Jean-François Plante se rétracte

Prenez note que cet article publié en 2007 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le candidat adéquiste dans Deux-Montagnes fait son mea-culpa après ses déclarations controversées sur l'équité salariale et les femmes. Mario Dumont se dissocie de ses propos, tandis que Jean Charest réclame sa démission.
Devant les nombreuses réactions suscitées par ses déclarations sur l'équité salariale et les femmes, le candidat adéquiste dans Deux-Montagnes, Jean-François Plante, a fait son mea-culpa dans un communiqué émis lundi.
Dimanche, M. Plante a remis en question l'équité salariale pour les employées de l'État sur son blogue personnel. Il a aussi dénoncé la politique de Québec voulant que la moitié des personnes siégeant aux conseils d'administration des sociétés d'État soient des femmes.
Le 6 décembre dernier, jour de commémoration de la tuerie de Polytechnique, M. Plante aurait également refusé de porter le ruban blanc, symbole d'appui aux familles des victimes. Selon lui, les politiques d'action positive pour les femmes entraînent de la discrimination à l'endroit des hommes.
« [...] Je tiens à préciser que concernant le dossier de l'équité salariale, j'adhère et ai toujours adhéré pleinement aux principes du "travail égal à salaire égal" et que, conséquemment, c'est sans condition que je supporte l'actuel programme d'équité salariale », écrit-il.
M. Plante reconnaît que ses propos ont pu être critiques, mais se défend d'attaquer le principe même de l'équité salariale.
[Dans] la fonction publique québécoise, il y a plus de femmes que d'hommes, et comme si ce n'était pas assez, on fait encore des mesures pour faire entrer davantage de femmes. On fait un genre d'apartheid où on bloque les hommes.
À propos de la violence envers les femmes, le candidat adéquiste affirme qu'« en aucun temps [il] n'a eu l'intention de banaliser cette dramatique réalité, pas plus en parlant du drame de Polytechnique que de tout autre événement tragique. »
M. Plante considère qu'il s'agit d'un fléau que « nous avons tous le devoir de combattre et de dénoncer. C'est pourquoi je condamne toute violence, que les victimes en soient des femmes, des enfants ou des hommes. »
Jean-François Plante s'excuse et réitère son adhésion profonde aux principes de l'égalité des personnes et de la non-violence. Il réaffirme aussi son adhésion entière au programme et à la philosophie de l'ADQ.
Mario Dumont se dissocie
Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, a dû encore une fois s'expliquer sur les propos controversés d'un des candidats du parti.
Interrogé sur le sujet, M. Dumont a dit que l'équité salariale était là pour rester et qu'il n'était pas question de revenir là-dessus. Il a aussi affirmé que l'ADQ ne « banalisait » pas les questions de violences faites aux femmes. Il a rappelé cependant que ces derniers propos de M. Plante n'avaient pas été tenus pendant la campagne, mais qu'il s'en dissociait tout de même totalement.
Le chef adéquiste en a profité pour répliquer à la stratégie libérale qui consiste à fouiller dans le passé des candidats adéquistes afin d'y trouver des éléments susceptibles de déstabiliser le parti.
Selon lui, la stratégie libérale vise à masquer la réalité et à faire oublier les mauvais coups du gouvernement sortant. Il a ainsi reproché à la députée de Matane, Nancy Charest, d'avoir « négligé son monde ». Pour appuyer ses propos, il a affirmé que la députée n'était pas au courant d'une fermeture d'usine à Cap-Chat qui a mis 50 personnes à pied.
En fin de journée, M. Dumont a ajouté qu'« il y a au Québec des animateurs de radio qui discutent ferme et c'est un métier. Mais faire de la politique et vouloir représenter un comté, c'est un autre métier, et c'est dans celui-là maintenant que M. Plante est et il le comprend très bien. »
Le chef adéquiste en a profité pour dénoncer la stratégie libérale qui, à son avis, consiste à fouiller dans le passé des candidats adéquistes afin d'y trouver des éléments susceptibles de déstabiliser l'ADQ.
On a des ministres qui gèrent mal, des députés qui ne se sont pas occupés de leur monde, et un premier ministre qui a trahi sa parole pendant quatre ans. Moi, je vais m'occuper de discipliner nos candidats. Que Jean Charest réponde de quatre ans d'un gouvernement qui n'a pas répondu aux besoins des Québécois.
Dimanche, M. Dumont avait contredit son candidat dans Montmagny-L'Islet, Claude Roy, qui avait déploré le système de contrôle des armes à feu mis en place par le gouvernement fédéral libéral de Jean Chrétien. Le chef adéquiste avait alors indiqué que, contrairement aux propos tenus par M. Roy, son parti était en faveur du contrôle des armes à feu.
Charest condamne les propos
En point de presse au quai Agésilas-Lepage, à Saguenay, le chef libéral Jean Charest a qualifié les propos de M. Plante « d'extrêmement graves ». Il l'a accusé de banaliser la tragédie de Polytechnique, ce qui est encore plus grave depuis la récente fusillade au Collège Dawson, selon M. Charest.
« À mes yeux, ce candidat devrait non seulement être discipliné, il devrait démissionner, si c'est cela le fond de sa pensée », a déclaré le chef libéral.
Lors d'un discours à Gatineau en fin de journée, M. Charest en a rajouté en faisant un décompte de dix citations douteuses de la part de dix candidats adéquistes. Ces propos n'ont pas été tous tenus toutefois dans le cadre de la campagne.
Mario Dumont s'est lui aussi prêté au jeu, en rappelant que les déclarations étranges n'étaient pas l'exclusivité de l'ADQ. « Il y a eu un candidat libéral qui a dit [lors du scrutin de 1998] que les Hells Angels étaient du bien bon monde et M. Charest l'a gardé jusqu'à la dernière journée. Alors pour les leçons de Jean Charest, et bien mon oeil! », a lâché M. Dumont.
De son côté, la candidate péquiste dans Terrebonne, Jocelyne Caron, a qualifié les propos de M. Plante d'inacceptables. Mme Caron était la porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine avant la dissolution de l'Assemblée nationale.
« En 2007, d'entendre des propos comme ceux-là, c'est catastrophique. Quand on dit que la lutte pour une égalité de fait pour les femmes n'est pas [finie], je pense que ça le démontre clairement », a déclaré Mme Caron.