Effets pervers d'un accord

Prenez note que cet article publié en 2008 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une enquête de Radio-Canada montre que des milliers d'étudiants français se prévalent d'un accord de coopération entre la France et le Québec pour venir étudier au rabais dans les universités anglophones québécoises.
Selon une enquête menée par Radio-Canada, de plus en plus d'étudiants français viennent étudier au Québec en anglais, et ce, en bénéficiant d'un accord entre le Québec et la France. Or, ces étudiants suivent leurs études en partie aux frais du gouvernement québécois.
En vertu de cet accord de coopération signé en 1978 pour « consolider le fait français au Québec », les étudiants français peuvent venir étudier au Québec pratiquement au même tarif que les étudiants québécois. Ce qui représente des économies appréciables pour ces étudiants étrangers. Mais, 30 ans plus tard, cet accord révèle un effet pervers.
L'attrait de l'anglais étant ce qu'il est, les étudiants français sont de plus en plus nombreux à s'inscrire dans les universités anglaises du Québec. Ce qui leur permet d'économiser des milliers de dollars en frais de scolarité qu'ils devraient autrement payer dans les universités américaines ou canadiennes anglaises.
Entente de réciprocité
Cette entente de réciprocité entre le Québec et la France est une véritable mine d'or pour les Français qui veulent faire leurs études universitaires en anglais. Pour un Français, le Québec est actuellement l'endroit au monde le moins cher pour étudier en anglais.
« Mon père m'a dit: "t'es un idiot si tu penses même aller aux États-Unis, car tes quatre ans [au Québec], ils te coûteront un an à peu près aux États-Unis et tu pourras t'amuser beaucoup plus qu'aux États-Unis " », affirme Denis Roubinet, qui étudie en anglais au Québec.
Les universités québécoises anglophones ont aussi flairé la bonne affaire. Dans sa publicité en France, l'Université McGill va jusqu'à promettre « un environnement 100 % anglophone à faible coût ».
L'entente est à ce point intéressante pour les Français qu'ils sont aujourd'hui plus nombreux à venir étudier en anglais au Québec que les Québécois qui partent étudier en France.
Le gouvernement entend prendre des mesures
À Québec, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, se dit préoccupée et songe à renégocier les termes de cet accord de coopération.
« C'est un phénomène qui ne se vivait pas il y a 30 ans, au moment de la signature de l'entente. Est-ce que cette entente-là doit être revue et corrigée? Très certainement. Il y a possiblement des travaux qui vont s'amorcer dans ce sens-là au cours des prochains mois », déclare Mme Courchesne.
La ministre n'a toutefois pas précisé quels types de changement elle souhaitait apporter dans une éventuelle révision de l'accord.