Des juristes en toge manifestent contre la loi 78

Manifestation de juristes contre la loi 78
Photo : Olivier Bachand
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Plusieurs centaines de juristes ont uni leur voix au concert des opposants de la loi 78. Pas de casseroles ou de slogans, cependant, pour ces jeunes juristes, qui ont choisi de marcher en silence.
Les participants, des avocats et notaires comptant moins de 10 ans de barreau, se sont retrouvés devant le palais de justice de Montréal vers 18 h 30 pour une marche silencieuse qui les a menés à la place Émilie-Gamelin, deux heures plus tard.
Ils sont vêtus de la toge afin, disent-ils, « de rappeler la dignité inhérente à [leur] profession et au système de justice fondé sur la primauté du droit et le respect des libertés fondamentales ».
En entrevue à RDI, l'avocate Marylène Robitaille, l'une des personnes à l'origine de cette inititiative, a expliqué qu'il était important pour les juristes d'exprimer leurs inquiétudes devant des « dispositions de la loi assez restrictives » en matière de liberté d'expression, d'association et de manifestation pacifique.
Elle trouve notamment « problématique » l'obligation de signaler aux corps policiers toute manifestation d'au moins 50 personnes huit heures à l'avance, qui « empêche toute manifestation spontanée ».
Cette préoccupation avait d'ailleurs été soulevée en entrevue, quelque heures plus tôt, par un autre des instigateurs de la marche :
Imaginez les tam-tams du mont Royal, techniquement c'est illégal. Les amuseurs publics dans le Vieux-Port, techniquement c'est illégal. Quand les Italiens ou les Portugais remportent une victoire à l'Euro et qui vont spontanément descendre dans la rue, ça aussi c'est illégal. Alors, on s'attaque vraiment à tous les droits des citoyens.
Me Robitaille précise que ses collègues veulent aussi signifier leur préoccupation devant la perte de confiance d'un nombre croissant de citoyens envers les institutions démocratiques - parlementaires ou judiciaires - à la suite de l'adoption de la loi 78 visant à mettre fin au conflit étudiant.
L'avocate et ses collègues déplore également que la loi tienne les associations et même les fédérations étudiantes « responsables des actes de leurs membres » qui contreviendraient à la loi, une disposition qui n'est pas sans conséquences. Le gouvernement « a un droit de couper leurs cotisations, de leur retirer leur local, leurs meubles », a-t-elle expliqué.
« On parle de regroupements « qui représentent des membres, mais qui ne les contrôlent pas », a ajouté Me Robitaille, faisant un parallèle avec les syndicats.
Par ailleurs, en tant qu'officiers de justice, certains promettent de se loger aux premières lignes du combat pour invalider les dispositions de la loi spéciale qui leur semblent incompatibles avec la Constitution et les chartes des droits.
Les jeunes juristes devaient lire un communiqué avant de céder le flambeau à d'autres manifestants qui partiront du même lieu pour la 35e marche nocturne.
Les juristes ont observé strictement la loi en remettant leur itinéraire aux policiers montréalais huit heures à l'avance.
Avec les informations de La Presse canadienne