Affaire des appels trompeurs : sur la trace de Pierre Poutine

Photo : Élections Canada
Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un des téléphones utilisés dans le stratagème des appels trompeurs à Guelph, en Ontario, appartenait à un dénommé Pierre Poutine, habitant rue des Séparatistes, à Joliette, selon des documents de cour liés à une enquête menée par Élections Canada (nouvelle fenêtre).
Le numéro de téléphone cellulaire a été activé le 30 avril dernier, soit deux jours avant le scrutin. Des appels ont ensuite été effectués de ce numéro vers RackNine, une centrale téléphonique privée d'Edmonton, embauchée par le Parti conservateur et au coeur de la controverse.
Selon l'enquêteur d'Élections Canada, Al Mathews, Pierre Poutine est de toute évidence une fausse identité destinée à brouiller les pistes, utilisée par la personne qui est à l'origine des appels à Guelph. Un restaurant de Guelph s'appelle Pierre's Poutine.
Selon les documents de la cour, ce numéro a été utilisé pour appeler l'entreprise RackNine à deux reprises, soit le 30 avril et le 1er mai, à la veille du jour du vote.
Les relevés téléphoniques feraient aussi état de 31 appels entre le bureau du candidat conservateur de Guelph, Marty Burke, et RackNine, entre les mois de mars et de mai 2011.
Il n'a toutefois pas été démontré que le Parti conservateur a demandé à RackNine, ou à une autre entreprise, de faire ces appels. Tout au plus, ces relevés démontrent qu'il y a des liens et des appels entre des conservateurs et cette entreprise, dont les services sont légaux.
Quant à l'entreprise RackNine, elle a confirmé que quelqu'un avait utilisé son service pour faire les appels trompeurs. Mais elle affirme qu'elle n'a rien fait de mal et qu'elle collabore pleinement à l'enquête d'Élections Canada et à celle de la police.
Affaire des appels trompeurs
Des électeurs de nombreuses circonscriptions ont signalé avoir reçu lors du dernier scrutin en 2011 des appels leur indiquant un changement de bureau de vote, alors que cela n'était pas le cas. D'autres ont indiqué avoir reçu des appels partisans à répétition ou à des heures inappropriées.
Des munitions pour l'opposition
Ces informations ont fourni des munitions mardi aux députés de l'opposition en Chambre.
« Pierre Poutine, de la rue Séparatiste à Joliette, a acheté des téléphones jetables pour frauder les électeurs lors de la dernière campagne. (...) Ce numéro de téléphone est relié à RackNine, la firme de télémarketing des conservateurs. Si vous voulez nous aider : [dites-nous] qui se cache derrière Pierre Poutine », a lancé Robert Aubin, député néo-démocrate de Trois-Rivières.
« C'est facile pour l'opposition de lancer un jour après l'autre les allégations. Mais pour une fois, elle devrait fournir les preuves directement à Élections Canada », a répondu Pierre Poilievre, député conservateur de Nepean-Carleton.
Le chef par intérim du Parti libéral, Bob Rae, continue de son côté de réclamer que les conservateurs fassent toute la lumière sur cette affaire.
« C'est très simple et direct. C'est le gouvernent qui a l'information sur tous ces contrats. (...) Ils ont toute cette information et n'ont aucune raison de la cacher », a-t-il dit lors d'un point de presse à la sortie de la Chambre.
Le premier ministre Stephen Harper continue quant à lui de prétendre que l'opposition mène une campagne de salissage et demande des excuses.
Mardi, le président de la Chambre a refusé la demande des libéraux de tenir un débat spécial au sujet des appels électoraux.
Les députés ont par ailleurs adopté à l'unanimité une motion néo-démocrate demandant à tous les élus qui détiendraient des informations au sujet d'appels trompeurs de les transmettre à la Gendarmerie royale du Canada ou à Élections Canada.
Avec les informations de La Presse canadienne, Ottawa Citizen et Globe and Mail