous propose depuis quarante ans, une plus grande ouverture aux plus souffrants de la terre. Pensons au Darfour, par exemple, où deux millions de réfugiés sont abandonnés à eux-mêmes! La campagne Carême de partage nous permet de poser des gestes concrets d'engagement solidaire!

Chers amis, puisque «Dieu nous aime sans limites», comme nous le chanterons pendant tout le carême, «Réjouissons-nous»: l'Esprit du Seigneur nous précède sur le chemin de nos vies. Alors que bien souvent nous sommes confrontés à des choix difficiles, laissons-nous accompagner par Celui qui nous rend capables de dépasser nos seules forces humaines! L'attitude confiance du peuple d'Israël à l'endroit de Yahvé ne s'est pas soldée par une espérance déçue! Le Livre du Deutéronome nous signifie tout le contraire: «Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix... il nous a fait sortir d'Égypte...».

Prenons le temps d'aller au désert, pour retrouver l'essentiel, pour refaire alliance avec le Seigneur! Avec son aide, nous échapperons à la tentation de la facilité et de la fatalité. En nous convertissant à sa Parole, nous deviendrons capables de laisser fleurir l'espérance d'un monde neuf.

Que cette eucharistie qui nous rassemble comme Fils bien-aimés à la table du Père, soit pour nous tous et toutes, source de joie!

«Réjouissons-nous, réjouissons-nous,
Dieu nous aime sans limites, réjouissons-nous!»

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