Désorganisation, distractivité et désinhibition : les défis du TDA/H chez l’adulte
Au cours des dernières années, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) a été énormément médiatisé. Selon le neuropsychologue Benoît Hammarrenger, invité sur le plateau d’On va se le dire, ce phénomène a eu comme effet pervers de banaliser le trouble, qui, de son côté, a été surdiagnostiqué. En compagnie de Pierre-Yves McSween, Geneviève Pettersen, Kim Lévesque-Lizotte et Éric Bruneau, Sébastien Diaz fait le point sur le TDA/H chez l'adulte. Une discussion qui ne laisse personne indifférent sur le plateau de l’émission.
Selon Benoît Hammarrenger, on peut classifier le TDA/H chez l’adulte en trois catégories principales, surnommées les 3D : désorganisation, distractivité et désinhibition (impulsivité). Il donne l’exemple d’une jeune personne devenue adulte qui a toujours bien performé au travail, mais qui, à un moment de sa carrière, finit par plafonner sur le plan professionnel.
Arrivés vers la trentaine, les gens sentent qu’ils peuvent progresser, mais, puisque pour devenir gestionnaire, ça demande de l’organisation, ils n’y arrivent pas.
Kim Lévesque-Lizotte affirme qu’elle a reçu tardivement son diagnostic d’un trouble déficitaire de l’attention sans hyperactivité. Elle explique que toute sa vie, comme elle ignorait en être touchée, elle compensait ce trouble de diverses manières.
Vivre comme quelqu’un qui n’est pas TDA, ça m’épuise. Moi, de penser aux choses simples, comme d’aller porter la petite à la garderie, de décider de ce qu’on va manger ce soir [...], ça me demande beaucoup d’énergie.
Benoît Hammarrenger explique que certains symptômes se dévoilent quand on vieillit, lorsque les responsabilités s’accumulent. Planifier les repas, les lunchs, les devoirs, les rendez-vous médicaux et les sorties scolaires, et bien organiser tous ces éléments dans un horaire, cela peut paraître un défi de taille pour plusieurs. Le couple amène de nouveaux défis, surtout lorsqu’arrivent les enfants, la gestion d’une maison, etc. Ces responsabilités deviennent un poids pour l’adulte [vivant avec un TDA/H], ça le désorganise et c’est là que les conflits arrivent.
Qu’en est-il du surdiagnostic?
Le neuropsychologue nous met en garde contre ce qu’il appelle les imitateurs de TDA/H, comme l’anxiété. L’anxiété peut apparaître avec le trouble de l’attention; elle peut être une conséquence du TDA/H, mais elle peut se manifester séparément aussi. Il souligne qu’on peut vivre de l’anxiété sans avoir un trouble de l’attention.
Parfois, la médication peut aider les personnes aux prises avec des troubles de l’attention, mais ce n’est pas la seule et première option. Selon Benoît Hammarrenger, il faut d’abord évaluer l’incidence du trouble dans la vie de l’adulte et voir quels sont les moyens pour l’apaiser.