HOMÉLIE DU 19 NOVEMBRE 2006
33e dimanche du temps ordinaire

CHAPELLE DES SERVANTES DE JÉSUS-MARIE
Hull (Québec)

Président de l'assemblée:
André Picard, aumônier

Daniel (12, 1-3)
Hébreux (10, 11-14.18)
Saint Marc (13, 24-32)

Mes soeurs, mes frères,

Les textes d'aujourd'hui nous parlent de catastrophe finale, de fin des temps et de jugement dernier.

C'est normal puisque nous arrivons au terme de l'année liturgique qui représente le cycle complet de l'histoire.

Dans l'Avent nous allons évoquer l'attente de la venue du Seigneur, puis de Noël à l'Ascension nous accompagnerons Jésus durant sa vie terrestre. Enfin, de la Pentecôte à la fin de l'année liturgique, nous vivrons la vie de l'Église, et avec la fête du Christ Roi, nous allons célébrer la vie éternelle, l'objet de notre espérance!

Donc, ce dimanche représente, dans l'année liturgique, l'époque de la fin des temps et du jugement dernier! Alors, il est normal que ce soit le thème des lectures de la liturgie d'aujourd'hui.

Tout en parlant de catastrophe comme il n'y en a jamais eu depuis que les nations existent, de fin des temps et de jugement, la Parole de Dieu nous réserve une surprise parce qu'elle annonce du même souffle: «qu'en ce temps-là viendra le salut de ton peuple»!

Non, la catastrophe n'est pas totale, elle est ouverte sur le salut, elle conduit au salut. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter, de trembler.

D'ailleurs saint Augustin demandait: «Est-ce qu'on aime le Seigneur, lorsqu'on redoute sa venue?» Il ajoutait «Est-ce que nous n'avons pas honte?» Et il nous invitait à bondir de joie puisque nous avons cru à son premier avènement et que nous savons qu'il vient de nouveau.

C'est donc le temps de nous réjouir, d'avoir hâte, de nous impatienter, même. Ce sont les ultimes moments de l'espérance puisque nous sommes à la veille de sa nouvelle venue, à la veille du salut, de la vie éternelle.

Non, il n'y pas lieu de nous inquiéter et de trembler même si, pour parvenir à la vie éternelle, il faut passer par le jugement parce que, dans le livre de Daniel, ce qui prime sur le jugement, c'est qu'en ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu.

Et Jésus, nous dit que le Fils de l'homme enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel.

Mes soeurs, mes frères, à toutes les fois que nous rencontrons le mot rassembler dans la Parole de Dieu, il faut nous arrêter et le laisser déployer tout son sens devant nous.

On dirait que c'est la principale raison de l'incarnation de Jésus: dans la Préface il en sera question, dans la prière eucharistique également: «Qu'en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps.»

Encore une fois, pourquoi trembler puisque les élus c'est nous, puisque ceux dont les noms sont inscrits dans le livre... c'est nous?

Et s'il veut nous rassembler, c'est qu'il nous invite, qu'il nous convoque. Il ne faut pas laisser passer l'occasion.

Mes soeurs, mes frères, vous me direz peut-être: «Oui, mais il y a le jugement!» Le jugement, nous savons depuis longtemps sur quoi il portera. Jésus lui-même nous l'a dit quant il a répondu au scribe: aimer Dieu, son prochain et soi-même.

Dans les Béatitudes: être artisans de douceur, de miséricorde, de justice, de joie, de paix. Dans la parabole du jugement dernier: j'avais faim, j'avais soif, j'étais étranger, j'étais nu, prisonnier, malade...

Dans le Notre Père...

Oui, nous savons sur quoi portera le jugement et si notre coeur nous reproche de ne pas aimer assez ou de ne pas aimer comme il faut; s'il nous reproche des manques de douceur et de paix, des manques de générosité et de partage; s'il nous reproche des manques de pardon, nous pouvons compter sur le Seigneur pour nous aider à nous convertir.

En d'autres occasions c'est «le matériau médiocre et souvent rebelle de la vie quotidienne» qui paraît nous faire vivre de véritables apocalypses. Alors, il est temps de nous reprendre, de nous ressaisir et de redoubler d'efforts.

Mes soeurs, mes frères, que le reproche vienne de mon coeur ou que ce soit la situation qui est accablante, c'est le moment de prendre à notre compte les mots du psalmiste: «Je garde le Seigneur devant moi sans relâche; s'il est à mon côté, je suis inébranlable... en ta présente, la joie est sans mesure, à ta droite, le bonheur ne finit pas.»

C'est un peu comme si nous prenions le Seigneur par la main, pour l'entraîner avec nous dans notre quotidien, pour qu'il soit notre inspiration, pour qu'il fasse croître, dès ici-bas, la joie de sa présence en nous et l'assurance qu'il nous attend au lendemain du jugement.

Et cette présence de Dieu près de nous, c'est la réalisation même du nom de Dieu: «Je suis celui qui suis là!» Comment serait-il ailleurs? En plus, il nous a dit aussi: «Je suis avec vous jusqu'à la fin des temps!» Comment voulez-vous qu'il ne soit pas là?

Frères et Soeurs,

Oui, il est avec nous parce que la victoire sur le péché est déjà remportée. Le Christ a vaincu le péché une fois pour toutes par son sacrifice. Nous tous que ce sacrifice rassemble, nous continuons à passer par «le sang du Christ» pour nous approcher de Dieu, c'est pourquoi nous nous unissons dans l'Eucharistie à l'unique sacrifice du Christ dont l'efficacité transforme déjà peu à peu notre vie.


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