Annie Hall : névroses et amour du cinéma
Le dimanche 12, à 23 h 05, sur ICI Télé, on revisite un classique.
On s’efforce toujours de trouver la perfection dans l’art. Parce que dans la vie, c’est difficile
Il travaille comme comique, est hypocondriaque et en analyse depuis 15 ans. Et puis, il croit que la vie se divise en deux catégories : ce qui est horrible et ce qui est misérable, tout en pensant que personne n’est réellement assez brillant pour lui. Elle est photographe, chanteuse, adorablement maladroite, provinciale et aime fumer des joints. En 1975, New York abrite leurs amours compliquées, dont il va se souvenir, avec d’autres, alors qu’il vient d’avoir 40 ans et qu’elle l’a quitté. Bienvenue dans le monde torturé et attachant d’Annie Hall.
Compléments:
Regarder en arrière pour mieux réinventer le présent
Revisiter ses souvenirs : c’est presque un cliché de cinéma. Sauf que nous sommes chez Woody Allen et que ces souvenirs deviennent comme une scène de théâtre fabulée, que les personnages (Alvy, joué bien sûr par Allen, plus névrosé que jamais, et Diane Keaton, délicieuse en tous points dans ce rôle écrit pour elle) peuvent même arpenter alors qu’ils se les remémorent, en les rendant imaginatifs, drôles, verbomoteurs et angoissés.
Comme l’est d’ailleurs le présent que les personnages n’hésitent pas à interrompre aussi en s’adressant directement au public, face caméra. Quand ce ne sont pas les sujets de conversations érudites eux-mêmes qui débarquent dans le plan pour mettre leur grain de sel, comme Marshall McLuhan.
L’amour du cinéma et de la fiction en avant-plan
Oui, car tout sentimental, identitaire, vif et original qu’il soit, Annie Hall est aussi, peut-être même d’abord et avant tout, un hommage au pouvoir et à la liberté que permet la fiction.
Ce n’est pas pour rien que le film est truffé de références constantes, à Bergman, au Chagrin et la pitié, à Sylvia Plath, aux Enfants du paradis, à Fellini, à Bob Dylan, à la méchante reine dans Blanche-Neige…
Un classique indéniable
Le charme piquant est indéniable, l’amour du cinéma, de la ville et des femmes aussi, rendu à merveille par laphoto naturaliste et lumineuse de Gordon Willis (notamment directeur photo du Parrain, qui travaillait là pour une première fois avec Allen) et les répliques sont autant de trouvailles ciselées que l’on voudrait apprendre par cœur.
Mais devant ce film introspectif et brillant qui a fait une récolte plus que méritée aux Oscars (meilleurs film, réalisateur, scénario et actrice), ce qui frappe surtout, c’est la fougue drôle et mélancolique qui s’en dégage et qui fait bel et bien d’Annie Hall un des films les plus formidables de l’histoire du cinéma.
Annie Hall, sur ICI Télé le 12 mai, à 23 h 05.
La bande-annonce (source : YouTube, uniquement disponible en anglais)