HOMÉLIE DU 3 DÉCEMBRE 2006
Avent I

PAROISSE IMMACULÉE-CONCEPTION DE BELLERIVE
Salaberry-de-Valleyfield (Québec)

Président de l'assemblée:
Mgr Luc Cyr, évêque
 
Homéliste:
Richard Wallot, prêtre

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Jérémie (33, 14-16)
1 Thessaloniciens (3, 12-4,2)
Saint Luc (21, 25-36)

Quel temps merveilleux que ce temps de l'Avent! Temps d'attente, d'espérance, d'accueil, de partage, de joie! Aussi, est-il surprenant d'entendre aujourd'hui le Christ nous dire: «Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde...» On a l'impression que cet évangile tombe sur nous comme une tempête imprévue!

Les malheurs du monde, on nous les raconte tous les jours; dans nos vies aussi, il arrive que le ciel nous tombe sur la tête: le cancer frappe un proche, on perd un emploi, notre état de santé nous fait perdre notre autonomie...

La vie de notre Église, aussi, n'est pas toujours rose. Pensons simplement au regroupement des paroisses, dans notre diocèse ou ailleurs: c'est un changement majeur, un deuil à vivre et un défi de courage à relever pour les pasteurs et les fidèles... Tous ces événements nous plongent dans l'insécurité, la crainte, le sentiment d'impuissance... Alors à Noël, n'est-ce pas qu'on voudrait oublier tout cela un moment?

Mais, pour Jésus, tous ces événements qui font le quotidien de nos vies, doivent être regardés comme un signal, le signal – pas évident mais bien réel – que quelque chose de bon, de neuf et d'inattendu va se produire, et que ça nous concerne. Si un monde s'effondre, une réalité nouvelle et bonne peut en jaillir.

Le 6 juin 1944, les résistants français qui voyaient les premières bombes alliées détruire leurs villes, relevaient la tête car ils savaient que leur libération approchait. Ce fait m'aide personnellement à comprendre le message de Jésus pour nous: «Quand ces événements commenceront, dit-il, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche!» C'est un message d'espérance que Jésus veut nous apporter ce matin!

Espérance, oui, mais à condition, bien sûr, de nous réveiller: «restez éveillés et priez en tout temps», priez de cette prière qui médite les événements au-delà des apparences, la prière de la Vierge Marie, dont nous allons célébrer vendredi l'Immaculée Conception, et qui lui permettait de «garder tous ces événements dans son coeur» (Luc 2, 51).

C'est donc un signal d'espérance, le signal qu'il ne faut pas se laisser abattre et baisser les bras devant les malheurs ou les misères du monde. Il y a toujours quelque chose à faire, à bâtir, à tenter, quand on veut être du côté de Dieu et de son projet d'amour sur le monde.

Il y a toujours quelque chose à faire quand on veut être du côté du Dieu qui a créé ce monde dans la beauté, et la personne humaine dans la dignité.

Il y a toujours quelque chose à faire quand on veut être du côté du Dieu qui est venu, et qui continue de venir pour sauver ce monde et préparer avec nous un monde nouveau.

L'avenir, pour les croyants, se situe toujours du côté du réveil intérieur de nos coeurs, du côté du courage et de la dignité, du côté des solidarités à recréer sans cesse. Démissionner devant les défis d'un monde bouleversé et fragile, cultiver la nostalgie ou se lamenter sur les malheurs du temps, ce n'est pas ce que Jésus attend de nous!

Notre mission d'Avent est, donc, de relancer l'espérance dans notre milieu, en faisant, comme dit saint Paul, «de nouveaux progrès» et en accueillant, dans la prière, «un amour de plus en plus intense et débordant» entre nous et à l'égard de tous!

Par exemple, ces jours-ci, à travers le pays, et cette semaine à Valleyfield, des milliers de familles se mettent en marche dans les rues de nos villes et villages pour réaliser la Guignolée et apporter un peu d'espoir aux laissés pour compte de la société. D'autres, tout au long de l'année, dans les centres de femmes, les centres d'action bénévole, les maisons de la famille, les comptoirs paroissiaux, les Saint-Vincent-de-Paul ou les centres d'alphabétisation continueront, avec l'aide de nombreux bénévoles, à aider les familles à se reprendre en main, dans la fierté et la dignité.

Je sais aussi que des parents de la région ont refusé de se décourager lorsqu'ils ont mis au monde des enfants avec une Trisomie 21. En développant entre eux des solidarités, en faisant confiance aux ressources cachées de ces enfants, en misant sur l'intégration scolaire et le développement d'habiletés physiques et sociales, ils ont aidé ces jeunes à s'affirmer et à maximiser leurs potentiels dans des disciplines para-olympiques. Ces parents avaient choisi de se relever de l'épreuve et de «redresser la tête» avec leurs enfants.

Récemment, les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, qui ont jadis été très présentes en éducation dans notre diocèse (et quelques-unes y sont encore), refusaient de baisser les bras devant la diminution de leurs membres. Au cours du dernier chapitre général, ces femmes ont choisi «d'intensifier leurs efforts pour prendre soin de l'environnement, contrer le trafic des femmes et des enfants, construire des communautés de foi et maintenir une voix prophétique dans l'Église». Comme d'autres communautés, dont les Soeurs Clarisses qui vivent dans cette paroisse, elles n'ont pas envie de mourir avant d'avoir semé de nouveaux «germes de Justice» (Jérémie 33,15)...

Un militaire britannique à la retraite, Robert Baden-Powell, décida un jour de s'occuper des jeunes dans la rue. Il fonda alors le mouvement scout qui, en 2007, fêtera ses cent ans d'existence. Chez nous, dans notre diocèse, et partout au pays, ce mouvement continue, à travers des milliers d'animateurs et d'animatrices dévoués, à former des leaders pour demain, toujours prêts à faire de leur mieux pour servir leur pays, leur Dieu et leur milieu.

«Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.» Dieu est en train de mettre au monde un monde nouveau et il a besoin d'accoucheurs et de sages femmes, c'est-à-dire de gens qui y croient de toutes leurs forces et qui s'engagent à aider Dieu de tout leur coeur. Et c'est nous qu'il appelle ce matin!

Bien des gens se contenteront de s'amuser aux Fêtes. Mais ceux qui ont du coeur au ventre et nous qui faisons confiance au Christ, profitons de ce beau temps de l'Avent pour regarder le monde avec espoir et intensifier notre amour des autres, peu importe notre âge ou nos forces.

Ainsi, nous aurons la fierté d'aider Dieu à préparer un monde nouveau. Notre monde a besoin d'espoir et d'amour. Il a besoin de Jésus et de notre engagement joyeux.

Quand la nuit tombe, comme il fait bon allumer une bougie. Quelle bougie d'espoir vais-je allumer cette semaine?

Prière

Je sais que tu as mille et une raisons de désespérer,
mais je voudrais te crier qu'il y a mille et une raisons d'espérer!
Ne laisse pas gagner ton coeur par la marée noire des mauvaises nouvelles:
pour changer le monde, il faut d'abord changer ton regard!
 
Regarde, cueille chaque jour autour de toi
ces mille et une fleurs d'espérance...
 
Regarde, vois tous ces hommes et ces femmes
qui ne font pas la Une des journaux,
mais qui, au lieu de crier que Dieu
est aveugle, manchot ou muet,
lui prêtent leurs yeux, leurs mains, leurs voix.
Regarde et entends, car le monde actuel
a besoin de retrouver ce «regard du coeur»,
pour mieux respirer et pour mieux vivre.

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