Les Ontariens élisent un gouvernement libéral minoritaire

Le chef libéral de l’Ontario Dalton McGuinty, et son épouse Terri, au quartier général du parti, à Ottawa, le 6 octobre 2011.
Photo : La Presse canadienne / Fred Chartrand
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les libéraux de Dalton McGuinty ont remporté les élections pour une troisième fois de suite en Ontario. Avec 53 sièges, il perdent toutefois leur majorité à l'assemblée législative.
Les conservateurs ont fait des gains et remportent 37 sièges. Les néo-démocrates aussi augmentent leur représentation avec 17 sièges.
Nous avons réussi notre pari.
Nous ferons route ensemble, a déclaré M. McGuinty lors de son discours après l'annonce de sa victoire, « pour améliorer l'éducation, qui constitue les bases d'une économie prospère dans notre monde concurrentiel ». Le chef s'est engagé à prodiguer des soins de qualité à chaque Ontarien et Ontarienne.
Promettant de faire la route à la « façon ontarienne », en aidant les gens « quand il pleut et quand il fait soleil », Dalton McGuinty a refusé d'être cynique ou négatif dans l'adversité.
La seule allusion à la force de ses adversaires en regard du résultat, qui place sa formation à un siège de la majorité, a été pour dire qu'il avait entendu le message de la population, qui le veut à l'écoute, « travaillant plus fort ».
Au cours de cette très longue soirée, alors qu'oscillaient les chiffres des sièges en ballottage et que se profilait le spectre d'un gouvernement libéral minoritaire, le premier en 25 ans, les acteurs de la scène politique en présence se sont montrés prudents sur la suite des choses.
Parlons pourcentages
En terme de suffrages, en 2007, les libéraux avaient récolté 42,3 % des votes, les conservateurs 31,6 % et les néo-démocrates, 16, 8 %.
Les résultats du 6 octobre indiquent que les libéraux obtiennent 37,5 % des suffrages exprimés, les conservateurs 35,3 et le NPD 22,9%.
Par contre, les chiffres préliminaires du taux de participation de l'électorat ne frôlent pas la barre des 50 %.
Greg Sorbara, coprésident de la campagne libérale (et réélu dans sa circonscription), a déclaré en soirée à l'antenne de Radio-Canada : « Toute la province est en faveur de ce que propose Dalton McGuinty ». Il a ajouté : « Nous avons la responsabilité de continuer au parlement », et il s'est dit prêt à travailler avec n'importe qui.

Le chef libéral, Dalton McGuinty, vote à Ottawa.
Photo : La Presse canadienne / PC-Sean Kilpatrick
Dalton McGuinty, en bref
56 ans, marié et père de 4 enfants
Avocat de formation
Député dans Ottawa-Sud depuis 1990
Chef du Parti libéral depuis 1996
24e premier ministre de l'Ontario, au pouvoir depuis 2003
Dalton McGuinty est le troisième premier ministre francophone hors Québec de l'histoire du Canada (après Louis Robichaud et Bernard Lord, premiers ministres du Nouveau-Brunswick de 1960 à 1970 et de 1999 à 2006, respectivement).
Une campagne âpre
Les enjeux de ce scrutin étaient de taille, alors que la province tente de se relever d'une récession qui a touché durement son économie et ses citoyens.
Les Ontariens devaient ainsi se doter d'un gouvernement qui aura à s'attaquer à un déficit budgétaire de 14 milliards de dollars.
Toronto, la mère de toutes les batailles, ne vire pas au bleu

Le chef conservateur, Tim Hudak, avait concentré ses efforts du dernier droit dans les régions de Toronto et de Niagara.
Selon les analystes, ces circonscriptions, particulièrement dans la banlieue de Toronto, devaient jouer un rôle déterminant quant à l'issue du vote parce que les libéraux et les conservateurs s'y livraient une lutte serrée. Mais en milieu de soirée, ces espoirs conservateurs ne semblaient pas en passe de se réaliser.
En fait, la soirée a été assez décevante pour le chef conservateur, qui n'a pas concrétisé ses espoirs, avec moins de 40 candidats élus ou en avance, malgré un certain gain au final par rapport à 2007. Le chef conservateur a concédé la victoire à son adversaire, mais il a parlé d'un gouvernement sous surveillance.
Les électeurs ont envoyé un message clair à chaque leader. Ils veulent savoir qu'on les écoute.
Stabilité à Ottawa
Le scénario de 2007 s'est répété dans la grande région d'Ottawa. Les électeurs des sept circonscriptions ont encore une fois voté pour le statu quo.
Pas de vague orange, mais des gains au NPD... et un poids nouveau
Le Nouveau Parti démocratique a augmenté son score au final, bien que la vague déferlante espérée dans le sillage des élections fédérales du printemps ne se soit pas concrétisée.
La chef Andrea Horwath est apparue satisfaite en fin de soirée et prête à peser de tout le poids de ses élus dans le paysage politique naissant, celui d'un gouvernement minoritaire en quête d'appuis pour concrétiser son programme.

Nous nous attendons à ce que vous travailliez ensemble et je suis prête à le faire.
Les Verts
Par contre, la prestation des Verts est demeurée modeste. Environ 3 % des voix exprimées sont tombées dans leur escarcelle et ils ne comptent aucun élu.
Une campagne ardue
Pendant un mois, les différents chefs ont sillonné la province dans une campagne intense, parfois acrimonieuse. Le chef conservateur, Tim Hudak, et la chef du NPD, Andrea Horwath, cherchaient à empêcher leur adversaire libéral d'entrer dans l'histoire avec un troisième mandant, imitant ainsi l'ancien premier ministre Leslie Frost.
Pendant le débat des chefs mais aussi en campagne, ils ont attaqué le bilan libéral, plus spécifiquement sur ce qu'ils qualifiaient de promesses brisées dans le domaine des charges fiscales et du coût de l'énergie, mais aussi de la santé et de l'éducation. Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a même mis son grain de sel dans la course, invitant les citoyens à ne pas voter libéral.
Évolution du taux de participation des électeurs
58,3% des Ontariens se sont rendus aux urnes en 1999
56,9% des Ontariens se sont rendus aux urnes en 2003
52,1% des Ontariens se sont rendus aux urnes en 2007
En tout, 107 sièges de députés de l'Assemblée législative de l'Ontario auront été pourvus, au soir de ces 40e élections générales dans la province.
À la dissolution de la Chambre, les libéraux en détenaient 70, les conservateurs, 25 et les néo-démocrates, 10.
Queen's Park comptait 2 sièges vacants.