Énergie NB dans le giron d'Hydro-Québec

Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Hydro-Québec déboursera 4,75 milliards de dollars pour acheter la plus grande partie des actifs d'Énergie Nouveau-Brunswick, ont confirmé jeudi les premiers ministres Shawn Graham et Jean Charest.
Hydro-Québec déboursera 4,75 milliards de dollars pour se porter acquéreur de la plus grande partie des actifs d'Énergie Nouveau-Brunswick, ont confirmé jeudi les premiers ministres du Québec, Jean Charest, et du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham.
Le gouvernement du Québec devra accroître sa dette de quelque 4 milliards de dollars pour financer cette transaction, dont la finalisation est prévue pour le 31 mars 2010. Les 750 millions de dollars restants proviendront des propres fonds d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec se porte acquéreur des sept centrales hydroélectriques d'Énergie Nouveau-Brunswick et de la centrale nucléaire de Point Lepreau, une fois que sa réfection sera terminée, en 2011. La société québécoise achète aussi les infrastructures de distribution et de transport du Nouveau-Brunswick.
Hydro-Québec n'assume toutefois aucune responsabilité quant au projet de réfection de Point Lepreau.
Le gouvernement Graham précise que sa société va demeurer une entité néo-brunswickoise distincte. Son siège social sera à Fredericton et elle conservera sa raison sociale et son identité propre. Hydro-Québec offrira un emploi à tous les salariés d'Énergie Nouveau-Brunswick au moment de la conclusion de l'entente et elle entend respecter les conventions collectives en vigueur.
Le premier ministre Jean Charest annonce aussi l'ouverture de discussions avec le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard dans le but de conclure une entente similaire.
La ministre des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, Nathalie Normandeau, et le ministre de l'Énergie du Nouveau-Brunswick, Jack Keir, étaient présents au moment de cette annonce. Ils étaient accompagnés de David Hay et de Thierry Vandal, respectivement PDG d'Énergie Nouveau-Brunswick et d'Hydro-Québec.
Éponger la dette
Énergie Nouveau-Brunswick pourra ainsi éponger sa dette d'environ 4,8 milliards de dollars. Cette somme représente 40 % de la dette totale de la province, qui diminuera à 8,2 milliards de dollars à la conclusion de l'entente.
En échange, Hydro-Québec s'engage à geler les tarifs résidentiels au Nouveau-Brunswick, qui sont actuellement 60 % plus élevés qu'au Québec, pour cinq ans. Ils seront indexés au coût de la vie par la suite. La société d'État s'engage aussi à abaisser de 20 %, au niveau actuel du Québec, les tarifs des entreprises néo-brunswickoises. La valeur de ces mesures est évaluée à 5 milliards de dollars.
L'avantage pour Hydro-Québec est l'acquisition d'une nouvelle voie d'accès au marché des Maritimes et, particulièrement, au marché des États de la Nouvelle-Angleterre. La société québécoise gagne aussi 370 000 abonnés.

Selon Pierre-Olivier Pineau, spécialiste en politique énergétique et professeur agrégé à l'École des hautes études commerciales à Montréal, la vente d'Énergie Nouveau-Brunswick à Hydro-Québec serait avantageuse pour les Néo-Brunswickois.
« Le premier, c'est de résoudre des problèmes d'approvisionnement qui étaient un véritable casse-tête au niveau du secteur de l'électricité, et les problèmes avec la centrale nucléaire, qui prend énormément d'argent à être remise à niveau. Donc, le gouvernement peut se débarrasser de ces problèmes-là en ayant un approvisionnement garanti par Hydro-Québec et n'ayant plus à gérer ces soucis d'approvisionnement. Un souci de moins à un prix qui va être au moins aussi bon, sinon meilleur, que le prix actuel », explique Pierre-Olivier Pineau.
Consternation à Dalhousie

La centrale thermique d'Énergie NB à Dalhousie (archives).
Le Nouveau-Brunswick va demeurer propriétaire des centrales thermiques de Coleson Cove et de Belledune, qui fourniront de l'électricité à Hydro-Québec. Toutefois, la centrale de Dalhousie sera progressivement fermée. La nouvelle a suscité la consternation dans cette petite ville du nord du Nouveau-Brunswick.
Le maire de Dalhousie, Clem Tremblay, s'est dit atterré par la transaction entre Hydro-Québec et Énergie Nouveau-Brunswick. « Aujourd'hui, dans les 104 municipalités de la province du Nouveau-Brunswick, c'est encore la ville de Dalhousie qui en souffre le plus », a-t-il dit.
Le maire Tremblay a déjà exprimé de l'inquiétude à propos de cette centrale qui emploie environ 90 travailleurs. En plus de ces emplois, l'installation représente des revenus fiscaux annuels de 1,6 million de dollars pour la municipalité.
Le maire a expliqué que si cette centrale devait fermer, les effets seraient catastrophiques pour l'économie locale. Dalhousie a été durement frappée ces dernières années par la fermeture d'une papetière d'AbitibiBowater.
Terre-Neuve court-circuitée
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, a critiqué la transaction conclue jeudi, estimant que les Néo-Brunswickois ont renoncé à leur avenir.
Le premier ministre Shawn Graham a voulu rassurer la collectivité de Dalhousie en expliquant que son gouvernement est à la recherche d'occasions d'affaires pour cette région.
L'opposition réclame des élections
Le chef de l'opposition officielle au Nouveau-Brunswick, le progressiste-conservateur David Alward, demande au premier ministre Graham de déclencher des élections qui porteraient sur la vente de la société de la Couronne. Il menace de retarder l'adoption de cette entente à l'Assemblée législative en cas de refus.

David Alward
M. Alward affirme que l'entente est injuste, car elle accorde une réduction de tarifs aux entreprises, mais non aux autres consommateurs.
Le Nouveau-Brunswick tient toutefois des élections à jours fixes. Les électeurs ne sont censés être appelés aux urnes que le 27 septembre 2010.
Shawn Graham affirme que la population pourra s'exprimer autrement que par un vote. Il explique que la question sera débattue à l'Assemblée législative. De plus, un comité multipartite sera formé pour étudier l'entente.
L'entente de principe conclue par les deux provinces sera soumise à l'approbation de l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick et de l'Assemblée nationale du Québec.
Hydro-Québec fournit déjà plus du tiers de l'énergie consommée au Nouveau-Brunswick.
Avec les informations de La Presse canadienne