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Affaire Noir Canada : Écosociété et Barrick Gold règlent à l'amiable

Un mineur dans une mine d'or

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Radio-Canada

Les éditions Écosociété annoncent la fin de la publication du livre Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique, paru en 2008 en affirmant être parvenues à un règlement à l'amiable avec l'une des parties dans le litige qui les oppose à la minière Barrick Gold.

« Avec ce règlement, les Éditions Écosociété et les auteurs de Noir Canada comptent également se dégager d'un procès de 40 jours et de multiples procédures représentant en soi des coûts financiers, humains et moraux colossaux », peut-on lire dans un communiqué des éditions Écosociété mardi.

« Ce retrait ne saurait en rien constituer un désaveu du travail des auteurs, Delphine Abadie, Alain Deneault et William Sacher, ou de l'éditeur. En quelques années d'existence, Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique aura rejoint des milliers de lecteurs », affirment les éditions Écosociété, ajoutant qu'elles restent convaincues que l'ouvrage méritait d'être publié.

Le règlement entre les deux parties précise que Écosociété « a effectué un paiement significatif » à Barrick Gold, dont le montant n'a pas été divulgué. De plus, le document stipule que les « auteurs reconnaissent qu'ils n'ont pas de preuve d'implication de Barrick en Tanzanie en 1996 ».

De son côté, Barrick Gold « reconnaît que la thèse des auteurs (...) à l'effet que la présence de plusieurs ressources minérales, dont l'or, au Congo était un des principaux motifs à l'origine des conflits dans ce pays et que la présence de compagnies minières transnationales dans une région en guerre, telle les Grands Lacs africains peut avoir des conséquences imprévues et sérieuses ».

Poursuite de 6 millions de dollars

La minière canadienne avait intenté une poursuite de 6 millions de dollars en 2008 contre Écosociété et les auteurs de Noir Canada.

Le livre rend compte d'abus qu'auraient commis des sociétés minières canadiennes en Afrique. Les allégations à l'origine du litige portent sur la mort présumée de mineurs artisanaux d'une mine d'or située à Bulyanhulu, en Tanzanie, environ deux ans avant que la société aurifère en devienne propriétaire, en 1999.

Barrick Gold, la plus importante société aurifère du monde, soutenait que les allégations étaient « fausses et diffamatoires ».

Selon la requête déposée en décembre 2010, Écosociété et les auteurs alléguaient que la poursuite était « une procédure manifestement mal fondée, frivole et dilatoire, et qu'elle a pour effet de limiter la liberté d'expression des défendeurs dans le contexte de débats publics ».

Ils demandaient au tribunal de déclarer abusive la poursuite de la multinationale, en vertu des dispositions du Code de procédure civile adoptées en 2009 pour empêcher les poursuites-bâillons.

Le 12 août dernier, la juge Guylaine Beaugé de la Cour supérieure du Québec concluait dans un jugement que la poursuite représentait une apparence d'abus et demandait à Barrick Gold de verser aux auteurs 143 000 $ pour frais encourus. Les parties étaient censées revenir en cour pour le début du procès en septembre.

Autre poursuite

La minière ontarienne Banro poursuit également les éditions Écosociété et les auteurs de Noir Canada pour 5 millions de dollars, mais devant la Cour supérieure de l'Ontario. Le 25 mars, la Cour suprême a entendu la requête de la maison d'édition et des auteurs, qui veulent rapatrier au Québec la poursuite. Elle n'a pas encore rendu sa décision.

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